Aurélien était en train de fouiller dans son frigo pour trouver ce qu'il allait se faire à manger lorsque la sonnette retentit dans son petit appartement. Il se tourna d'un air confus vers le couloir qui menait à la porte d'entrée, se demandant qui cela pouvait bien être. Ahélya était en train de manger chez des amies, comme toutes les semaines, afin de se retrouver entre filles, et il n'attendait personne. Il se dirigea donc d'une démarche méfiante jusqu'à la porte d'entrée et ouvrit sans prendre la peine de regarder par le judas, qui était cassé. Et tomba nez-à-nez avec Guillaume. Ce dernier portait un ensemble de jogging gris et il vit de grosses cernes sous ses yeux qui lui serrèrent le cœur. Mais son meilleur ami — ou ex-meilleur ami, il ne savait pas bien comment il devait l'appeler maintenant — avait aussi les sourcils froncés et une aura de colère qui l'enveloppait.
« Gringe...? » balbutia-t-il, surpris de le voir ici.
Cela devait bien faire un mois et demi qu'il ne l'avait pas vu. En voyant comment Guillaume se comportait lorsqu'il était présent à leurs soirées avec leurs amis, il avait décidé de venir de moins en moins jusqu'à ne plus venir du tout. Il préférait voir ses amis à d'autres moments, au studio ou bien encore chez eux, et leur avait même avoué que Guillaume lui faisait un peu peur en ce moment et que c'est pour ça qu'il avait décidé de mettre un peu de distance entre eux. Il sentait encore les mains de son ami sur ses épaules lorsqu'il lui avait crié ce qu'il ressentait à la figure, après l'avoir balancé contre le mur. Il n'était pas con. Il savait que si une dispute violente naissait entre eux deux, ce serait Guillaume qui prendrait le dessus. Il savait qu'il ne faisait pas le poids, il n'avais jamais aimé se battre de sa vie, et il n'avait surtout pas envie de commencer avec lui.
« Orel. Faut qu'on parle, dit Guillaume d'une voix grave en essayant d'entrer dans l'appartement sans lui en demander la permission auparavant.
— Attends, Gringe... cria Aurélien en s'interposant pour lui bloquer le passage.
— Pousse-toi, Orel.
— Non, je... Je veux pas te laisser entrer... »
Guillaume lui lança alors un regard confus, comme s'il ne comprenait vraiment pas pourquoi il lui refusait l'entrée de son appartement.
« Pardon ?
— Je... Je suis désolé mais... je ne veux pas te laisser entrer.
— Et je peux savoir pourquoi ? lui demanda Guillaume d'une voix rauque qui le fit frissonner.
— Parce que... Parce que tu me fais peur... »
Un silence s'installa entre les deux hommes et Aurélien déglutit difficilement en voyant l'expression de son ami passer par différents stades sans jamais s'arrêter sur une émotion en particulier : la surprise, le doute, la confusion, la colère... Finalement si, c'est sur cette dernière que son ami s'arrêta.
« Moi ? Moi, je te fais peur ?! »
Aurélien hocha la tête en silence, se sentant frissonner devant la colère émanant de son ex-colocataire.
« Tu m'as fait mal la dernière fois, Gringe... Tu t'en es pris à moi... Tu trouves ça normal ? Et dès qu'on se retrouve au même endroit tous les deux, j'ai l'impression que tu vas t'en prendre encore à moi... Pourquoi... Pourquoi t'es comme ça...? »
Guillaume resta muet, le regard dans le vide, comme s'il cherchait une réponse à sa question.
« Pourquoi... tu es là, Guillaume ? demanda-t-il et il se surprit lui-même d'appeler son ami par son vrai prénom.
— Je suis venu te parler de ta tournée... dit Guillaume qui avait froncé les sourcils à l'entente de son prénom. Tu pars avec les gars, ils m'ont dit...
— Ils te l'ont dit...? répéta Aurélien en serrant sa main autour de la poignée de la porte. Oui, c'est... Il est plus que temps qu'on parte... L'album est sorti il y trois mois déjà...
— Donc, tu vas les embarquer avec toi ?
— Je... C'est ce qui a toujours été prévu, Gringe... Dès le départ, tu le savais, non ? demanda Aurélien doucement, se doutant d'où voulait en venir son ami.
— Et moi, Orel ? T'as pensé à moi ? dit le plus vieux d'une voix basse et il le vit serrer les mains en poings. Je fais comment moi, Orel ? Sans Skread ? Sans Ablaye ? Sans producteurs...
— Je... Je suis désolé, Gringe... balbutia Aurélien, qui se mit à trembler sous les accusations de son ami. Mais... Tu avançais pas sur ton album alors... Alors on s'est dit qu'on pouvait poser la date à février... J'ai tout fait pour retarder le départ au maximum mais-
— Mais t'es qu'un putain d'égoïste, Orel. Voilà ce que t'es ! dit Guillaume en haussant la voix. Juste quand je décide de me reprendre en main, juste maintenant que je veux vraiment bosser à fond sur l'album...
— Arrête, Gringe... murmura Aurélien, qui se sentit tout à coup très fatigué. S'il-te-plaît...
— Tu penses qu'à ta gueule, Orel ! Putain, si tu savais comme j'ai la rage contre toi !! »
Aurélien écarquilla les yeux en voyant Guillaume lui cracher ces mots et ferma brusquement la porte en le voyant serrer sa main en poing, prêt à le frapper. Une seconde plus tard, il entendit le bruit de phalanges qui s'écrasent contre le bois. Il eut tout le mal du monde à empêcher la porte de s'ouvrir sous le coup malgré qu'il soit appuyé de tout son poids sur celle-ci et se dépêcha de faire coulisser le verrou. Il entendit un autre coup sur la porte et jeta un regard effrayé à la porte, ayant soudain peur qu'elle cède.
« Gringe, arrête... Calme-toi ! » cria-t-il à son ami alors qu'il tremblait de tous ses membres.
Il faisait peut-être pitié comme ça mais si quelqu'un savait de quoi Guillaume était capable quand il était énervé, c'était bien lui. Parce que trop de fois, il avait été celui qui devait le calmer. Mais cette fois, il savait qu'il n'y arriverait pas.
« Putain, Orel ! Reviens ! Faut qu'on s'explique !
— Non ! Je ne te parlerai pas tant que tu seras énervé, Gringe !!
— Reviens, bordel ! cria Guillaume de l'autre côté de la porte en bois et Aurélien secoua la tête, se laissant glisser au sol pour s'adosser à celle-ci.
— Non... Tu me fais peur, Gringe. Pour de vrai... dit Aurélien alors qu'il sentait ses larmes prêtes à s'échapper, le cœur lourd dans la poitrine.
— Je te fais peur, répéta Guillaume, la voix semblant s'adoucir imperceptiblement.
— Oui, balbutia Aurélien entre deux sanglots silencieux. Tu es devenu dangereux... Je ne veux pas... que tu m'approches quand tu es comme ça... Je ne veux pas... »
Il poussa un petit sanglot malgré lui qu'il fut certain que Guillaume entendit. Ce dernier ne dit plus rien derrière la porte et il enfouit sa tête dans ses bras croisés, par-dessus ses jambes. Il eut une pensée pour Ahélya et la remercia d'être allée chez ses amies ce soir-là pour ne pas assister à ça. Il continua de sangloter douloureusement, sans réussir à s'arrêter, et entendit soudain un petit désolé derrière la porte. Il ne fut pas certain que ces mots ne sortaient pas tout simplement de son esprit qui aimait lui jouait des tours et resta dans cette position pendant près d'une demie-heure, jusqu'à ce qu'il fut sûr et certain que Guillaume soit parti. Il n'en pouvait plus.
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Fiction OrelxGringe - Épilogue.
FanfictionGringe et Orel se séparent. Enfin, Orel décidé d'emménager hors de leur petit appartement, avec Ahelya, parce que voir Guillaume végéter à longueur de journée est trop pénible pour lui.