~Chapitre 22~

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Le brun avait passé la fin de semaine à continuer à éviter Damien autant qu'il le pouvait, sous les regards très indiscrets de Jordan et ses sous-entendus qui l'étaient encore plus. Il devait avouer qu'à certains moment il regrettait clairement de s'être confier au faux-blond mais la plupart du temps il trouvait appréciable le fait qu'il puisse rappeler à Jordan à quel point il s'en voulait de s'être enfuit du toit dimanche soir.
Maintenant que les cours de cette semaine étaient terminés, Thomas fixait indirectement les reflets des derniers rayons de soleil qui arrivaient à passer à travers les ouvertures de son volet encore fermés en ce vendredi après-midi.

En réalité il laissait son regard se perdre quelque part sans aucune raison à part qu'il était encore perdu dans ses pensées comme cela lui arrivait souvent.
Le soleil commençait déjà à choir dans le ciel qui prenait sa teinte orangeâtre  très éphémère de transition entre le jour et la nuit, alors que les pensées de Thomas restaient figées sur le même sujet.
Tout comme son regard et ses pensées, il était lui-même perdu dans cette situation, il eu alors l'envie de faire quelque chose qu'il faisait dès qu'il avait fait une bêtise quand il était petit, c'est-à-dire tout raconter à sa sœur.
Dans ce genre de moments elle faisait soudainement preuve d'une maturité qui continuait à le surprendre encore aujourd'hui.
C'est quelque chose qu'il n'avait pas dû refaire depuis son entrée au collège mais il avait besoin d'avoir le point de vue et surtout les solutions qu'arrivait à lui proposer sa sœur dans ce genre de situations.
Il se leva enfin de son lit, des fourmis dans les jambes à force d'être resté immobile si longtemps puis toqua à la porte fermée de sa sœur.
Il n'était même pas sûr qu'elle soit là mais tenta quand même.

« Tu veux quoi Thomas ? »

Cette simple phrase prononcée par la voix aiguë et blasée de sa sœur qui traversa la porte suffit à lui confirmer sa présence.

«-Je peux entrer ? Je dois te parler...à la fin de sa phrase il entendit clairement sa sœur soupirer derrière la porte. »

Avec le temps, il avait fini par prendre ça pour des autorisations, il entra donc sans réellement attendre de réponse.
Sa sœur releva la tête du livre qu'elle lisait avant de le poser sur la table de chevet à ses cotés avant de soupirer une nouvelle fois.

« -La dernière fois que tu m'as dit que tu devais me parler avec ce ton t'avais fait tomber ton ballon chez le voisin et t'avais peur d'aller le chercher, c'est quoi cette fois-ci ? demanda sa grande sœur avec un ton atrocement condescendent.

-Romane, j'avais 7 ans quand c'est arrivé et non cette fois c'est pas parce que j'ai perdu mon ballon. »

A l'intonation de sa voix, sa sœur sentit qu'il était réellement sérieux et l'observa avant de sourire et de faire de la place sur son lit en face d'elle.
Thomas s'installa instinctivement et commença à chercher la manière dont il allait lui raconter les faits.
Il n'allait pas lui mentir, simplement transformer et omettre quelques détails de la vérité, il songeait réellement que certaines choses feraient mieux de rester entre lui et ses amis.
Il relata donc les faits à sa manière, sans évoquer ses sorties nocturnes et encore moins le fait qu'il soit rentré dans son lycée de manière pas tout à fait légale, toujours en plein milieu de la nuit.
Sa sœur hochait la tête en marmonnant et l'interrompait à coup de ses phrases presque philosophiques que Thomas comprenait à peine mais jugeait utiles.

Quand il eut fini de raconter son récit, il s'attendait à ce que sa sœur lui fasse une de ses synthèses philosophiques qu'il comprenait toujours qu'au bout de la deuxième fois mais elle se contenta de lui répondre :

«Si la personne te manque il faut lui dire. »

Elle avait dit cela en haussant les épaules, comme si la situation était aussi facile de son point de vue,le fait qu'elle ignore beaucoup de détails de cette histoire joue peut-être dans son manque d'objectivité.
Il sortit de la chambre de sa sœur, resta appuyé sur quelques secondes contre la porte avant de regagner sa chambre.
La pièce qui était encore baignée des dernières lueurs du jour quand il l'avait quitté était désormais plongée dans une mince pénombre.Il s'installa en tailleur sur son lit, distinguant les meubles autour de lui grâce à la lumière artificielle du couloir adjacent.
Au fond, même si sa sœur ne connaissait pas totalement l'histoire, elle avait raison, Damien lui manquait terriblement et il mourait d'envie de lui parler et la peur que le plus grand lui en veuille commençait enfin à s'effacer.

Plus tard,il ferma la porte de chambre, plongeant l'endroit dans une obscurité totale et dans le calme d'un appartement en pleine nuit.
S'abîmant les yeux à cause de la luminosité élevée de l'écran il faisait défiler la conversation qu'il avait avec le châtain, inactive depuis presque une semaine.
Il redescendit tout en bas de celle-ci avant de regarder à nouveau leurs tout derniers messages.
Thomas se mit alors à taper sur son clavier sans trop réfléchir peut-être à cause de la fatigue ou juste parce qu'il avait envie, cependant il mit beaucoup plus de temps à réfléchir avant d'envoyer son message. Son doigt stagnait au-dessus du bouton « envoyer » avant de finalement appuyer dessus sans grande sûreté.

Thomas
Je suis désolé pour dimanche matin, je voulais pas partir comme ça

Ça y est, il avait suivi les conseils de sa sœur et il allait vite voir quel résultat il allait en obtenir.

Evidemment la réponse ne vint pas immédiatement et pendant ce laps de temps où la moindre minute semblait trop longue et où il consultait son téléphone tout les millièmes de secondes il s'imaginait un milliard de scénarios.
Quand enfin il vit le nom du plus grand s'afficher sur son écran il avait envie d'aller chercher sa sœur chez son petit ami rien que pour la remercier.

Damien
Je t'attends devant ce soir ?

Typiquement un message de Damien, un message imprévisible, qui ne demande aucune explication et qui veux juste que la situation redevienne comme avant comme si rien ne s'était passé.

En lisant ce message anodin Thomas eu l'impression que ça faisait une éternité qu'il n'avait pas souri bêtement devant son écran.

Jour d'Automne [Tᴇʀʀᴀɪɴᴋ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant