Chapitre III

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« Tu auras besoin de ta force en enfer. »

Je ne compte plus les jours et les semaines passés sur cet horrible bateau. Aujourd'hui c'est le jour du lavage. Les Blancs viennent nous chercher et nous font monter sur le pont. Je titube et manque de tomber plusieurs fois. Revoir la lumière de jour m'éblouit, je mets ma main en visière et essaie de scruter l'horizon. Il n'y a que de l'eau à perte de vue. Je suis seule, captive, au milieu de l'eau, en chemin vers l'enfer. Je me retiens de vomir face à cette vision d'horreur qu'est la solitude et l'enfer.
Une fois alignés, les Blancs nous passe un jet d'eau puissant dessus et rigolant et en jurant. S'en est trop ! Je lève mes poings vers le ciel et commence à fredonner un air typiquement de notre région, puis je me mets à chanter fort. Les Blancs cessent de rire et nous observent. De nombreuses personnes me suivent, en levant les poings et chantant eux aussi.
Un Blanc saisi mon bras et m'attire vers le premier rang. Les autres chantent de plus belle et plus fort encore. L'homme au jet le dirige vers moi et me l'envois en pleine face. J'ai l'impression de mourir, de me noyer. La force de l'impact me pousse vers l'arrière m'empêchant de me relever. Je me débat autant que mes chaînes me le permettent.
Le jet s'arrête soudain. Un autre homme arrive et me saisi les joues de ces mains sales. Il rapproche sa tête ignoble de mon visage et dit :

Homme balafré : Elle nous rapportera un bon prix ! Elle est forte, belle et jeune, mais faites lui comprendre que lancer une rébellion est une mauvaise idée.

Je m'étonne moi même à avoir compris ce qu'il a dit et un frisson me parcours le corps. Il regarde mes lèvres et passe son doigt râpeux dessus. Tout à coup il colle ses horrible lèvres sur les miennes et enfourne sa la langue dans ma bouche. J'ai cru vomir, son haleine me donne des hauts le cœurs tandis que son geste me surprend. Il me relâche brusquement en disant :

Homme balafré : Ne la nourrissez pas pendant une semaine et pas d'eau pendant deux jours.

Il tourne la tête pour regarder ces hommes, c'est la que je remarque une balafre sur son cou. Il pose de nouveau son regard sur moi et me chuchote :

Homme balafré : Si tu veux éviter ces punitions et la torture, tu ferais mieux de me suivre dans ma cabine. Je ne force pas les bêtes, je les dresse.

Il a dit cette dernière phrase avec un sourire carnassier. J'ai très bien compris le message mais je refuse de m'abaisser à ça. En guise de réponse je lui crache dessus et lui montre mes dents. Quitte à ce qu'il pense que je suis une bête autant agir comme tel.

Homme balafré : Tu l'auras voulu nègresse !

Il me saisi le bras et me force à me relever, je vois mes compagnons se faire frotter violemment pour être nettoyer, même si certains ont des blessures, les hommes frottent sur les blessures avec un sourire mauvais. L'homme m'attire jusqu'au centre du bateau où il me jette au sol.

Homme balafré : Je veux qu'elle souffre ! 17 coups de fouet et ensuite elle sera privé d'eau et de nourriture !

Un autre homme s'approche de moi avec un fouet à la main. En observant bien le fouet, j'y vois des clous accrochés dessus. Le coup est si violent que je ne peux plus bouger. Je refuse de crier. L'homme balafré a l'air satisfait. Mais je refuse de crier. Le fouet s'abat une nouvelle fois sur mon dos dénudé, encore et encore. Après cela on me ramène sans ménagement dans le sous-sol du bateau. La femme à côté de moi me chuchote :

Femme : Tu es forte mon enfant, mais préserve toi, tu auras besoin de ta force en enfer. Ne fais pas comme ces gens qui ont choisi la mort en se jetant du bateau. Reste comme tu es et ne faiblis pas.

Moi : Je ne faiblirais pas, je vous le promets.

Le reste du voyage est dur, les jours suivant ma punition, je n'étais pas nourrie, je ne parlais pas non plus, je refusais de les faire gagnés.
Un jour les hommes blancs se mirent à crier « terre, terre ! » nous savions alors, que nous sommes arrivés, aux portes des enfers...

La Canne à SucreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant