L'esclave

Chapitre 12

Je déboule dans la cuisine en courant, je ne me suis pas encore très bien remis des coups de la semaine dernière et je boite mais je ne crois certainement pas que Mme. Anderson trouvera cette excuse valable.

-Le tartare de saumon est prêt? Je supplie presque.

-Hein? grogne Eduardo. le cuisinier en chef, mais la vielle l'avait commandé pour 3h!

-Elle le veut plus tôt en fait.

-Ok, attends ici, SERGIO?! ¡Haz los tartares de salmón primero!

-Pas de ça ici Eduardo! dit Mila en passant, une pile d'assiettes dans les mains. Tu parlera espagnol ce soir, dans les dortoirs, tu sais très bien que si on se fait prendre, on aura des problèmes.

-C'est pas une gamine qui me fera la leçon grommelle t-il.

Elle soupire et me fait un petit hochement de tête. Au moins avec ce travail, je peux voir Mila plus fréquemment vu que Mme. Anderson m'envoie toutes les deux minutes aller chercher quelque chose en cuisine. Je ne sais pas vraiment si cette nouvelle place est plus épuisante que mon ancienne ou pas, certe je ne passe pas mes journées à nettoyer des pièces poussiéreuses et les tâches de ma maîtresse sont plutôt simples mais mes heures de sommeilles sont très aléatoires. Au moins, quand je faisais le ménage, mes heures de pause étaient fixes mais avec Madame, c'est elle qui décidait quand elle me congédie. Elle est très insomniaque et a constamment besoin de quelqu'un sous la main pour défouler sa colère, donc elle me laisse rarement du repos. Elle m'a déjà laissée partir à 2h du matin avant que je doive à nouveau me lever à 6h. Et il n'est pas rare qu'on me réveille au milieu de la nuit car elle a besoin de moi. Autant dire que je n'ai pas beaucoup dormi depuis une semaine. Mais ça, j'y suis habitué, pendant nos mois de cavales avec Ruben et Juan, il nous arrivait de ne pas dormir pendant plus de 36 heures.

-Tien attrape ça, dit Eduardo en me passant l'assiette de tartare. Et dépêche toi avant qu'elle s'impatiente!

-oui oui, merci.

Sur le retour je regarde envieusement l'assiette, et dire que moi j'aurais juste le droit à une bouillie d'avoine ce soir.

A peine ai-je ouvert la porte que je me fait abreuver d'insultes.

-Tu est en retard!

-Désolée madame, je...

-Arrête avec tes madames et tes excuses pathétiques, idiote, tu veux me laisser mourir de faim hein?

Elle me jette un livre dessus que j'évite de justesse, ce qui semble encore plus l'énerver.

-Avez-vous pris vos médicaments calmants madame?

-De quoi j' me mêle, c'est une provocation?

-Non, je...

-Bon peu importe! Va ramener le livre que je t'ai lancé à la bibliothèque, je l'ai fini. Je vais aussi te passer une liste de livres à prendre et dépêche toi pour une fois, j'attends la visite!

Je pose l'assiette, prends la liste et sort, le livre sous le bras. De la visite? Je me demande qui ça peut être. La dernière fois qu'elle a invité une amie, elles avaient passé l'après-midi a se plaindre de moi et a me critiquer. C'est vraiment les deux seules choses qu'elle sait faire, se plaindre et lire des dizaines et des dizaines de livres. Le pire c'est quand elle m'envoie à la bibliothèque, les rayons sont très mal classés et ça me prend toujours des heures à trouver sa liste interminable de bouquins. De plus, certains de ses livres sont en français et je ne peux donc même pas comprendre le titre. Une fois les livres trouvés, je mets le tout dans un sac à disposition et fais demi- tour le plus rapidement possible. Elle va me tuer, jai pris encore plus de temps que d'habitude. Un des livres était introuvable et une étagère s'est renversée sur moi. Quand j'arrive enfin à la porte, je grince des dents et croise les doigts. Pourtant la vague de haine à laquelle je m'attendais n'arrive pas, je retrouve Madame Anderson plongée dans une grande discussion avec un jeune homme au cheveux blond près de son lit. Puis je le reconnais, c'est le cadet des Anderson, le garçon de la bibliothèque.