[Chapitre 3]

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Le reste de la journée est plus calme, je fais de mon mieux d'agir, me comporter et parler comme ces humains.

Une tâche pas si facile mais pas impossible. Ce hersker s'étant réveillé tard passe peu de temps en dehors de sa chambre.

Ce n'est que le lendemain qu'il se reprends lentement à un rythme de vie régulier. Je l'habille une fois de plus après sa douche matinale.

-On va parler des prochains jours maintenant, il faudra que tu trouve des domestiques pour entretenir la maison.
-Je peux m'en occuper tout seul.
-Mais ça serait suspect, je veux que personne ne se doute de ta vraie nature c'est un atout majeur.

Et toi, tu es paranoïaque.

-Bien hersker.
-Quand tu les aura trouvé je ne veux pas d'eux dans ma chambre tu sera le seul à y avoir accès ainsi qu'à ma garde de robe.

Je ne fais que hocher la tête à sa requête et boutonne sa chemise blanche, faisant attention à chaque détails vestimentaires.

-Je te ferais une liste du ménage à faire, et il faudra me trouver un professeur pour continuer mes études.

Je descends vers ses chaussures dont je fais les lacets du mieux que je peux avant de lui répondre.

-Je peux vous faire la leçon si vous le souhaitez.
-Toi ? Professeur ?

Il m'en pense vraiment incapable d'être professeur ?

-Et bien j'ai acquis plusieurs connaissances en lisant toute votre bibliothèque.
-Ca ne fait pas de toi quelqu'un de spécialisé, je ne vois pas ce que tu pourrais m'apprendre.
-Et bien la politesse pour commencer étant donné que vos parents ont dû oublier ce détail dans votre éducation.

Ne tenant plus en compte ce que je devais être pour lui, mes mots se sont propagés dans toute la pièce, un silence s'imposant par la suite.

Aucun être ne m'avait autant rabaissé au statut où je dois prétendre appartenir. Je ne peux plus faire marche arrière de toute manière, le pacte avait été scellé.

D'un coup, il retire ma main de ses vêtements même si je n'avais pas terminé de l'habiller. Mon regard croise le sien, il était rempli en grande partie de tristesse mais aussi de colère.

Qu'est-ce que j'ai dit encore ?

-Écoute moi bien, tu es mon serviteur et je ne tolérerai pas que tu me parles de la sorte, c'est la dernière fois que tu me prends de haut c'est clair ?

Ma mâchoire se serre en entendant ce que ce vaut à rien venait de me dire. Je me retiens de faire un commentaire qui pourrait lui sembler désagréable et me courbe un peu comme pour faire une faible révérence.

-Désolé monsieur.
-Je préfère, maintenant va à tes occupations je vais finir tout seul.

Je me recule un peu en me redressant.

-Comme vous voudrez.

Je sors de la chambre et reste dans le couloir un moment, les poings serrer.

Klaphat. Klaphat. Klaphat.

Ingrat et irrespectueux, cet emmerdeur est instable et sentimental. Un humain énervant qui se croit supérieur à moi.

Il verra bien quand je vais prendre son âme, je ferais tout pour qu'il souffre durant le processus.

Je surveille malgré moi l'heure et jette un coup d'œil vers l'hôte. Il tremblait et était troublé.

-Monsieur ?

Mon intervention le fait sursauter, il ne s'attendait peut-être pas à ce que je soit encore ici.

-N'oubliez pas votre petit-déjeuner.
-Oh...oui c'est vrai, j'arrive tout de suite.

Je ne rajoute pas un mot et part dans le hall, attendant qu'il finisse de manger et qu'il m'appelle.

Après plusieurs minutes, il me fait visiter une pièce dont je n'avais pas pu entrer plutôt.

-C'est le bureau de mon père mais dorénavant le mien, le ménage doit être fait avec soins mais personne ne doit fouiller les documents, ils sont confidentiels.

J'observe la pièce de toute sa splendeur, assez neutre sur les couleurs, une baie vitrée présente menant vers le jardin extérieur.

-Ils concernent quoi ?
-Le travail de la boîte, les futurs projets..
-Vous comptez tout reprendre ?
-Évidemment, je ne vais pas laisser quelqu'un d'autre gérer l'entreprise de mon père

Et bien, il ne cessera pas de me surprendre.

Je ne sais pas si il est fou, suicidaire ou courageux. Peut-être les trois en même temps tient.

Je continue de le suivre, il me conduit vers une chambre. Je reste cependant distant envers lui.

-De même pour celle-ci je veux que tout soit rangée et nettoyée.
-Quelqu'un va l'habiter ?
-Non, je donnerais les chambres d'amis aux servants mais personne ne doit venir ici en dehors du ménage.
-Je retiens.

Tout cela me déplaît en effet et je ne me force pas de le cacher, il me faut de la main d'oeuvres.

Il me montre une dernière chambre décorée de façon enfantine avec des jouets rangés dans un coin.

-La chambre du petit sur les portraits avec vous ?
-Non c'est un débarras ici, essaye d'en faire quelque chose, ce que tu veux, j'en ai rien à faire.
-Comme vous voudrez.

Il sort de la chambre et le suit en la refermant. C'était la chambre du petit j'imagine. Certains dessins étaient signés d'un P suivit du nom de la famille Overhive.

Je lui fait face quand il s'assoit un moment et le voit grimacer une fois de plus.

-Encore votre blessure ?
-Ouais je crois qu'elle a dû s'infecter avant qu'on la soigne..
-Laissez moi voir, à moins que là aussi vous ne vouliez un vrai médecin ?
-Nan merci c'est déjà assez humiliant comme ça.

J'examine sa plaie en affichant un léger sourire. Oui le voir si faible me satisfait totalement.

-Je pourrais aussi vous soigner plus facilement si vous n'étiez pas si têtu.
-Je ne veux pas de ta magie sur moi je t'ai dit.

Je lève mes yeux sur lui, haussant un sourcil envers ses faits illogiques.

-Pourquoi vous préférez la difficulté à la faciliter ?
-Car c'est comme ça qu'on m'a apprit à vivre, si je m'habitue à l'aise que me donne tes dons, quand j'en serrais privé je serais vulnérable.

Je le fixe un moment avant de changer le bandage sans faire un seul commentaire.

Il détient le pouvoir, il est au creux de sa main mais il décide simplement de ne pas en faire usage ?

Aucune chance qu'on puisse s'entendre un jour.

Maudis-moi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant