[Chapitre 15]

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Le voir si démuni et déprimé commençait à me taper sur les nerfs. Même si je comprends pourquoi il est comme ça et qu'il doit se laisser du temps, du repos.

-Tu lui as juste...laisser aller dans sa chambre par lui-même ? Tu ne lui as pas fait un câlin ou dit des mots pour le réconforter ?
-Qu'est-ce que j'aurais bien pu lui dire ? Et puis c'est quoi un câlin ?
-Tu as vécu dans une cave toute ta vie avant qu'il t'embauche ?
Me demande Morten.

Je réfléchis à mes mots avant de pouvoir lui répondre mais ce dernier secoue la tête.

-C'était de l'ironie Tobias, plus comme une question rhétorique. Mais tu devrais le rassurer, le calmer quand il est dans ce genre de situation, si tu ne trouves pas tes mots, un geste en vaut mille paraît-il donc tu fais ça !

Soudainement il me prend dans ses bras, puis caresse mon dos.

C'est ça un câlin ? C'est ce que Rose avait fait quand elle a vu Maximilian en vie. Je retiens le comportement qu'on doit avoir durant un câlin après que le blond m'ait lâché.

Avoir besoin d'autant d'attention et de soin pour ne pas perdre ses esprits est typiquement humain.

Pourtant je ne l'ai pas abandonné, chaque jour je vais le voir, que ce soit le matin ou la nuit et je le surveille dépendant de si il est réveillé ou pas.

Il murmurait par moment son nom et je savais qu'il faisait des cauchemars sur son frère.

Pour essayer de le calmer, je venais lui caresser le front avec la paume de ma main. Dans le long silence de quelques nuits, je pouvais entendre distinctement les battements de son cœur.

Les autres employés s'occupaient des tâches ménagères et de la surveillance. Marina était sur le dossier de Esben, travaillant toute la journée et presque la nuit aussi.

Ce n'est que vers le milieu de octobre que je commençais à me lasser de cette routine.

-Tobias tu m'écoutes ?

Je tourne la tête vers Nicolaj qui devait sûrement me parler depuis plusieurs minutes.

-Excuse moi Nicolaj, tu disais ?
-Les proches de monsieur ont appelés concernant son état actuel, Mademoiselle Løfte et Monsieur Vandlås ont demandés si il faisait quelque chose demain.
-Demain ? Il y a quelque chose d'important ?

Je le vois assez surpris de ma question mais cela ne l'empêche pas de sourire légèrement.

-C'est l'anniversaire de monsieur demain, je leur ai dit qu'il n'était pas en forme pour le fêter.

Son anniversaire ? Le fêter ? C'est une sorte de tradition de fêter ses 18 ans, le passage à l'âge adulte. Puis il doit faire en sorte d'être quelqu'un de normal et ça serait donné une satisfaction au traître de le voir si mal.

-Tu pense qu'on devrait le fêter ?
-Pour être honnête les autres aimeraient bien oui, le revoir sortir de sa chambre, le faire sourire même un peu serait une victoire pour nous.
-Alors arrêtez tout ce que vous faites et préparons un petit quelque chose pour monsieur !

Ce dernier me sourit grandement et va prévenir les autres de la nouvelle.

Quant à moi je monte dans le bureau de Maximilian, il me semble avoir vu un carton intéressant par là-bas.

Le lendemain tout était prêt, enfin presque, l'invité principale n'était juste pas encore au courant.

C'est alors que je vais le rejoindre dans sa chambre avec le courrier d'aujourd'hui, certains étant pour lui souhaiter un bon anniversaire. Il n'avait pas bouger de son lit.

Il ne semble pas me remarquer, j'ouvre donc les rideaux pour faire passer de la lumière dans cette pièce sombre.

-Aujourd'hui est un jour spécial hersker vous avez reçu beaucoup de courrier.

Il reste silencieux comme la plupart du temps que je viens lui tenir compagnie. Je retire sa couverture en commençant à ranger autour.

-Vos membres vont s'engourdir si vous restez dans ce lit et vos employés vous réclame.

Une fois de plus il ne dit rien. Je n'aime pas le voir comme ça, c'est un sentiment désagréable et étrange. C'est la première fois que je le ressens.

Je prends doucement sa main sans le quitter du regard.

-Je sais que Peter était une partie de vous, la perte d'un frère est douloureuse. Mais Maximilian Overhive n'est pas celui qui va se jeter du pont après un drame, c'est celui qui cherche l'ennemi pour le battre, n'est-ce pas ?

Pendant une seconde j'ai crû voir une étincelle de vie dans ses yeux, quelques choses dans mes paroles l'avaient ramenées dans le moment présent. C'est ça réconforter quelqu'un ?

-Vous voulez bien vous levez ? Au moins de quoi descendre les marches.

Il s'exécute après une petite pause et se redresse. Je profite pour l'habiller et le préparer avec aise.

Il se laisse totalement faire, son regard passant un peu partout dans la chambre. Je finis de le changer et me lève en lui tendant ma main.

-Vous venez ?

Je commençais peu à peu à être inquiet. Il n'avait toujours pas dit un mot depuis qu'il est tombé en phase dépression.

Je sais que ce genre de chose arrive aux humains, il pourrait être muet toute sa vie.

Il prend ma main et je le guide en dehors de sa chambre. Je le vois galérer à se déplacer alors je l'aide doucement en le tenant près de moi.

Une fois vers les escaliers, les employés se montrent avec un grand sourire, une surprise ayant été accomplie.

-Vous acceptez de descendre alors ?

Son visage est couvert de légère perles de larmes que j'essuie avec mon pouce, lui offrant un doux sourire.

-Oui..

Il a enfin parler.

Rien que sa voix a eu le don d'émerger en moi, un sentiment de bien-être et de soulagement. Il va mieux, il ira mieux, il lui faut juste du temps.

Maudis-moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant