Justin

6 : Couper les liens

(27.11) trop de cours, trop de travail, trop de tout

J'PENSE À TOI J'PENSE À NOUS DEUX, MES SENTIMENTS EN SILENCIEUX (-Clare)

...

Depuis qu'il s'était retrouvé face à ses amis dans le magasin à parler du retour en Espagne de Fran, Justin avait changé.

Il n'arrêtait pas de se poser des questions, chose qui ne lui arrivait jamais. Il avait toujours été le genre de personnes à vivre au jour le jour sans se prendre la tête, le genre qui ne promet jamais rien parce qu'on ne sait pas de quoi sera fait demain. Il avait toujours réussi à vivre comme cela, en agissant comme bon lui semblait et sans jamais penser aux conséquences.

Mais maintenant, être naturel en la présence de ses amis était devenu difficile. Il pensait à Noam qui allait bientôt devenir papa, à Fran qui allait partir à la fin de l'année et à Arthur qui était ambigu avec sa copine. Justin était mort de trouille parce qu'il commençait à sentir que d'ici la fin de l'année, ça serait chacun pour soi.

Et Justin détestait ça.

-Ça va ?

Il releva la tête et croisa le regard inquiet de Clare posé sur lui. Elle avait beau être coiffée d'un chignon qui tenait à peine et d'un bas de pyjama, il l'a trouvait toujours magnifique. Ses longues jambes étaient emmêlées avec celles du brun, et il l'a regardait lire depuis tout à l'heure. Pas besoin d'une autre occupation, la regarder était suffisant.

-Oui, pourquoi ? demanda Justin.

-Parce que tu ne dis rien depuis tout à l'heure, dit Clare en jouant avec les doigts de son copain. D'habitude tu m'empêches toujours de lire en tenant mon bouquin trop haut pour que je puisse l'attraper, pas exemple.

Justin esquissa un sourire taquin.

-Quoi, tu te plains que je te laisse tranquille ?

-Exactement.

Ils échangèrent un regard complice et Clare referma le livre qui était encore sur ses genoux d'un coup sec avant de le poser sur la table.

-On peut s'occuper autrement sinon, dit-elle en haussant un sourcil d'un air joueur.

-Vous me chauffez, mademoiselle Faure ? plaisanta-il alors qu'elle enroulait ses bras autour de la nuque du brun.

-Alors on se vouvoie, maintenant ? rétorqua-elle avec un grand sourire, ses mains froides caressant maintenant la racine de ses cheveux.

-Je peux aussi te crier 'baise-moi salope' mais j'suis pas sûr que t'apprécies, blagua-il.

Clare explosa de rire, si fort qu'elle manqua de percer le tympan de Justin. Mais comme à chaque fois, il ne protesta pas. Il aurait fait n'importe quoi pour ce son. Il aurait fait n'importe quoi pour Clare, en fait.

Alors qu'elle riait toujours, il s'attarda un instant sur les tâches de rousseur de la blonde, sur ses lèvres qu'il connaissait par cœur, sur ses joues rebondies et son grain de beauté dans le cou. Et puis soudain, sans prévenir, une idée affreuse germa dans la tête du garçon.

Peut-être qu'un jour, cette fille ne serait plus à lui.

Pire, peut-être qu'elle serait à un autre. Qu'un autre aurait le loisir d'observer son visage d'aussi près, de connaître sa bouche aussi bien, de savoir exactement où la chatouiller pour la faire rire, d'être au courant des livres qu'elle lit, des émissions qu'elle regarde, des jours où elle fait ses courses -pire : de les faire avec elle-, et peut-être même du bruit qu'elle fait quand elle jouit.