1 | a face on a lover

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Bonne lecture !

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Last Christmas, I gave you my heart
But the very next day you gave it away

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Kuroo avait du mal à s'empêcher de sourire.

Il marchait sous la neige, les mains dans les poches de sa veste, et sentait son excitation croître de seconde en seconde. Il était un peu stressé, au fond, mais c'était un bon stress, celui qui lui faisait mal aux joues et qui lui serrait un peu l'estomac. Il avait hâte, et même en étant un peu en retard il souriait toujours aux passants qu'il croisait, leur souhaitant un joyeux Noël au passage.

Kuroo venait tout juste de sortir du boulot, et en partant tous ses collègues lui avaient souhaité bonne chance. Kenma aussi lui avait envoyé un message dans l'après-midi pour lui demander s'il était vraiment certain de vouloir faire ça ce soir, et il avait répondu à son ami qu'il était plus certain que jamais.

Sa main alla naturellement trouver la petite boite perdue au milieu de tout le bazar qu'il rentrait dans ses poches, et son sourire s'agrandit encore. Il avait presque envie de se mettre à danser comme dans l'une de ses mauvaises comédies musicales, mais il était décidément déjà trop en retard alors il se contenta d'accélérer.

Ses cheveux étaient pleins de flocons, et il fut un peu déçu d'arriver au restaurant avec les mèches trempées et aplaties. Ce n'était pas tellement le jour pour paraître encore plus négligé qu'il l'était habituellement, mais tout en refusant de donner son manteau au serveur il décida que cela n'était pas bien grave.

À l'intérieur, il faisait bien meilleur et le froid de ses joues laissa rapidement place à un picotement agréable ; il balaya la pièce du regard et ne mit pas longtemps à repérer ce qu'il cherchait.

– C'est bon, je l'ai trouvé, annonça-t-il à la femme qui recherchait sa réservation dans le registre.

Il lui fit un sourire et s'éloigna sans attendre. Dans sa cage thoracique, son cœur battait à cent à l'heure. Il essuya ses mains moites sur son pantalon, et fut sur l'instant bien content que Daishou lui tourne le dos. Sans attendre plus longtemps, il passa à côté de lui et s'assit à la table.

Kuroo lui offrit une petite moue d'excuse et plaça son manteau sur le dossier de sa chaise.

– Je suis désolé, t'as attendu longtemps ?

Daishou croisa les bras sur son torse.

– Oh, juste vingt minutes.

Kuroo retint une grimace ; il n'avait pas l'air ravi. Ses sourcils froncés lui indiquèrent qu'il allait devoir se rattraper rapidement, et bien malgré lui il glissa sa main dans sa poche. La petite boite était encore là.

– Désolé, essaya-t-il en se passant distraitement une main dans les cheveux. Comme c'est noël, c'était le bordel au boulot et on a du....

Il remarqua que les traits de Daishou se froissèrent encore davantage et décida d'oublier la discussion travail.

– Enfin bref, je suis désolé. On devrait commander à boire, ça a été ta journée ?

Il parlait vite et avait la bouche sèche. Son plan était déjà entaché, et il n'avait pas encore réfléchi à quel moment il devait entrer en action. Sa main tremblante attrapa la carte des alcools et il se demanda si prendre du vin était une bonne idée ; il ne se souvenait jamais lequel Suguru aimait le plus.

Mais quand il remarqua que ce dernier le fixait toujours sans rien dire, les bras croisés, il reposa la carte.

– Ça va pas ? demanda-t-il.

Une sueur froide coula le long de son dos. Ce n'était peut-être pas le bon soir, si Daishou était de mauvaise humeur. Ce n'était pas vraiment la première fois qu'il était en retard, et son compagnon devait avoir l'habitude à force, alors il se demanda ce qu'il pouvait avoir...

Suguru soupira.

– Kuroo, écoute...

Et Kuroo écoutait parfaitement. Cela faisait un moment qu'ils avaient arrêté de s'appeler « Kuroo » et « Daishou ». En public peut-être, lorsqu'ils se battaient un peu pour ne pas perdre les bonnes habitudes, mais pas quand ils étaient tous les deux.

Regardant attentivement son visage, il essaya de trouver ce petit air railleur qu'il arborait continuellement avec lui, ou encore ce rictus amusé qui prouvait qu'être avec lui lui faisait quand même plaisir. Mais il n'y avait rien à part un air ennuyé et fatigué d'avance.

Il se pinça l'arête du nez.

– Je voulais pas faire ça comme ça, mais je crois que c'est mieux finalement.

– Quoi ? Faire quoi ?

Il avait croassé. Tout à coup, il trouva qu'il faisait chaud dans la pièce.

– Kuroo, c'est terminé.

Une pierre tomba dans son estomac, et il cligna des yeux.

– Hein ?

Le bruit du restaurant sembla presque disparaître, et son regard était fixé sur les lèvres de Daishou quand il répéta :

– C'est fini. Nous deux.

Kuroo continua de le fixer quelques secondes, essayant de récupérer ses pensées ; dans sa tête, il n'y avait plus que du blanc et un grand silence qui le figea tout entier. Parce que ce n'était pas en train d'arriver.

Quand Suguru commença à se redresser pour se lever, Kuroo abandonna la petite boite dans sa poche pour lui attraper la main.

– Non, attends. Pourquoi ?

Un soupir presque irrité passa ses lèvres, et il se rassit quelques secondes de plus.

– Kuroo, souffla-t-il en se dégageant, comme s'il ne voulait vraiment plus de contact venant de lui.

La chaleur de la salle le brûlait presque à présent, tant tout son corps était gelé. Il aurait pu se mettre à claquer des dents.

– Écoute, c'est terminé, c'est tout. Y'a pas vraiment de raison, juste...

Il ne voulait pas poser la question. Il ne voulait pas l'entendre dire « je ne t'aime plus ». Ça, c'était trop dur.

– D'accord.

Sa gorge était si nouée qu'il s'étonna lui même d'avoir pu répondre quelque chose. Daishou n'allait pas lui servir l'habituel « ce n'était pas ta faute » ou encore le « c'est pas toi c'est moi » comme il l'avait déjà tant de fois entendu. Kuroo était quelqu'un qui se faisait quitter, c'était ainsi. Il arrivait avec une bague de fiançailles dans sa poche, et repartait le cœur en berne et les larmes aux yeux.

Daishou le fixa un instant. Il faisait ça sobrement et rapidement, parce que les choses étaient comme ça et qu'il ne voyait pas l'intérêt de faire plus.

Et comme Kuroo n'aimait pas les scènes et n'avait jamais été du genre à s'accrocher désespérément, il hocha la tête.

– D'accord, répéta-t-il.

Suguru se leva.

– Je vais y aller. Bonne chance.

Ces derniers mots étaient un peu maladroits, et il enfila son manteau avec un regard triste. Quelques secondes plus tard, il avait disparu et Kuroo sortit la petite boite de sa poche.

Il la fixa sans rien, et ravala ses larmes.

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This year, to save me from tears
I'll give it to someone special

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Des bisous et à demain !

I gave you my heart || KuroShouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant