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On était dans la chambre, dans le noir. Chacun sur le dos à regarder le plafond dans un silence agréable et plein. Il m'avait dit d'écouter son silence alors j'entendais maintenant son coeur se briser un peu plus dans le calme de la pièce. Il avait l'air triste, même quand il ne disait rien, même quand je ne le voyais pas. Pourtant j'appréciais tout ça, son esprit détraqué et ses yeux larmoyants. Même si on s'était dit que je ne devais pas, j'aimais son coeur brisé même si je pouvais me couper sur les fissures. C'était un mal pour un bien j'imagine, se blesser en touchant son coeur puisqu'au final en le serrant fort dans mes bras je pourrais peut-être mettre assez de pression pour tout recoller. Il m'avait dit de ne jamais lui dire mais je n'aimais pas écouter quelqu'un d'autre que moi-même.

- Je t'aime, lançais-je en fracassant le silence. J'entendis son souffle se couper. Tu vois même si tu m'as dit de ne pas le faire je ne peux pas m'en empêcher. Parce que même si t'es sacrément triste, j'ai tendance à apprécier penser que je pourrais tout arrêter avec un baiser et te rendre heureux, au moins un peu plus. T'es cassé, même dans ton regard il y a un truc qui ne va pas, quelque chose qui quand on regarde bien décrit tout ce que tu vis...

- L'enfer, me coupa-t-il.

- Peut-être, souris-je. Mais dans tes yeux l'enfer semble si beau.

- Je t'avais dit de ne pas m'aimer.

- Moi je ne te l'ai peut être pas dit mais je n'aime pas écouter les autres.

- Pourtant t'aurais dû m'écouter, moi.

- Et pourquoi ça?

- Parce que j'ai raison. C'est horrible de dire ça mais peut-être que je ne suis pas fait pour être aimé. C'est pour ça que tu ne dois pas le faire.

- Pourquoi...

- Parce que je vais mourir. Parce que je ne suis déjà pas vraiment en vie? Je suis un gars marrant, extraverti. Tu crois que je suis heureux parce que je souris, parce que je danse, parce que je chante, parce que je ris, parce que mes yeux brillent. Mais tout ça c'est un subterfuge pour rassurer les autres... peut-être un peu moi-même? Et puis si ça brille, c'est qu'il y a des larmes.

- Je le savais tout ça, souris-je.

- Et tu m'aimes quand même? S'inquiéta-t-il.

- Bien sûr.

- Tu ne devrais pas.

- Pourquoi?

- Parce que ça va te rendre aussi triste que moi.

Sa voix se brisa sur les derniers mots, puis il ouvrit la porte en laissant passer un peu de lumière où je pu voir sa silhouette se faufiler avant que la porte ne se referme, me laissant dans le noir complet.

happiness ; johntenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant