||𝐌𝐫. 𝐏𝐚𝐫𝐤 𝐉𝐢𝗺𝐢𝐧|| ᵖʲᵐ ˣ ʲʲᵏ

.•15•.

~Jimin~

Le nez plongé dans les évaluations de mes élèves, je prends soin de tout corriger correctement. Je dois leur rendre demain et ça n'avance pas trop. Un long soupir m'échappe, je prends mes lunettes posées sur le bout de mon nez et les pose sur mon bureau. Je me frotte les yeux et empile en un épais tas les feuilles corrigées. Celle qui se retrouve devant appartient à Jungkook. Je l'extrais de la pile et vérifie que je ne me suis pas trompé sur sa note. Neuf sur vingt. C'est déjà mieux mais toujours pas fameux. Enfin, du moment qu'il fait des efforts... Sans trop réfléchir je donne un coup de blanco sur le chiffre et le remplace par un dix. Si par hasard il venait à remarquer qu'il y a un point en trop, je lui dirai que c'est pour les efforts fournis. Ce qui n'est pas tout à fait faux en même temps.

~Jungkook~

Je cherche depuis un bon bout de temps comment m'extirper de ma mère pour Noël et pour dire vrai, je n'en ai absolument aucune idée. Lui dire que je veux le fêter en compagnie de Jimin reviendrait à signer mon arrêt de mort. Lui dire que c'est avec un ami que je veux passer les fêtes ne marcherait pas puisque qu'elle sait que je n'ai pas trop d'affinités avec les gens de mon âge. Et puis je ne vais quand même pas essayer de m'enfuir de chez elle, ce serait un peu abusif. Pendant que je suis assis sur mon lit, des milliers de potentielles solutions défilant dans ma tête, j'entrevois ma mère au coin de la porte.
«Jungkook, on va faire Noël tous les deux avec Mark et vu qu'il veut pas que tu nous fasses chier ce jour-là, t'iras chez ton père. Je me suis arrangé avec lui mais à mon avis il ne le fêtera même pas.»
Je me réjouis aussitôt de cette nouvelle: malgré que je n'aime pas mon géniteur, il me laissera passer les fêtes où je veux puisqu'il n'aura rien à faire avec moi. J'hoche la tête pour approuver sa décision même si je me doute bien que ma mère n'attend pas mon consentement. Elle s'en va, sûrement satisfaite de se retrouver seule avec son compagnon. Avant que je n'ai le temps de prévenir mon Hyung, la sonnette d'entrée résonne au cœur de la maison, me coupant dans mon élan. Je tends l'oreille et la voix que j'entends me fais l'effet d'une douche glacée car elle me rappelle indéniablement celle de mon père. J'écoute encore un peu jusqu'à ce que ma mère crie mon prénom pour me demander de descendre. Je n'étais pas du tout prêt à le voir aujourd'hui, la dernière fois c'était il y a deux ans au moins. Je descends quand même rejoindre mes deux parents, fébrile. Et quand je le vois, assis sur un fauteuil, ses deux bras croisés contre sa poitrine et la tête toujours fièrement relevée, je panique intérieurement. Il me remarque et ses yeux noircis d'une froideur impénétrable semblent s'éclaircirent un instant, laissant apparaître un faible tranchant de lumière. Il se lève et se dirige vers moi calmement, toujours aussi neutre. Je m'incline rapidement, ne voulant laisser passer aucune forme d'impolitesse. Ma mère nous regarde toujours de loin, un verre de vin rouge à la main.
«Ça fait longtemps Jungkook. Tu vas bien ?»
Je ne tremble pas à l'entente de ses mots, contrairement à mes souvenirs. Sa voix démontre un certain calme chaleureux.
«Je vais très bien, merci. Et vous...?
-Tu me vouvoies ?»
Je lève le regard pour scruter sa réaction mais rien ne semble pouvoir l'atteindre. Je secoue les mains nerveusement, gêné.
«Non, désolé, ce n'était pas voulu.
-Peu importe, ça ne fait rien. Ta mère ne veut pas de toi jusqu'à la fin des fêtes donc il va falloir que tu viennes chez moi dès aujourd'hui. Tu prépares tes affaires et on y va si tu n'as rien d'autre à faire avant.»
Je jette un coup d'œil à ma génitrice qui agite l'alcool dans son verre, le faisant dangereusement tournoyer pour finalement avaler le reste du liquide rougeâtre d'un trait.
«T'attends quoi Jungkook ? Fais ce qu'il te dit.»
Je ne me fais pas plus prier et retourne d'où je viens pour préparer à la va vite une valise. J'ouvre mon placard et j'en sors pas mal de vêtements que je range correctement. Un petit raclement de gorge se fait entendre et en me redressent je trouve mon père, à l'entrée de ma chambre, me fixant de là où il est.
«Je peux entrer ?»
J'hoche vivement la tête. Il s'assoit sur le bord de mon lit, pose ses mains sur ses cuisses puis observe chaque recoin de mon espace de vie.
«Dis moi, tu te sens bien ici ?»
Sa question sonne comme un piège et je prends mille précautions pour répondre:
«C'est là que je vis et que j'ai toujours vécu, je m'y sens comme on se sent chez soi.
-Tu ne me réponds pas clairement là.
-Je-
-Excuse ma façon de parler un peu sèche. Tu n'y es pour rien, ne te méprends pas.»
Je lui accorde un peu plus d'attention en entendant ça et attends la suite.
«Ta mère et moi on a presque toujours été en mauvais thermes tous les deux, depuis l'annonce de sa grossesse à vrai dire. La décision de la séparation a été prise bien rapidement et même après ça, on a continuer à se prendre la tête. Alors quand tu es né j'ai préféré t'ignorer. Je n'ai jamais spécialement voulu d'enfant mais maintenant que tu es là je me dis que ce n'est pas si mal.»
Je cligne des yeux, plus que surpris par ses propos.
«Et puis on était jeunes à cette époque et je ne savais pas ce que je voulais ou non. Je ne serai jamais aussi proche de toi qu'un père qui a élevé son fils durant toute son enfance peut l'être mais on peut toujours rattraper le temps perdu. Je me disais que tu voulais sûrement passer Noël avec des amis donc pourquoi pas faire le jour de l'an ensemble ?»
Ma mâchoire tombe dans un petit "oh" de surprise. Il a devancé toutes mes pensées sans même s'en rendre compte.
«Je peux vraiment passer Noël chez quelqu'un d'autre que toi ?
-Je ne peux pas arriver comme ça et te dire chez qui tu dois fêter ce jour. Déjà que ce doit être dur de me voir débarquer ici du jour au lendemain après aussi longtemps alors si en plus je commence à t'imposer des règles aussi injustes...»
Je sens mon visage se décomposer et mon père, en le remarquant, réprime un petit rire.
«Ma façon de faire, c'est tout l'inverse de ta mère, c'est ça ?
-Oui...»
J'ai l'impression qu'en deux ans il est devenu quelqu'un d'autre, j'ai du mal à reconnaître l'homme qui autrefois semblait ignorer mon existence mais celui que je redécouvre aujourd'hui me plaîs beaucoup.
«Je ne veux plus t'exclure de ma vie Jungkook, tu aurais toujours dû avoir une famille stable mais on n'a pas pu t'offrir cette chance. Alors maintenant si j'ai la possibilité d'au moins t'apporter un semblant d'affection paternel, je le ferai.»
C'est presque si j'ai envie de pleurer tant ce genre de mots m'avaient manqué. Je lui souris, rayonnant de bonheur. Il me rend la pareille plus discrètement et se lève d'un coup.
«Tu es prêt à partir ?
-Je range encore deux trois petites choses et c'est bon !»
Je rejoins la salle de bain et emmène ma brosse à dent, je range quelques crèmes et du parfum dans une trousse de toilette et le rejoint.
«Je suis prêt je crois.
-Tu as pris les cadeaux pour ton ami ?
-Ah tiens... Les cadeaux...
-Bien sûr que non tu n'as pas de cadeaux, Sooyun n'aurai pas pensé à en acheter. Bon sang heureusement que tu viens avec moi sinon tu aurais passé un bien triste Noël.
-Haha j'ai... l'habitude.
-Et c'est une mauvaise habitude. Vu que j'ai pas mal de travail je n'aurai pas le temps de sortir mais je vais te donner de l'argent et tu iras acheter ce que tu veux comme cadeaux, en ce qui me concerne je ne veux rien, t'avoir avec moi ça me suffis largement. Par contre je t'achèterai quelque chose de mon côté donc tu me diras ce que tu veux.»
Il débite ses phrases à une vitesse ahurissante et comme réponse je me contente simplement de secouer la tête de haut en bas. Travailler en tant que patron dans une grande société doit lui avoir appris à parler si vite... On retourne au salon, ma valise et un sac à la main, pour saluer ma mère- c'est la moindre des choses selon mon paternel- mais je change bien vite d'avis en la trouvant sur les genoux de Mark, en train de lui rouler une pelle. Je sors de la maison sans prendre la peine de dire au revoir, la gorge nouée par le dégoût. Mon père ne tarde pas à me rejoindre et s'installe du côté conducteur de sa voiture.
«Ils ont fait exprès, t'occupes pas. Sooyun est une provocatrice, elle aime mettre le bordel.»
Il allume le contact et sans dire un mot de plus sort de la cours de la maison.