12. Jinah

36 4 0
                                    

— On y est, souffla Tan. J'ai du mal à y croire. C'était si simple.

    Jinah sourit au jeune homme. Ils allaient enfin obtenir l'emplacement de Dilia. Tan semblait anxieux. Il y avait de quoi. Même si tout portait à croire que son raisonnement était le bon, s'il s'était trompé sur le fait que le lieu où était la pierre était confié de générations en générations, il risquait d'avoir un sacré coup au moral. Jinah avait compris qu'il se sous-estimait énormément. Cela faisait maintenant deux semaines qu'ils se connaissaient. Et déjà, ils avaient traversé beaucoup de choses. Ils avaient fait connaissance, avaient appris à se faire suffisamment confiance, et Jinah ne pouvait s'empêcher de l'admirer pour sa logique et son ouverture d'esprit, notamment vis-à-vis d'Aédé.

    Ils arrivèrent enfin devant la porte d'une petite maison isolée. C'était un drôle de contraste. La ville s'étalait derrière eux, au milieu des champs, et la maison du descendant de Wayen se dressait seule, face à la cité. Ce Nazat devait vraiment être un phénomène.

    Tan leva le bras et frappa la porte. Un chahut leur parvint depuis l'intérieur, semblable à une montagne d'objets qui s'écroulait. Les deux jeunes s'entre-regardèrent, les sourcils froncés.

    — J'arrive ! leur lança une voix essoufflée.

    De nouveau, il y eut un fracas immense, faisant sursauter Jinah.

    — Monsieur Nazat ? demanda Tan. Est-ce que tout va bien ?

    La porte s'ouvrit alors sur un vieil homme, seulement habillé d'un tee-shirt blanc et d'un short noir. En les voyant, un sourire s'étira sur son visage comme s'ils n'étaient que de vieilles connaissances.

    — Entrez ! leur lança-t-il. Je faisais du tri dans mes placards. Désolé pour le désordre.

    Désordre était un mot encore bien trop faible pour ce que Jinah découvrit. À peine eut-elle fait un pas à l'intérieur qu'elle se sentit étouffer. Non seulement l'espace était minuscule, mais tout cet espace était enseveli sous des tonnes et des tonnes d'objets et de bibelots en tout genre. Apparemment, un tri était nécessaire dans toute la maison, pas juste dans les placards.

    Jinah fut prise de pitié pour ce vieil homme qui vivait seul au milieu des champs, incapable de gérer sa maisonnette. Nazat leur désigna le canapé qui croulait sous les journaux.

    — Je vais débarrasser tout ça. Installez-vous.

    Il se pencha, une main sur le dos. Jinah se précipita vers le meuble.

    — Laissez ! Je m'en occupe.

    Le vieillard lui sourit alors qu'elle déplaçait les piles de papiers du canapé au sol. Elle ne savait pas vraiment où les mettre autrement. Lorsqu'elle eut fini, Tan et elle s'assirent face à l'homme qui s'était posé dans un fauteuil qui était déjà débarrassé. Jinah se dit qu'il devait le conserver vide pour son usage personnel.

    — Monsieur, commença Tan. Nous sommes les Élus d'Aédé. Je m'appelle Tan et voici Jinah.

    Le sourire de Nazat fondit comme neige au soleil. Jinah échangea un regard inquiet avec Tan. Le vieillard s'était figé, l'expression perdue, comme si tout lui échappait. Tan se pencha en avant.

    — Monsieur, je pense que vous détenez une information qui...

    — Non ! s'énerva-t-il soudain.

    Jinah sursauta et Tan s'enfonça dans le canapé.

    — Je ne le dirais plus ! continua Nazat. La dernière fois il est parti.

La Légende d'AédéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant