4 : Surmonter sa peur du noir

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(21.10) partiels dans genre trois mois & j'ai rien foutu nickel

T'ES MON AMOUREUX TOI (-Clare)

...

Quand Francisco demandait à ses potes de venir chez lui, c'était toujours un événement. Non seulement parce que ça n'arrivait jamais, mais aussi parce qu'il avait toujours des restes de bouffe que sa mère lui envoyait chaque semaine par colis. Et si une personne sur cette terre avait eu le don de cuisiner comme une déesse, c'était bien sa mère.

Aussi, chaque fois qu'ils se retrouvaient dans le minuscule deux pièces, ils s'affalaient tous sur le clic-clac -déplié à moitié, la pièce était trop petite pour le laisser en entier ET pour y caler une table à manger- et bouffaient des tapas et autres mets espagnols en essayant de limiter les dégâts sur la couette. Peut-être que si Fran ne les invitait jamais chez lui c'était pour éviter de changer ses draps à chaque fois, en fin de compte.

-Ch'est vraiment trop bon, dit Arthur entre deux bouchées d'un sandwich au chorizo.

-J'ai envoyé une photo de vous en train de vous gaver à ma mère et elle m'a répondu 'MDR ils sont fun tes cops'. Je sais plus où me mettre, dit Fran.

Justin se mit à rire avant d'enfourner une cuillère de salade de pâtes dans sa bouche. C'était tout simplement délicieux, et il ne put s'empêcher de se dire qu'il aurait bien aimé savoir cuisiner comme ça, lui aussi. Parce qu'à part du riz cramé et des pommes de terre surgelées, il ne savait pas faire grand chose.

-Ta mère est vraiment une déesse, dit Louise en fermant les yeux.

-J'approuve, dit Noam en passant un bras autour des épaules de sa copine.

Depuis quelques jours, tout était revenu à la normale entre eux. Ils essayaient d'aller de l'avant, et ils avaient compris qu'il fallait traverser tout cela ensemble. Depuis qu'ils s'étaient réconciliés, ils n'allaient plus nulle part sans l'autre. Arthur les avait même croisés aux toilettes ensemble, traumatisme dont il ne pourrait plus jamais se défaire.

Le groupe était enfin au complet, chose qui n'était pas arrivée depuis le début de l'année. Francisco l'hôte de la journée remplissait son rôle à merveille, Noam et Louise -qui ne formaient plus qu'un- étaient à moitié allongés l'un sur l'autre, Arthur mangeait comme un ogre et Audrey, la 'débile' du groupe -ne vous méprenez pas, c'est très affectif- était assise par terre, calée contre le lit.

-D'ailleurs, il fallait que je vous montre un truc, dit Francisco en se levant. Enfin, deux trucs, pour être précis.

Il fouilla dans le tiroir de sa commode et leur tendit un papier avant d'aller sur le balcon et de revenir les bras chargés.

-Oh mon dieu ! s'exclama Louise, attendrie. Ce sont des...

-Des chattes ? compléta Audrey en arquant un sourcil.

Justin leva les yeux au ciel, amusé.

-Junkie a mis bas à quatre petits cette semaine. Un gamin de l'immeuble m'en a déjà pris deux, et je voulais vous les proposer avant d'envoyer les autres je-ne-sais-comment à ma mère.

Junkie était le chat de Francisco. À son arrivée en France il y a déjà trois ans, il se sentait un peu seul dans son appartement et n'arrivait pas très bien à se faire des amis à cause de ses difficultés à s'exprimer en français. Et un soir, alors qu'il regardait paisiblement Netflix dans son canapé, il avait entendu miauler sur le balcon. Il avait alors trouvé un petit chat tout noir avec un œil en moins. Après une visite chez le vétérinaire, Fran avait compris qu'il n'avait pas de maître et avait pris cela comme un coup du destin. Il ne s'était jamais senti aussi seul et voilà qu'un chat débarquait de nulle part, comme ça ! Impossible que ça soit par hasard.

JustinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant