-Première partie- Chapitre 1 : Le commencement du commencement

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Parfois nos défauts reviennent à notre mémoire. Voici l'histoire d'un homme au travail habile, un paysan relativement grand qui s'appelait Dirk. Bien qu'il était paysan, il lisait tous les jours, volant des livres et labourant sa terre (d'une piètre manière), écrivant des notes pour se distraire. Il lisait et il écrivait aussi. « Parce que la liberté des masses ne se réduit pas à ce qu'elles peuvent dire, parce qu'on n'a même pas ça. C'est la capacité à s'exprimer de manière autonome. Or, les filles homosexuelles échangent, cachées, de tristes baisers dans la rue, le paysan paye pour ce qu'il a récolté, parfois il doit même se battre pour son seigneur, contre d'autres seigneurs, et, même ceux qui habitent en ville, j'ai entendu dire qu'ils payent des impôts au seigneur lui-même, ou aux bourgeois selon le cas. Là, dans le sud, il y a des bourgeois. »

Cheveux bruns, raides, courts et hérissés, peau bronzée, des yeux marrons-verts aussi, pas étonnant qu'il avait cet air rustique bien à lui. Un paysan vint le voir pour essayer de lui parler de sa nouvelle vie. Cet homme était en léger surpoids et, contrairement à Dirk, il avait peu d'espoir pour son avenir. Légèrement bossu, servile et excessivement poli, il n'était pas un citoyen, mais un serf, même ses mouvements de main trahissaient la perception qu'il avait de lui-même.

« Hé DIRK ! », dit-il, « J'ai entendu dire que tu es un fermier libre maintenant ? »

« Qui t'as dit ça ? », répondit Dirk en rigolant, « Ouais j'ai ma propre terre maintenant ! »

« Ta propre ... terre ? », demanda le gars, « Comment est-ce que tu as fait ça ? »

« Rien de malhonnête, le marché est un endroit sympa tu sais. »

« Qu'est-ce que tu vends ? »

« Je fais des sculptures en bois... », dit Dirk en rigolant nerveusement,      « ça sonne bien hein ? »

« Des sculptures en bois ? » La surprise du paysan était palpable.                « Waouh, tu peux m'en montrer une ? »

Dirk fit en sorte de lui en montrer, c'était une rangée entière d'objets en bois. Une carpe enroulée autour d'un cercle, une femme qui tenait un panier, c'était aussi élaboré que les techniques de bureaucrate pour avoir de l'argent.

« Alors tu les vends ? », question un peu stupide que posa le paysan.

« Ouais. », répondit Dirk avant de rigoler puis d'ajouter « Je suis en train de réfléchir à vendre cette terre et à partir faire le tour de l'empire. T'aimerais l'avoir cette terre ? »

« Avoir ma propre terre ? », répondit le paysan avec joie, « avoir ma propre parcelle ? Oh, mes prières ont été entendues. »

« Dieu t'as pas donné cette merde. Moi si. » Dirk rigola, des plis apparurent sur ses joues, elles devinrent bien rondelettes et il ferma les yeux. Son visage plissé donnait naissance à de petites collines sur son visage, séparant la zone de la bouche et les joues, son nez était enflé et ses dents apparentes.

« Peu importe... » finit par répondre le paysan en levant son chapeau,        « ma famille sera éternellement reconnaissante. »

« Je suis un mauvais fermier de toute façon! », relativisa Dirk, « la seule chose à laquelle je suis bon c'est les patates. Et ces choses demandent juste de creuser un peu. »

Le paysan, asservi, esquivait l'humour de Dirk, pour lui c'était un moment émouvant et l'attitude désinvolte de Dirk le blessait sûrement pour être honnête. Dirk avait une meilleure hygiène, souriait davantage, mangeait mieux, pensait avec plus de lucidité, mangeait plus vite, était moins négligé, mais pourtant plus distant avec les gens, désirant aussi de plus grandes choses. Le paysan semblait se tenir à son chapeau, à son aine, ses proportions grassouillettes, sûrement souvent moquées, se mettaient instinctivement dans une posture de soumission pour éviter tout type de châtiment.

Les Manifestations de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant