La Légende d'Aédé

23. Jinah

Quand Jinah ouvrit les yeux, son premier réflexe fut de regarder autour d'elle pour savoir où elle était. Elle n'avait aucun souvenir de comment elle s'était retrouvée dans un lit qui en plus était honteusement confortable. À côté de ça, les lits du château de Kahara ressemblaient à des tas de paille. 

    Elle se redressa difficilement et constata que ses bras étaient légèrement rouges. Elle se trouvait dans une sorte de chambre aux murs gris décorés de bas-reliefs en or. Le sol était fait de bois clair et mis à part le lit, il n'y avait aucun meuble. Elle se leva et chancela. Sa tête lui tournait un peu mais elle se sentait bien mieux qu'avant, comme si elle n'avait jamais respiré le poison de Lacènt. La porte face au lit s'ouvrit alors. Une femme habillée d'une robe verte à capuche entra avec un plateau sur lequel se trouvaient diverses fioles et bouteilles, ainsi qu'un bol de soupe. Jinah l'observa s'approcher et poser le plateau sur la petite commode. Jinah fronça les sourcils, il n'y avait pas de commode... Du moins elle n'en avait vu aucune à son réveil. Comment était-elle arrivée là ?

    — Tu es enfin réveillée, constata la femme.

    Sa voix était douce et apaisante et Jinah se sentit aussitôt à l'aise. Elle s'assit sur le lit alors que la femme s'approchait d'elle.

    — Tu as eu beaucoup de chance. Tes amis sont arrivés à temps ici, nous avons pu te purifier.

    — Mes amis ? répéta Jinah. Me purifier ?

    Jinah put voir la femme sourire dans l'ombre de sa capuche. 

    — La toxine a quitté ton corps riya. Tu es saine et sauve. Tu devrais boire la soupe.

    Elle n'ajouta rien de plus et sortit de la chambre. Jinah observa la porte qu'elle venait de franchir. Elle mit un moment avant de comprendre que la porte n'était plus face au lit mais à gauche. Elle se frotta le crâne. Soit elle avait des hallucinations, soit on lui jouait un mauvais tour. Et puis qui étaient ces "amis" ? Elle ne connaissait que Tan. Tout en réfléchissant, elle prit le bol de soupe et commença à boire. 

    C'était chaud mais délicieux. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il y avait comme légumes dedans mais se contenta de boire entièrement le bol. Elle ne s'en était pas rendu compte mais elle avait très faim et ce bol ne l'avait qu'à moitié rassasiée. Elle se leva de nouveau et se mit face au mur par lequel la femme était entrée. Elle passa sa main dessus. Aucune trace d'une quelconque porte. Un bruit la fit sursauter. À sa droite, une porte s'était ouverte, laissant passer une autre femme. 

    — Comment te sens-tu Jinah ? demanda-t-elle.

    — B-bien, je crois. Comment connaissez-vous mon nom ?

    — Pourquoi ne le sais-tu pas ?

    Jinah ne sut quoi répondre. Elle était encore trop endormie et sonnée pour chercher à comprendre.

    — Vous êtes arrivés hier soir et nous t'avons aussitôt pris en charge. L'Élu d'Obsèl s'inquiétait énormément pour toi. Ils t'attendent dans le salon du deuxième étage.

    Sur ces mots elle ouvrit la porte et lui fit signe de la suivre. La jeune fille jeta un dernier regard à la chambre puis rejoignit la femme. Elles longèrent un long couloir décoré d'objets que Jinah ne pouvait identifier. 

    Elle leva la tête vers la femme qui avançait tête droite, regard rivé sur le bout du couloir. 

    — Je pense connaître la réponse mais où sommes-nous ?

    —Témé di kaharal Elé. Le temple du Royaume de Kahara. 

    — Vous êtes une Prêtresse ?