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Au final je préférais ma soirée comme elle était désormais, sur le balcon avec ce garçon qui m'obsédait.

Seulement, je ne le comprenais pas, toutes ses pensées étaient contre intuitives, et ça m'énervait.

- Sérieusement, dis-je un peu trop fort, pourquoi se contenter de vivre la peine en tentant de la réduire un peu alors que tu pourrais t'imposer?

- C'est ce que tu fais toi? Répondit-il avec un sourire en coin.

- Je... commençais-je.

- On est différents. Je ne sais pas vraiment qui tu es et ce qui a pu t'arriver mais en tout cas moi... j'imagine que je me suis habitué à cette peine. J'ai juste décidé d'en faire un plaisir. La fumée d'une bonne cigarette qui brûle les poumons, la migraine d'une gueule de bois, le sexe rude... c'est des bonnes douleurs parmi les autres et ça fait du bien. J'imagine que maintenant je ne peux plus vivre sans douleur, c'est comme ça.

Je souriais à ses paroles.

- On est vraiment différent, remarquais-je avec amusement.

- Pourquoi donc? Il leva un sourcil.

- Parce que moi, la douleur j'en ai marre de la subir, je la cause. C'est ma chose simple pour être heureux.

Il sourit largement, allumant cette étincelle de malice dans son regard.

- Tu te venges? Et comment?

- Je boxe, je hais, je fais mal aux autres...

Il vint s'assoir à côté de moi.

- Pourquoi faire du mal aux autres? Demanda-t-il innocemment.

- Pour ne pas qu'on m'en fasse à moi, répondis-je assurément. Et... continuais-je avec un sourire, pour les petits cons comme toi qui préfèrent subir la douleur.

Il tourna son visage vers le mien, induisant une distance beaucoup trop minime entre nos visages.

J'ai pris sa main, encouragé par une confiance malsaine qui m'avait possédé d'un coup. J'ai fait basculer Ten sur mes genoux, face à moi. Il avait lancé sa cigarette loin derrière moi à travers les barrières contre lesquelles j'étais assis. J'avais toujours la mienne entre mes lèvres. Je m'approchais un peu de son oreille pour lui parler, passant mes mains sur ses hanches, mais je fus coupé par un frisson qui parcourut son corps à l'instant où le bout de ma clope frôla son cou. Un sourire étira mes lèvres alors que je posais ma main droite sur sa mâchoire, prenant ma cigarette avec la gauche. Il posa son regard dans le mien, je me penchais pour embrasser son cou. Il frissonna encore légèrement. Je relevais la tête pour retrouver son regard alors que j'écrasais ma cigarette à l'endroit de mon baiser. Il couina d'un mélange étrange de plaisir et douleur qui donnait au final une impression aigre-douce délectable; ma cigarette éteinte, une marque sur son cou alors qu'il s'était appuyé contre ma main, prenant mon pouce entre ses dents pour ne pas crier, je me penchais à nouveau pour embrasser la peau désormais brulante et blessée.

- Prends ça comme une marque d'affection, lançais-je dans le silence plein qui s'était installé.

- Il y a trop de violence dans ta tendresse, répondit-il.

- C'est la façon dont tu veux être appréhendé, je me trompes? rétorquais-je.

Il me répondit par un sourire qui voulait tout dire.

On s'était bien trouvés, celui qui s'était habitué à supporter la douleur et celui qui ne pouvait s'empêcher d'en causer.

happiness ; johntenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant