L'étoile des royaumes

Chapitre 1

Quelques années plus tard,

La jeune princesse grandissait à vue d'œil. Elle ressemblait de plus en plus à la défunte Reine, Leona, dotée d'une chevelure immensément longue avec deux cornes noir aux rayures dorées. Ses cheveux étaient d'un roux renard, faisant rêver plus d'une démone. Le corps de la demoiselle avait évolué, se sculptant une belle silhouette.

Du haut de ses vingts ans, la jeune femme possédait une poitrine ferme et généreuse ainsi que quelques rondeurs de part et d'autre, une taille élancée. Ses yeux d'un éclat émeraude brillaient de malice, à chaque fois, que quelqu'un pouvait avoir la chance de croiser son regard. Elle le gardait bien trop souvent camouflé sous de longues capuches.

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Anya, la douce servante du château des Enfers, qui fut un temps, était au service de Dame Leona, était devenue la suivante de demoiselle Pheone.

Anya défilait d'un pas pressé dans les immenses couloirs du château. Ils étaient bordés de milliers de fenêtres habillées de grands rideaux rouges profonds. De cet endroit, on pouvait observer la place publique des Enfers, voir les marchands lors des jours de marché. Le sol était recouvert d'un long tapis rouge sang, qui guidait les pas le foulant vers toutes les pièces du château. Quelques meubles contre les murs, sur lesquels reposaient quelques décorations venant de plusieurs royaumes. Au-dessus de ces derniers étaient également accrochés des portraits de la famille royale. De grandes fresques décoraient les plafonds de chaque couloir, celui de la démone allant vers sa chambre, était coupée en plusieurs parties. Les quatre éléments principaux se trouvaient dessus, liés par des files d'or à une étoile.

Lorsque la servante arriva devant la porte, elle toqua trois coups avant que Dame Pheone ne l'autorise à entrer dans la chambre. La princesse s'étonna :

—Que se passe-t-il Anya pour que tu arrives si essoufflée ?

La servante lui annonça que son père souhaitait la voir dans la salle du trône. Cependant, la jeune femme était peu pressée de devoir supporter la présence de son géniteur. Elle souffla d'exaspération, posant le carnet de sa mère sur son chevet. Elle dicta un message à Anya, bien particulier.

Toutefois, Pheone était régulièrement convoquée dans la salle du trône par le Roi. À cause de ça, la princesse n'avait jamais la possibilité de s'accorder quelques secondes.

Sa chambre paraissait terne, bien loin des couleurs sombres et rayonnantes du château. Elle n'était composée que de quelques meubles nécessaires, un lit simple, un bureau avec une chaise et un chevet. Cependant, Pheone relativisait lorsqu'elle se rapprochait de sa fenêtre. Elle possédait une vue incroyable sur les Enfers, lui permettant chaque jour d'observer les activités des habitants. Elle aimait contemplée ce paysage, le dessiner encore et encore.

Aujourd'hui, le royaume était en deuil. C'était le vingtième anniversaire du décès de la Reine Leona, une fête se déroulait le soir-même en son nom. Elle avait succombé à la maladie après la naissance de sa fille. Depuis sa plus tendre enfance, Anya racontait à la princesse toutes les aventures qu'avait vécues sa mère, avant d'arriver en Enfers. Elle lui parlait beaucoup de Kindénia et de l'espèce humaine. Toutes ces histoires fascinaient Pheone, elle était admirative des exploits de la Reine.

La démone fut sortie de ses pensées par la jolie renarde polaire nommée Xoka, son familier :

—Pheone, nous devons nous présenter à la salle du trône. Ton père a une requête à te faire, répéta la renarde.

La démone se leva d'un air contrarié pour suivre son fidèle compagnon jusqu'au seigneur. Le trône de Kolaris occupait une grande partie de la salle : Il était immensément grand et orné d'or pur. Le dossier était doté de multiples épées et haches aiguisées. Pheone détestait ce trône, elle souhaitait le voir détruit mais pas seulement lui. Le château ,auquel elle vouait une haine inexplicable, renfermait des souvenirs douloureux pour la jeune femme.

Cette pièce était aussi joliment décorée que les couloirs du château avec en plus des bancs et des bougeoirs, les partisans de Kolaris devaient venir prier en ce lieu même. Le Roi aimait montrer sa richesse ainsi que sa puissance. Quand le souverain aperçut sa fille entrant dans la salle, il s'écria :

—Ma fille ! Tu oses faire attendre ton Roi ? Je ne tolérerai pas un tel affront, surtout de mon propre enfant, déclara-t-il d'une voix amer. Tu me dois obéissance et respect, j'espère avoir été clair, petite ingrate.

Ses mots ébranlèrent la jeune femme même si elle était habituée à un tel comportement, ça arrivait toujours à franchir sa carapace. Kolaris se trouvait être un homme froid et insensible. Il ne souriait que très rarement, il ne possédait pas la moindre once de gentillesse.

La démone ressentit de la colère, ses sourcils se froncèrent et elle avança vers lui, la tête haute.

—Cela suffit ! Je ne suis pas l'un de vos sbires et encore moins une servante. Mère n'aimerait pas que vous me parliez ainsi, déclara-t-elle, faisant sursauter son père à l'annonce de Leona. Dites-moi ce que vous souhaitiez me dire que je puisse quitter rapidement ces lieux qui me répugnent.

Le Roi la gifla, marquant son visage d'une plaie. Elle commençait de son front jusqu'à sa bouche, traversant son œil. Elle le ferma avant que sa pupille ne soit transpercé. La blessure saignait faiblement, mais juste assez pour faire comprendre à la princesse que son père n'aimait pas le ton qu'elle employait.

Pheone déposa sa main dessus, en regardant son père avec haine. Kolaris était un homme plutôt espiègle et assoiffé de pouvoir, il ne supportait pas le moindre affront ou désobéissance. Depuis le décès de Leona, la colère se faisait ressentir dans ses propos, cependant, Pheone ne voyait en ça qu'une personne manipulatrice.

Il s'avança vers elle, ses yeux reflétant du mépris lorsqu'ils se posèrent sur elle.

—Tu vas rejoindre Kindénia en tant qu'espionne pour les Enfers ! Tu devras me fournir chaque mois, un compte-rendu de chaque espèces vivants sur cette planète, annonça-t-il d'une voix froide, en me citant leur force et leur faiblesse. Est-ce bien compris ?

Pheone resta hébétée face à cette requête. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle soit des plus alléchantes pour une femme comme elle. La démone souhaitait découvrir ce monde appelé « Kindénia » et les peuples pouvant vivre sur cette terre. Cependant, elle doutait des intentions de son géniteur. Pheone avait appris à apprécier les quelques personnes citées dans le carnet de Leona, elle craignait pour leurs vies et les souvenirs qu'ils renfermaient de sa mère.

—Quand est-ce que je peux partir ?

Le Roi ne riposta pas au nouvel affront que lui fit sa fille, mais il lui répondit, qu'elle pouvait s'en aller dès maintenant.

Kolaris leva la main pour dire que la réunion « père, fille » était terminée et qu'elle pouvait quitter les lieux.

La jeune demoiselle se dirigea avec hâte vers sa chambre pour récupérer le nécessaire avant de partir découvrir d'autres mondes. La pièce attitrée à Pheone, était la plus lointaine de la salle du trône. Son père n'aimait pas particulièrement son propre enfant, il avait fait construire cet endroit spécialement pour elle. Kolaris préférait que la princesse soit le plus reculée possible dans le château, cachées des démons. Le Roi l'accusait d'avoir assassiné sa propre mère alors que la défunte Reine était morte à cause de sa maladie. Cela dit, il était bien plus simple d'accuser un nouveau-né que de voir que sa propre femme souffrait affreusement. Pheone se posait des questions à haute voix :

—Mère, pourquoi m'avez-vous laissée naître dans un monde remplit de haine ? Questionna-t-elle d'une voix tremblante. Qui étiez-vous exactement ? Pourquoi Kolaris a autant de colère envers Kindénia ?

La tristesse s'empara de la démone alors qu'elle serrait entre ses mains le carnet de sa mère. Pheone laissait ses épaules s'affaisser tandis que le chagrin se creusait une place dans son cœur. Elle souhaitait se montrer forte et impassible face à son père, pourtant elle se recroquevillait sur elle même lorsque la jeune femme arrivait dans sa chambre. Xoka se frottait contre ses jambes dans un geste réconfortant.

—Au moins, je peux compter sur toi, murmura-t-elle, la voix enrouée sous l'émotion.