Les Manifestations de la Liberté

Chapitre 2 : Force (1/3)

Dans leur périple à travers la forêt, les prisonniers de toutes sortes fourraient leur nez partout en quête de nourriture. Iels avaient le regard animal. Le désir de survivre se déchaînait quand iels regardaient peu importe quoi. Pas même les oiseaux charognards ne circulaient là-haut, craignant d'être mangés par ces personnes vraiment désespérées. Nestor, quand il n'était pas porté par Fugara, rampait pour avancer. Avec toute cette intensité, ça faisait beaucoup à supporter. Ramper avait rendu ses mains calleuses et boueuses.

« Alors vous êtes des anarchistes ? », demanda l'un des prisonniers, « Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? »

Les prisonniers étaient minces, musclés et avaient l'air relativement en forme physiquement parlant. Nestor avait été plus musclé, mais les coups avaient fait des dégâts, comme il avait été traité comme une poupée de chiffons par les fonctionnaires de l'État.

« L'abolition de l'État et de toute autorité. », répondit-il, avec un large sourire et le sang sur ses lèvres et son visage, qui rendaient ses paroles encore plus puissantes, « Ou pour faire court... la liberté. »

Les autres prisonniers portaient des chaînes en guise d'armes, d'autres une variété d'épées et iels examinaient dans tous les sens cette suggestion. Nestor sourit, toussa et se redressa, en mâchant une feuille.

« Quand la liberté est hors-la-loi, seuls les hors-la-loi sont libres. La guerre, c'est quand votre gouvernement vous dit qui est votre ennemi, la révolution, c'est quand vous le comprenez par vous-mêmes. »

Il pouvait à peine tenir debout. Ses genoux se pliaient, puis se dépliaient, comme un homme qui ferait des squats avec le monde sur le dos. Ses dents se serrèrent alors qu'il s'accroupit. Les cœurs des gens s'agrippèrent à leur poitrine devant un tel geste.

« QUI ÊTES-VOUS ? », cria une voix venue d'entre les arbres.

Des hommes chevauchants des loups géants et qui tenaient des armes pour le combat rapproché regardèrent les prisonniers déchiquetés.

« Un homme qui essaie de combattre l'empire ! », cria Fugara en retour.

« Combattre l'empire ? », lui répondit avec force le chevaucheur de loup.

Les cicatrices sur la tête chauve de l'homme donnaient l'impression d'être des décorations faites pour intimider. Mais ce n'était pas le cas. Elles étaient bien réelles. Son aura était bien plus folle que celle de Fugara ou de Nestor. Les prisonniers et les intellectuelles étaient en stase devant ce choc de personnalités. Il regarda Fugara, sauta de son loup, puis lui balança sa grosse hache au visage. Avec sa fragile épée impériale, Fugara réussit à parer le coup et à laisser la hache tomber à côté de lui.

« Vas-tu rejoindre les anarchistes sur leur route vers la liberté ? », demanda immédiatement Fugara, les yeux rivés sur cet homme, « La seule et unique liberté qui puisse exister, c'est quand tu n'es pas gouverné par quelqu'un d'autre. Nous, les anarchistes, on se bat pas juste pour le plaisir de se battre, on se bat pour nos idées, pour le bien-être des gens autour de nous. Tout le monde peut être un meneur. Tout le monde peut être un général. »

Jade contre marron distinct. Un marron agréable comme celui des arbres qui les entouraient. Un peu comme la terre qu'on pouvait sentir sur leurs corps, mélangé à de la sueur. Sur elleux, il y en avait partout. Même sur leurs yeux, on aurait dit qu'il y en avait, comme une sorte de mascara.

« La véritable liberté, hmmm », parla-t-il, assis sur les rochers, alors que son loup s'approchait de sa tête, avant qu'il ne se frotte contre elle, « Je sais pas si c'est possible, l'Empire a écrasé la Fédération des Rebelles l'année dernière, quand ils ont essayé de limiter les pouvoirs de l'Empereur et, maintenant, il est plus puissant que jamais. Qu'est-ce qui dit que nous, le peuple, on sera pas encore écrasés ? Et qu'est-ce qui dit qu'il va pas devenir encore plus puissant ? Vous avez vraiment les moyens d'accomplir cet exploit ? Ils vous écraseraient comme un vulgaire insecte. »