CHAPITRE 3 - Céleste

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- CÉLESTE -

Un jour, on vit notre petite vie tranquille dans notre coin, et le lendemain, plus rien n'est comme avant. C'est ce qu'il s'est passé le jour où j'ai rencontré Côme Lanvin. J'ai toujours vécu ma vie de mon côté, divisée entre ma mère et les amants qu'elle tente de me dissimuler, et Amélia, ma seule amie depuis l'enfance. La seule à ne m'avoir jamais laissé tomber. Il y a des évènements qui vous changent indéfiniment, et depuis cette époque, je crois que je n'ai plus jamais été la même.

— Céleste ?

— Hmm...

— Réveille-toi, on va être en retard, me secoue ma meilleure amie.

J'ai dormi chez Amélia cette nuit. Je n'avais pas vraiment envie de rentrer et ses parents sont super. C'est un peu comme une deuxième famille, ils ont toujours été là pour moi.

— Est-ce qu'on est vraiment obligées d'y aller ?

— Tu sais bien que oui. Allez, lève-toi.

— Je n'ai pas envie, Amélia. Vraiment, vraiment pas, me lamenté-je.

Elle s'assoit sur le lit, juste à côté de moi qui suis roulée en boule sous la couette, et me caresse doucement la tête.

— Je hais cet endroit, ce lycée et toutes les personnes de malheur qui s'y trouvent.

— Je sais, Céleste, mais c'est bientôt la fin. Dans huit mois tu seras enfin débarrassée de tout ça. Tu pourras tout oublier et passer à autre chose.

Je plante mes yeux dans les siens.

— Je ne suis pas certaine de pouvoir un jour oublier, lui avoué-je.

Elle lâche un soupir, sans doute parce que nous avons déjà eu cette discussion tant de fois auparavant. Parce que ma réaction est toujours identique, malgré les années qui ont passé. Mais c'est qu'elle a du mal à comprendre que même dans dix ans, je me souviendrai encore de cet établissement. De mes années collège et lycée qui s'y sont enchaînées, sans pouvoir en changer. Sans que quiconque ne bouge un seul petit doigt pour améliorer la situation.

Mais j'imagine que personne ne peut réellement comprendre.

Pourtant, Amélia est comme une sœur à mes yeux. Nous avons tout fait ensemble, tout vécu, même le pire, alors parfois, elle sait ce que je ressens mieux que moi.

— Je sais très bien que tu es effrayée, mais il faut que tu surmontes cette peur, sinon elle continuera de te bouffer la vie.

— Je n'ai pas peur, déclaré-je en m'extirpant rapidement des draps.

Mon amie ne répond rien, certainement parce qu'elle sait déjà ce qu'il en est.

Elle est bien plus raisonnable que moi, mais j'ai tant de fois réussi à la traîner dans mes plans foireux, que je reste persuadée qu'elle aime ça aussi. Pourquoi resterait-elle si ce n'était pas le cas ? Pourquoi continuerait-elle à me supporter ?

— Tu veux prendre la douche en premier ? demande-t-elle pour changer de sujet.

— Non, vas-y, je la prendrai ce soir.

Elle hoche la tête avant de s'engouffrer dans le couloir, ses habits dans les bras.

Un fois Amélia sortie de la chambre, je souffle un coup en me laissant tomber sur le lit. Puis je me relève et récupère mon jean bleu et mon chemisier fluide blanc, que j'enfile rapidement. Je m'observe un instant dans le miroir en pied posé à côté de la penderie. Je hais ce pantalon.

Les astres brilleront toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant