0 : Être éternel insatisfait

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(10.09) ¿?

ON SE VOIT CE WEEK-END ? (-Clare)

...

Justin se trouvait fascinant.

Il avait vingt-deux ans dans deux mois, une copine, un tas d'amis, des études plus ou moins potables, et voilà qu'il arrivait à tout foutre en l'air, tout seul. Il n'avait pas la thune pour fêter dignement son anniversaire, il voyait Clare de moins en moins, ses amis avaient tous leur lot de problèmes et ses études étaient finalement loin de le passionner.

En fait, Justin trouvait sa capacité à ne jamais être satisfait totalement fascinante. Et supra chiante, aussi.

La tête calée sur son siège, ses écouteurs dans les oreilles, il ne réfléchissait à rien. S'il fallait bien savoir une chose sur Justin, c'est qu'il ne se posait pas de questions : il n'était pas du genre à réfléchir sur sa vie pendant des heures avant de s'endormir, ni du genre à préparer les choses à l'avance. Justin vivait chaque jour petit à petit, avec une furieuse envie d'en découdre avec la vie. Et pour l'instant, ça lui suffisait.

Le métro s'immobilisa enfin, et Justin poussa un soupir en voyant tous les gens de sa rame se précipiter à l'extérieur en se poussant de toutes parts. Bon sang ce qu'il détestait ces gens pressés sans foi ni loi.

Quand la sortie se dégagea, il se leva et aperçut les portes en train de se fermer. Paniqué, il se jeta entre les portes pile au bon moment, et atterrit sain et sauf sur le quai.

-Idiot ! Tu veux te faire tuer ?

Justin sursauta, puis un immense sourire mangea son visage à l'entente de cette voix qu'il reconnaissait entre mille, et ce depuis ses sept ans.

Clare s'approcha de lui et le serra contre elle, visiblement heureuse de le voir aussi. Ils s'embrassèrent rapidement, puis il commenta en se reculant :

-Je t'avais dit de pas venir me chercher.

-Oui, mais moi je t'avais dit que je viendrais.

Il fronça les sourcils, décontenancé par sa fermeté. Clare était plutôt du genre à laisser couler, à s'adapter. Elle détestait le conflit et préférait prendre sur elle plutôt que de créer des tensions. Mais en ce moment, elle commençait à s'affirmer à prendre confiance en elle. Justin aimait se dire que peut-être était-ce un tout petit peu grâce à lui.

-J'aime pas quand tu sors toute seule la nuit, dit-il en l'embrassant sur la tempe, son bras autour de ses épaules.

La blonde ne répondit pas et garda les yeux rivés sur ses Doc Martens, ce qui était assez mauvais signe.

-Quoi, t'es pas venue seule ? demanda Justin en plissant les yeux.

Il ne lui suffit que de soutenir son regard quelques secondes et Clare craqua, fidèle à elle-même.

-Sofiane m'a accompagnée, dit-elle en se mordant la lèvre.

-Ah ouais, Sofiane ? répéta Justin d'un air mauvais en se détournant. Il n'avait rien de mieux à faire, genre peaufiner sa recette de couscous ?!

Clare fit la moue à l'évocation -encore- de cette histoire. Elle avait eu le malheur de dire à Justin que Sofiane faisait bien le couscous -plat qu'elle adorait-, et depuis il n'arrêtait pas d'utiliser cela à toutes les sauces.

-Roh, fais pas la gueule, dit-elle en enroulant ses doigts fins autour de ceux de Justin. S'il m'avait pas conduite jusqu'à la station j'aurais pas pu être là à temps. Et regarde, ça valait le coup.

Le brun poussa un soupir et la resserra quelques secondes plus près de lui, prenant sur lui une fois de plus. Ce type était décidément infernal, et Justin n'arrivait pas à comprendre pourquoi Clare s'acharnait à traîner avec lui. Depuis le début, Justin l'avait trouvé louche. Il n'arrêtait pas de coller Clare, de la complimenter, de lui toucher les cheveux. Et même si la blonde avait affirmé qu'il était en crush sur sa copine Naomi, Justin n'arrivait pas à se faire à l'idée. Et si ce Sofiane continuait de le provoquer, il aurait du souci à se faire.

JustinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant