Maudis-moi !

[Chapitre 10]

-Désormais on vérifie le courrier de monsieur aussi.
-Mais c'est pas une atteinte à la vie privée ? Demande Morten.

Presque tout les regards se tournent vers lui, atteinte à la vie privée ? Et qu'est-ce que l'on fait avec l'entourage de Monsieur ?

-Je rigolais ! Je m'occuperai du courrier si il le faut.
-Bien et il va nous falloir un chauffeur pour demain, monsieur veut aller en ville.

Annika s'en va, disant devoir finir une lessive. Marina me regarde en secouant la tête

-Non je peux pas désolé, demande à Nicolaj !
-Je suis occupé demain, les orchidées ne peuvent pas survivre si on ne prend pas soin d'eux constamment.

Une fois de plus, les regards se posent sur le plus jeune qui mangeais un encas. Il relève la tête vers nous en soupirant légèrement.

-Pourquoi on aurait besoin de quelqu'un de plus ?
-Je ne sais pas conduire.

Je lui souris de manière autoritaire, une façon de lui dire qu'il avait intérêt à nous emmener demain au centre ville.

Après une dernière discussion avec les employés, je vais commencer une première ronde dans la villa.

Au passage, je m'arrête à la chambre du maître et regarde l'intérieur. Malgré son âge il dort comme un enfant, la couverture sur la moitié de son corps, une jambe dans le vide et la tête vers le milieu du lit.

Il allait tomber si son lit n'était pas aussi grand. Au moins il dort un peu.

Ma routine de la soirée se passe de manière tranquille, peu de chose se passe.

Ce même silence me suit encore jusqu'à aujourd'hui. Mais ce silence n'est que le calme avant une tempête.

Le lendemain, je vais préparer ce qu'il faut pour le trajet et rejoint ensuite Maximilian pour le changer.

-Bientôt vous aurez enfin des vêtements qui seront à votre taille.
-L'habit ne fait pas le moine, Tobias.
-Heureusement que vous n'en êtes pas un alors, le pacte aurait prit une tout autre envergure.

Je finis de l'habiller en l'entendant marmonner des mots inaudibles, ce qui me fait sourire. Je le suis ensuite hors de la chambre tandis que Morten avance la voiture à l'entrée pour monsieur.

J'ouvre la portière pour qu'il s'installe et va près du chauffeur pour qu'il me montre comment contrôler cet engin.

C'est assez basique au début, lire ensuite le code de la route et le retenir pendant la conduite est encore plus facile.

En arrivant en ville j'avais déjà terminé de comprendre et assimiler la fonction de conduire.

Il y avait un peu de monde autour, je descend en premier pour ouvrir la portière de monsieur.

-On commence par quoi ?
-Celui-là !

Il indique une boutique et je le suis docilement sans savoir ce qu'il achète. Je me contente de surveiller les alentours et lui par la même occasion.

Il achète deux objets étranges sans que je puisse comprendre la raison.

-Ce sont des téléphones, ça me permettra d'avoir plus de rapprochement pour mes contacts et je pourrais te joindre quand tu sors.
-D'accord.

Il a dû voir mon incompréhension puisqu'il finit par m'expliquer un peu plus en détail à quoi ils devaient servir.

Pouvoir communiquer avec une personne même si elle n'est pas dans la même pièce ? Ingénieux et totalement pas surprenant venant d'une espèce aussi fainéante que les hommes.

Il fait plusieurs boutiques à gauche et à droite, les chiffres de dépenses ne faisant que de monter achats après achats.

-Vous n'avez pas peur de faire un peu trop flamber votre carte bleu ?
-Faut bien se faire plaisir de temps en temps.

Je porte tout ses sacs et le suit finalement dans une boutique de vêtements.

Dire que ça devait être la première boutique, la raison même de notre venue. Une employée vient vers nous.

-Bonjour, je peux vous aider ?
-J'aurais besoin d'un nouveau costume noir et de quelques vêtements et lui aussi.
Dit-il en me montrant.

Je ne dis rien mais ne cache pas ma surprise face à sa phrase.

-Toi aussi ta garde robe est mince !
-Je n'en ai pas vraiment besoin..
-Profite tant que je suis gentil.

Gentil ? C'est pas comme ça que je te décrirais mais qu'importe.

Je dépose les sacs dans un coin avant de rejoindre Maximilian en salle d'essayage. Il passe en premier mais à chaque fois qu'il sort de la cabine j'ajuste ses vêtements.

Franchement, il ne peut rien faire convenablement sans moi.

-Tu me fou la honte sérieux...
-Ce n'est pas moi mais vous qui vous "foutez la honte", vous avez 17 ans et vous ne savez pas vous habillez correctement.

Une fois que je juge ses habits il retourne se changer en prenant quelques-uns, sûrement ceux qu'il a aimé.

Mon tour se passe de manière rapide et je vois certains regard des employés et clients sur moi.

Il n'y a pas que les anges qui savent charmer les humains, même mon maître semble absorbé par mon physique.

-J'ai l'impression...que tu me rappelle quelqu'un..
-C'est normal.
-Comment ça ?
-Pour avoir ce physique je me suis basé sur vos connaissances d'autrefois, dans votre esprits.

Je n'ai pas sélectionné ce physique pour mon propre plaisir mais celui de mon maître. Il doit avoir bon goût à en juger sur le nombre de femme qui m'ont épiés aujourd'hui et durant la fête de plus tôt.

Nous repartons enfin vers la voiture une fois les vêtements payés. Je soupire de soulagement quand on s'apprête à partir.

-Tu es fatigué petit svensker ?

Il sous-estime mon endurance ? Quel gamin irrécupérable. Je dépose les achats dans le véhicule avec l'aide de Morten.

-Vous avez dévalisé une boutique entière ?
-Non, 7 si je m'en souviens bien..

Le jeune rit légèrement et range un de ses paquets de biscuits dans son sac.

Le retour reste silencieux et j'aide monsieur à installer les jeux qu'il avait prit. Il se charge des consoles tandis que moi je mets en place les diverses décorations qu'il avait acheté.

Peu après il va dans son fauteuil et commence une partie. Je commence à partir mais ce qu'il fait m'intrigue.

Un personnage sur son écran suit les mouvements qu'il fait avec sa manette. C'était stupéfiant !

-C'est vous qui faites bouger ce personnage ?
-Eh..ba..oui ? Tu veux essayer ?

Je m'assois près de lui toujours autant intéressé et ce dernier m'apprend comment y jouer. Le mécanisme était simple et...plaisant !

C'est la première fois que je prend plaisir à faire quelque chose de si...humain. Je sens même un sourire sur mes lèvres durant notre partie de jeu.