~Chapitre 23~

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Le métal glacé du réverbère entre les deux omoplates de Damien ne lui faisait absolument rien cette nuit, soit par habitude ou parce qu'il se concentrait sur autre chose, dans tous les cas il s'en préoccupait nullement.
Il observait la porte en face de lui en tapotant nerveusement et régulièrement sur le dos de son téléphone.

Quand enfin il vit l'ombre discrète de Thomas se mélanger avec le reflet de la lune à son apogée dans le verre de la porte, son rythme cardiaque recommença à s'emballer anormalement.
Encore une fois, cette même porte claqua quand le brun la laissa se refermer derrière lui, à vrai dire rien que ce bruit pourtant tout sauf mélodique lui avait manqué.

A présent, Thomas se tenait à nouveau juste devant lui, celui-ci se mit à fixer ses chaussures en se balançant sur ses deux pieds pour apaiser le stress qui le gagnait.
Quand il releva enfin la tête pour croiser le regard du grand châtain juste en face, il esquissa un de ses sourires un peu gênée en se mordillant la lèvre jusqu'à se faire mal.
Le plus grand voulait vraiment se frapper pour avoir succomber aussi vite, rien qu'un de ses sourires était capable de lui faire oublier les deux semaines précédentes.

Un courant d'air s'immisça entre l'espace qui les séparait pour emporter lui avec la tension et la gêne qui subsistait entre eux deux, car même s'il ne se le disait pas et qu'ils n'avoueraient probablement jamais, le regard bleu cobalt de Damien avait affreusement manqué à Thomas et le petit sourire qu'esquissait Thomas lorsqu'il était embarré avait affreusement manqué à Damien.
Ce simple échange de regard avait été capable de faire revenir leur complicité instantanément et avait été suffisant pour qu'ils partent dans un de leurs fou-rires.

Ils se mirent à remonter la rue de Thomas sous le mélange de la lumière criarde des réverbères, de celle douce des quelques illuminations de Noel clignotantes qui couronnaient les rues et celles aveuglantes des phares des rares voitures qui les frôlaient à une heure pareille.
Tout en marchant, leur jeu de regard inconscient s'exécutait à nouveau, chacun s'amusait à observer l'autre puis à détourner le regard avant qu'ils ne se croisent.

Damien aurait pu faire une liste de tous les petits détails qu'il avait observé chez le plus petit, sa démarche un peu moins hésitante au fil des sorties, son sourire franc et enfantin qu'il abordait dès qu'il lui parlait, ses yeux qui prenait des étranges reflets ambres à la lumière et ses boucles brunes qu'il repoussait éternellement du devant de ses yeux entre autre.
Ce genre de petits détails qui faisait qu'il en était tombé amoureux.
De son coté, Thomas aussi observait le plus grand et remarquait chaque détails de son allure, toujours sa démarche nonchalante avec ses deux mains continuellement amarrées dans le fond de ses poches, ses cheveux dont les reflets brillaient beaucoup trop à cause du gel, ses joues qui prenaient une teinte pourpre qu'il trouvait extrêmement mignonne au point qu'il commençait même à douter de ses sentiments vis-à-vis de Damien.

Et alors, tandis que le silence qui régnait s'étendait dans la noirceur de la nuit, Thomas finit par le briser pour poser son éternelle question au plus grand :
« -Cette fois, tu m'emmènes où ? questionna t'il avec presque une petite pointe d'ironie et d'amusement dans la voix. »

Presque immédiatement Damien fit volte-face pour lui répondre en plantant son regard dans le sien et en arborant un sourire en coin peu dissimuler :
« -Je compte retourner sur le toit du lycée,...tu me suis toujours ? lui dit t-il en articulant distinctement chacunes de ses paroles.

-Oui. Je te suis toujours. Lui riposta le brun immédiatement en soutenant le regard du châtain.

Le plus grand finit par briser ce combat de regard en levant les yeux au ciel tout en soupirant dans un sourire avant de se remettre dos au plus petit.
Ils se remirent à marcher, l'un à coté de l'autre cette fois-ci toujours en empruntant ce trajet qu'ils ne connaissaient que trop bien.
Tandis que Damien marchait tranquillement comme à son habitude, Thomas commençait à crisper ses mains dans sa veste au fur et à mesure qu'il apercevait les grands bâtiments qui constituaient le lycée à l'horizon.
Il avait l'impression que seul le bruit de ses pas sur le pavé du centre-ville et celui de son cœur battant s'entendaient.
Il s'approchait des trois bâtiments qui étaient grisâtres en journée et qui étaient à la limite lugubre en pleine nuit.
La grille à l'entrée lui parut soudainement beaucoup plus grande que la dernière fois qu'ils étaient venus en pleine nuit et sa respiration s'accéléra pour venir se mêler au vent qui soufflait.
Une fois vraiment au pied de cette même grille, c'était sûrement sa dernière chance de revenir en arrière et de rentrer chez lui avant de refaire la même erreur que la dernière fois.

Jour d'Automne [Tᴇʀʀᴀɪɴᴋ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant