17. Jinah

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Dilia, la pierre perdue, était enfin en leur possession. Jinah n'aurait su décrire la sensation que lui procurait cette découverte. Elle tourna la pierre entre ses doigts pendant que Tan sortait quelque chose à manger. Ils avaient décidé de passer la nuit dans la petite grotte avant de repartir le lendemain vers Kahara. Jinah avait réussi à faire un feu qui éclairait toute la cavité et procurait d'étranges reflets à la pierre.

    — Qu'est-ce que ça te fait à toi ? demanda-t-elle à Tan. De savoir que nous sommes les premiers à la tenir dans nos mains depuis le vieux Roi d'Obsèl ?

    Le jeune homme la fixa un instant en se grattant la tête.

    — Je n'y ai pas vraiment réfléchi. J'ai du mal à m'y faire à vrai dire. C'est... incroyable.

    Jinah hocha la tête en silence. Ils décidèrent de mettre Dilia dans la poche de la veste de Tan et mangèrent. Ils discutèrent un peu puis s'allongèrent sur le sol. Jinah avait eu l'idée de sortir les vêtements qu'ils avaient emportés pour s'en faire un lit. Ce n'était pas le plus confortable mais ils allaient devoir s'en contenter pour cette nuit.

    Lorsque Jinah ferma les yeux, il ne fallut pas plus de quelques secondes pour qu'elle se retrouve dans une salle animée. L'endroit était luxueux, les murs étaient décorés de détails et de fioritures en or, un gigantesque lustre en cristal trônait au milieu du plafond et le parquet ciré craquait légèrement sous les pas des invités. 

    Beaucoup dansaient au rythme d'une valse et Jinah s'aperçut qu'elle aussi dansait dans les bras d'un parfait inconnu. Le jeune homme était blond aux yeux gris argentés – c'était probablement un mélènois – et arborait un visage rieur. Jinah entrouvrit les lèvres pour parler mais l'inconnu la coupa :

    — Un problème ? Vous semblez distraite.

    — Euh... je...

    Elle ne sut quoi répondre, trop occupée à suivre les mouvements de son partenaire. Elle était étonnée de voir qu'elle connaissait parfaitement la danse. Alors qu'il la faisait pivoter, un autre jeune homme s'approcha. Jinah retint son souffle en le reconnaissant. Le nouveau venu posa sa main sur l'épaule du blond.

    — Vous permettez ?

    — Bien sûr.

    Le blond laissa sa place et s'éloigna. Jinah se retrouva donc à danser avec le brun.

    — Tan ? Tu es dans mon rêve ? Ou moi dans le tien ?

    Tan rit, amusé.

    — Qu'est-ce que c'est que cette histoire de rêve dont vous me parlez ?

    — Ce rêve, bredouilla Jinah, perplexe. Cela nous est déjà arrivé.

    — Je ne pense pas. Nous ne nous connaissons que depuis hier.

    Jinah resta bouche bée. Cela n'avait aucun sens. Mais ce n'était qu'un rêve après tout.

    — Vous êtes magnifique, murmura Tan.

    — Oh ! souffla Jinah en rougissant. C'est très gentil, merci.

    Elle baissa les yeux, gênée. Elle n'y avait pas prêté attention mais comme toutes les dames de la pièce, elle portait une robe comme celles que portaient les femmes de la très haute société, les Reines et Princesses. La sienne était bleue claire, décorée de broderie en argent. Ses cheveux étaient attachés en un chignon décoiffé d'où s'échappaient quelques mèches rebelles. Savoir que Tan, aussi irréel soit-il, la trouvait belle, lui procura une douce sensation de bonheur. 

La Légende d'AédéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant