Chapitre 20

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Deux jours plus tard, Chris et moi avons l'autorisation de quitter l'hôpital. Je m'empresse donc d'appeler Lou pour qu'elle vienne nous chercher et nous déposer à la maison. 

Une fois la porte franchie en fin d'après-midi, Lou nous demande de l'appeler si nous avons besoin de quoi que ce soit puis elle nous laisse tranquille. J'aime tellement mon amie, discrète et serviable. 

J'entends Chris soupirer lorsqu'il s'assoit dans le canapé et il me dit:

- Ça fait tellement de bien d'être chez soi.

- A qui le dis-tu?! lui répondis-je

- Tu veux que je commande pizza pour ce soir? me propose Chris

- Volontiers, je ne pense pouvoir rien cuisiner aujourd'hui. 

- On va y aller doucement, les tâches ménagères attendront quelques jours que tu te remettes et j'espère vite pouvoir retirer ce plâtre qui pèse une tonne.

Il me fait rire, enfin toujours difficilement. Je lui réponds donc:

- Ne t'inquiète pas, je vais prendre soins de nous, d'ici demain, je devrais pouvoir cuisiner quelques plats. Il faut que je me remette vite, je ne peux pas me permettre qu'on me remplace trop longtemps au cabaret.

Chris me stoppe directement:

- Azélie, tu sais parfaitement que Nina ne dira rien sur ton absence. Il est normal que tu te remettes avant de reprendre. De toute façon, tu ne peux pas chanter et encore moins danser, respirer te fait souffrir et si tu souffres, je souffre. 

- Chris, dis-je toute émue par ses paroles, ça va aller pour moi, ne t'en fais pas, je sais que les côtes c'est plutôt long à guérir, mais tu sais comme moi que je ne sais pas rester sans rien faire et qu'il va falloir rapidement que je puisse être utile, même si ce n'est pas sur scène. 

- J'ai confiance en toi, mais pour les semaines à venir, tu dois te reposer. Et quoi de mieux que d'être coincée quelque part avec un homme comme moi?

Je lui souris. Il me rend heureuse. C'est le soleil qui manquait à ma vie après le désastre de Baptiste. 

Les jours passent et se suivent, se ressemblent, je commence à m'ennuyer et à avoir épuisé tout le stock de livres de la bibliothèque. J'ai travaillé mes cours, je suis à jour et je n'aurais pas de retard. Ça fait maintenant presque un mois que nous sommes à la maison, le médecin m'a donné l'autorisation de reprendre les tâches quotidiennes, même si je le faisais déjà, je me suis bien gardée de le lui dire. Je soupire et me lève du canapé, je vais jusque la cuisine me chercher à boire, je demande à Chris s'il veut quelque chose mais il me répond par la négative. De retour dans le salon, je me penche au dessus de son épaule et dépose un baiser sous son oreille. Chris grogne de plaisir, je le vois sourire. Je contourne donc le canapé et viens m'asseoir sur lui, je prends les devants et l'embrasse tendrement, j'ai envie de plus, ça fait tellement longtemps, mais rapidement Chris me repousse, j'en reste une fois de plus bouche bée.

- Mais qu'est-ce qui t'arrive à la fin?! lui demandais-je sur la défensive.

- Azélie, tu es encore fragile, je ne veux pas te faire mal.

- Mais bon sang Chris, criais-je en me relevant, ça fait deux fois en trois jours que tu me repousses. Le médecin m'a clairement dit que j'allais mieux, la radio de contrôle a montré que c'était remis, qu'est-ce qu'il te faut de plus?

- Écoutes...

- Non, je ne t'écoutes pas, j'en ai marre de ton comportement, j'en souffres. Quand tu seras décidé, tu me feras signe.

- Azélie attends!

Mais trop tard, je me dirige comme une furie dans ma chambre, je prends la valise qui se trouve sous mon lit et fourre quelques affaires dedans sans prendre la peine de les plier. Je la ferme avec fureur et me dirige vers la porte, je saisis mes clés de voiture et de maison et sort en trombe sans me retourner sous les supplications de Chris. J'ai besoin de respirer. 

Je roule en direction de chez Anaëlle, contrairement à Lou, elle restera neutre puisqu'elle ne connaît pas plus que ça Chris. En arrivant, je m'excuse de la déranger et lui demande son hospitalité pour quelques jours. Avec soulagement, elle accepte. Lorsque je rentre dans son salon et que je m'assois, je m'effondre, en larmes. Anaëlle s'approche de moi lentement, pose sa main sur mon dos et je me sers contre elle, elle finit par me prendre dans ses bras et me dit:

- Raconte-moi tout. 

- C'est Chris... Il... Ça fait deux fois qu'il me repousse...

- Qu'il te repousse? Comment ça?

- Il ne veut plus... tu sais... qu'on fasse l'amour, chuchotais-je rougissante.

-Oh ça...

- Oui ça! Tu te rends compte? Tout ça parce qu'il a peur de me faire mal! Alors que tout prouve que je suis quasiment remise.

- Il a peut-être vraiment peur...

- Oh je t'en prie Anaëlle... ça fait un mois, que nous sommes collés l'un à l'autre, c'est à peine s'il me regarde ces derniers jours. J'ai peur qu'il se soit lassé de moi.

Je fond en larmes de nouveau.

- Mais non, ne dis pas de bêtises, ça va passer. Je l'ai vu dans son regard qu'il était fou amoureux de toi.

- Alors comment tu expliques qu'il me repousse comme ça?

- C'est juste un passage à vide, je suis certaine que ça va s'arranger.

- J'aimerai bien te croire... En tout cas merci de m'accueillir chez toi, changeais-je de sujet.

- Je t'en prie, tu sais que tu es la bienvenue. Chris sait que tu es ici?

- Non et je t'interdit de le lui dire.

- Comment veux-tu que je le prévienne? Je n'ai pas son numéro et je ne vais pas me pointer chez vous, me dit-elle en riant.

- Tu as raison, souriais-je tristement.

- Tu devrais aller te reposer dans la chambre d'amis, le lit est déjà prêt. Je vais préparer à manger.

- Merci, je t'adore.

Je me dirige vers la chambre en soupirant. Je pose ma valise près de la garde robe et me laisse tomber sur le lit. Un gémissement m'arrache la gorge, je n'aurais pas dû, mais je ne m'en formalise pas, mon cœur me fait bien plus souffrir que mes côtes. C'est sur des pensées sombres, que je finis par m'endormir. 


Il a changé ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant