||𝐌𝐫. 𝐏𝐚𝐫𝐤 𝐉𝐢𝗺𝐢𝐧|| ᵖʲᵐ ˣ ʲʲᵏ

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J'avais vraiment hâte d'être lundi. Maintenant qu'on y est je ne me sens plus trop d'aller au lycée... Hier j'ai passé les trois quarts de ma journée à me morfondre, dans mon lit, devant des dramas ennuyeux et tous plus clichés les uns que les autres, que je ne regardais même pas vraiment. Je me suis tellement posé de questions que j'ai fini par m'endormir à 17 heures pour me réveiller après à 2 heures du matin. Sauf que j'ai été incapable de me rendormir. Pas besoin de faire un dessin, je suis dans un état lamentable. De toute façon, j'ai juste à éviter Monsieur Park le reste des 103 prochains jours environ et après ça je pense que je pourrais peut être au moins croiser son regard sans me sentir mal. Haha qui sait ?
J'attrape mon sac après avoir essayé de mettre un minimum mes cheveux en ordre et sort de chez moi. Je n'ai pas croisé ma mère depuis hier après-midi et je ne veux même pas savoir où elle est et ce qu'elle fait.
Je donne un tour de clef dans la porte et m'assure qu'elle est bien fermée quand la voix que je hais le plus au monde résonne si fort que j'ai l'impression que le sol en tremble.
«JUNGKOOOOOOOOOK !»
Je me crispe et attend qu'elle surgisse devant moi, ce qui ne tarde pas à arriver.
«Jungkook. Tu fous quoi depuis hier ? On ne t'as même pas vu une seule fois ! Tu aurais pu venir dire bonjour à Mark au moins ! Sale merde... En plus de ça, il va venir habiter avec nous donc la prochaine fois que tu ramènes ton cul dans cette baraque, tu viens le saluer, ingrat.»
Je dois encore être en train de dormir. C'est impossible ça. Cet homme va venir vivre... chez nous ?
«Il va... il va habiter ici...?
-T'es pas heureux ? Il pourra te claquer comme ton prof claque ton sale petit cul de salope. Ça te rappelleras de bons moments, mh ? Aller, pars, tu me donnes la nausée.»
Elle referme violemment la porte et je reste planté là, ahuri, les yeux mouillés, partagé entre la haine et la douleur. Je serre le plus fort possible mes poings pour éviter d'hurler et m'éloigne vite de cette maison que je déteste tant. Elle doit avoir raison après tout... Je suis une salope. Pour faire ce genre de rêve je suis même plus que ça, j'suis une pute. Je dois être écœurant, c'est vrai. J'essuie d'un revers de main la larme qui commençait à couler sur ma joue et rassemble tous mes efforts pour ne pas me mettre à chialer.

J'arrive après 20 minutes de marche devant le lycée. Les cris des filles surexcités qui m'énervent chaque jours ne me dérangent même pas à ce moment. La pluie qui commence à tomber non plus, ni même les remarques des gens qui se plaignent que je suis sur leur chemin. Je ne vois que lui, devant le grand portail du bâtiment, contre le muret. Il porte une fine chemise bleue ciel, un pantalon noir assez court pour voir ses chevilles et des petits mocassins. Il semble attendre quelqu'un, une cigarette à la main. Je ne savais pas qu'il fumait... Il relève la tête et croise mon regard. Je sens qu'aujourd'hui tout ne va pas se passer comme je l'aurai voulu. Il fait un petit signe de la main m'indiquant de venir le voir mais j'en suis incapable. Je suis incapable de me tenir près de lui, j'ai peur. Alors je fais quelque chose que je déteste faire... Je l'ignore. Je passe devant mon professeur, la tête baissée. Il m'appelle mais je continue mon chemin. C'est vraiment malpoli ce que je viens de faire mais je ne me sentais pas aller lui parler...

Je sors du cours de physique-chimie, qui était si ennuyant que j'ai bien failli m'endormir sur ma table. Je pensais me diriger vers le cours de maths mais malheureusement je constate sur mon emploi du temps que j'ai anglais avant. Bon. Je vais essayer de me concentrer sur le cours plutôt que sur celui qui le dirige. J'arrive devant la salle, qui se trouve dans le même bâtiment que celle de mon cours précédant et remarque que personne n'est arrivé. J'entre donc et m'installe à ma place, prenant soin de sortir chacune de mes affaires. J'entends des pas se rapprocher et me dis que ce sont sans doute le reste des élèves qui arrivent. Non. Bien sûr que non, ce serait trop simple... Il entre, une petite pile de feuilles à la main, sa pochette sous le bras. J'hésite un long moment avant de le saluer mais Monsieur Park finit par prendre les devant et me lance un petit bonjour hésitant.
«Jungkook...»
Je me tasse et tourne la tête vers la fenêtre alors qu'il s'approche doucement de ma table. Il prend une chaise se trouvant derrière lui et la positionne en face de moi avant de s'assoir dessus à califourchon, le dossier contre son torse. Je déteste ça. Je déteste être si faible.
«Tu pourrais m'expliquer pourquoi tu m'as royalement ignoré ce matin ? Je voulais simplement te dire bonjour et te demander si tu allais bien. Tu as un problème ?»
Mon poul s'accélère et les images de mon rêve me reviennent en mémoire. Je me renferme encore plus et serre la mâchoire pour ne pas craquer.
«Je... Je veux pas en parler.»
C'était extrêmement sec et froid mais je ne peux pas lui expliquer, il me regarderait tellement mal... Il n'y est pour rien là dedans, je suis le seul problème et c'est hors de question de l'impliquer. Mais Jimin est tenace et visiblement aujourd'hui il ne va pas me lâcher...
«Tu sais que si tu as un soucis tu peux m'en parler ?»
J'allais hocher la tête mais il pose sa main sur la mienne. Dans un geste réconfortant, je le sais bien, pourtant je ne peux pas m'empêcher de lâcher un petit cri. Je retire vite ma main de la sienne et tente du mieux que je le peux de me calmer.
«Jungkook...! Pourquoi tu es si tendu ? Honnêtement je te comprends pas. Il s'est passé quelque chose ce week-end ?
-Monsieur, je pense que ce serait mieux que vous et moi on arrête de se parler, seulement de manière formelle pendant les cours mais le reste on peut oublier. Je ne vous appellerai plus et ne vous enverrai plus de messages, c'est mieux comme ça.»
Il me regarde, abasourdi, sans comprendre. Mon cœur se serre en le voyant se lever et remettre la chaise à sa place.
«Si c'est ce que tu veux...»
Au fond de moi je ne désire que continuer à lui parler, rire avec lui, prendre de ses nouvelles chaque jour... Mais j'ai trop peur de refaire un rêve aussi déplacé, d'être à nouveau dans cette situation horrible. Je ne suis pas gay... Ou alors si ? Ça voudrait dire que toutes les personnes de cette classe qui se se foutent de moi ont finalement raison ? Je suis vraiment une salope ? Le reste de ma classe arrive enfin et s'installe bruyamment, alors que je suis moi même dans mes pensées, le regard vide, perdu à travers le paysage qui se fait de plus en plus sombre à l'extérieur, derrière la fenêtre.