Chapitre 4

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Je mets instinctivement mon avant bras devant mes yeux en sortant du campement. Ma vision habituée à l'obscurité ne s'était pas pas pas préparée aux néons criards du marché. Je parviens cependant à distinguer la foule immense qui afflux entre les tentes tel un torrent. La vue impressionnante de cette masse ainsi que le brouhaha qu'elle produit me donnent la soudaine envie de déguerpir à toutes jambes. Puis, peu à peu, ma vue trouble s'éclaircit et je commence a comprendre avec horreur ou je suis arrivée. Les passants apathiques s'arrêtent aux multiples stands du marché pour contempler d'un oeil narquois les différentes "marchandises" vendues. Hommes, femmes et enfants enchaînés sont présentés au publics sur les abondantes installations de la place. C'est un marché aux esclaves... A quelques mètres de moi se trouve une estrade légèrement surélevée ou nous attendent un groupe de jeunes enfants effrayés. Les soldats nous pousse alors avec violence vers la scènes tandis que les bambins nous fixe d'un oeil hébété. Je m'efforce de marcher mais en tentant de monter maladroitement les marches de la plate forme, je trébuche et m'effondre sur l'escabeau. Un des soldats me tire brutalement les cheveux afin de me relever, je gémis de douleur et monte sur l'estrade, le désespoir me tordant les entailles. Comment ai-je pu en arriver la? Hier encore, je me trouvais libre et en compagnie de mon frère. Et me voilà maintenant un simple objet de vente sans réel valeur. Les larmes me monte aux yeux mais j'essaie tant bien que mal de les cacher. Ce n'est certainement pas pleurnicher qui m'aidera a survivre. Au bout de quelques minutes, l'homme finit par sortir de la tente avec un autre groupe et monte nous rejoindre sur l'estrade. Il passe alors devant chacun d'entre nous, nous scrutant avec intensité à la recherche du moindre faux pli ou mèche de travers. Il me replace habillement mes cheveux désordonnés et dit a une petite fille sanglotante à côté de moi de cesser de pleurer. La pauvre enfant s'essuie les larmes avec son avant bras et essaie tant bien que mal de reprendre sa respiration. Je la reconnais alors, sur le parking... Elle était accrochée a sa mère avec une autre petite fille. L'enfant défigurée, elle doit probablement être sa jeune soeur. Une vague de pitié s'empare soudain de moi mais je parviens à me ressaisir rapidement, encore une fois, pleurer ne parviendra pas régler cette injustice. L'homme finit par descendre de l'estrade et nous jette un dernière regard satisfait avant d'aller s'asseoir à un petit stand prévu à son attention. Il ne me reste plus alors qu'à regarder le foule dériver parmi les tentes en espérant que le sort me soit favorable. Certains passants s'arrêtent devant nous pour nous regarder mais jamais plus de quelques minutes, les autres échoppes leurs semblant probablement plus attirantes. Mon regard finit par divaguer dans le vide et j'oubli un bref instant le monde qui m'entoure. Mes pensées se portent alors vers mon frère, ou se trouve il à présent, est il seulement encore en vie, non, coriace et têtu comme il est, il doit forcément être encore vivant, je donnerais n'importe quoi pour pouvoir parler 5 minutes avec lui. Nous étions si proche du but... Pourquoi y a t-il fallu qu'il y ai ce foutu camion?...

-Ça serait combien pour le gaillard la bas? demande soudain une voix lasse a quelques mètres de moi.

Je rouvre les yeux brusquement les yeux pour voir deux hommes parler avec mon propriétaire. Celui ci, étrangement bien plus amicale que sous la tente, monte sur la scène pour leur rapporter un homme barqué qui était resté un peu plus au fond.

-Il est solide au moins? Il faut qu'il puisse travailler aux champ...

-Bien sure monsieur! renchérit le marchant avec enthousiasme, vous ne pourrez pas trouver plus résistant sur le marché!

Je me contente les regarder marchander en silence, essayant de deviner quel genre de personnes sont les deux acheteurs. L'homme qui parle doit avoir dans la cinquantaine même si ses cheveux sont déjà gris-blancs, il porte une barbe de trois jours et je ne peux m'empêcher de lui trouver un certain charme malgré son âge. Quelque chose dans sa façon de marcher et de s'habiller lui révèle une classe profonde ou peut être une gloire passée. Je ne pourrais malheureusement pas en dire autant de son compagnon. Avec sa tenu négligée, ses cheveux châtain en bataille et son petit sourire arrogant, il est bien loin du prince charmant... Je regrette alors immédiatement de l'avoir fixé, l'espace d'un instant, ses yeux bleus croisent les miens, je baisse immédiatement mon regard et sais pertinemment qu'il n'en fera pas de même. Si il y a quelqu'un par qui je n'ai pas la moindre envie de me faire acheter, c'est bien lui... Malheureusement, mes doutes se confirment alors lorsqu'une voix demande sur un ton désinvolte :

-La fille devant, elle coute combien?

Le marchand, qui semble avoir réussi à trouver une entente concernant le premier esclave, fond sur moi tel un rapace et m'attrape violemment par le bras.

-Pour cette petite, hum, je pourrais vous la faire à 300 dollars.

-300 DOLLARS!? s'indigne l'homme Et de toute façon, continu-il en se retournant vers ce qui semble être son fils, je ne vois pas la moindre raison de l'acheter. Cette gamine ne pourra jamais travailler dans les vigneraies et nous avons déjà bien assez de domestiques comme ça.

-Elle parait peut être maigre, mais elle a de la force dans les os en plus d'un plutôt jolis minois, je pourrais vous la faire 250 dollars si vous le souhaitez réplique le marchand en me serrant un peu plus fort.

-Et puis on peu toujours le prendre comme domestique, renchérit le fils, une servante est morte est récemment non?

L'homme finit par lâcher un dernier soupire et se retourne vers mon vendeur :

-Je vous la prends à 50 dollars.

- Vous rigolez? 250!!! réplique le marchand

-100

-200

-150 et c'est mon dernier mot répond l'homme sur une note finale.

Très bien, soupire le vendeur mécontent, elle est est a vous.

Je jette alors un regard timide à mes nouveaux propriétaires mais le seule chose que je vois est le sourire satisfait du jeune homme et la moue amère de son aîné, je crois bien que je n'aurais pas pu plus mal tomber que sur eux.

L'esclaveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant