Il a changé ma vie

Chapitre 21

Trois jours plus tard, je souhaite remercier Anaëlle pour son hospitalité comme il se doit. Je nous prépare donc un bon repas pour ce soir, ce sera tomate au thon, filet mignon miel et quatre épices servi avec du riz et en dessert, j'ai prévu un tiramisu. Anaëlle a cours jusque 18h, elle sera sûrement épuisée en rentrant, je pense que ça lui fera plaisir de mettre les pieds sous la table pour une fois sans commander des pizzas ou autres plats tout prêts. J'ai décidé de ne pas me laisser abattre et de reprendre le dessus, Chris m'appelle cinq à six fois par jour, me laisse de nombreux sms, que je ne lis pas et supprime directement. Je sais que je suis rancunière, mais il doit comprendre que son comportement m'a blessé. 

Le médecin m'a donné l'autorisation de reprendre les cours et le travail. Ma vie reprendra son cours dès lundi, je ne vais pas pouvoir rester ici, Anaëlle a déjà été très gentille de m'accueillir ces quelques jours, il va falloir que je cherche un appartement. J'ai ensuite appelé Nina qui a été ravie d'apprendre que je reprendrais le travail plus vite que prévu et elle m'a donné les dates et heures de répétition pour le nouveau spectacle, j'ai tellement hâte de reprendre. 

Sous les coups de 18h30, Anaëlle rentre des cours, épuisée, comme je m'y attendais, elle se laisse tomber dans le canapé et me dit:

- Dis donc, ça sent drôlement bon ici, tu as cuisiné?

- Oui, je pense que je te dois bien ça, répondis-je avec un clin d'oeil.

- Oh Azél' tu n'étais pas obligée, ma maison est ta maison. Tu sais parfaitement que je ne te mettrais pas dehors, tu peux rester autant que tu le souhaite et sans contribution.

- Tu es trop généreuse, merci infiniment. Bon, sinon je reprends les cours lundi et le boulot aussi, je vais pouvoir me trouver un appartement, j'ai décidé de me reprendre et de ne pas me laisser aller, de toute façon ça ne sert à rien.

- Tu lui as parlé depuis que tu es ici? me demande-t'elle

- Tu connais déjà la réponse, pourquoi demander? grognais-je

- Azél', il va falloir que vous ayez une discussion, c'est un mal entendu, j'en suis certaine, me répond-t'elle. 

- Mouais... Pour l'instant je n'en ai pas envie.

- Tête de mule me répond-t'elle en riant

Je ris de concert avec elle, puis elle me tend les cours, que je m'empresse de regarder avant de les poser sur le bureau de la chambre d'amis, ça patientera jusqu'à demain, pour l'instant je vais profiter de la soirée avec mon amie et déguster ce repas que j'ai préparé. 

- Hummm, s'exclame Anaëlle, c'est délicieux.

- Merci, répondis-je

- Je suis sérieuse, si tu ne réussis pas tes examens, tu peux largement te lancer dans la cuisine, c'est vraiment excellent.

- C'est trois fois rien, même toi tu réussirais, j'en suis sûre.

- Oh ça non! dit-elle en riant, la moindre viande brûle quand j'essaye de cuire quelque chose.

Je ris avec elle et ça me fait un bien fou. La soirée se passe à merveille et la fin de semaine finit par arriver. Le dimanche soir, je suis heureuse de remettre enfin mon réveil pour reprendre les cours et demain soir j'ai ma première répétition depuis plus d'un mois. Quel bonheur! 

Lorsque le réveil sonne, ça fait déjà cinq minutes que je suis réveillée, tellement excitée de reprendre le cours de ma vie d'étudiante. Je bondis hors du lit, saisis mes vêtements posés sur le bureau et file tout droit à la douche. Je ne perds pas une minute, mon cours est à 8 heures précises et je ne veux pas être en retard. Une fois douchée, maquillée et coiffée, je me dirige vers la cuisine où Anaëlle est en train de se servir un café. Je la salue avec un grand sourire, elle boit son café et part se doucher à son tour, on ne fera pas de co-voiturage puisque j'enchaîne ma journée de cours avec la répétition au cabaret. Dix minutes plus tard, après un café et une tartine de confiture, me voilà partie pour la journée.

Lorsque je franchis les portes de l'amphithéâtre avec Anaëlle, j'ai le sourire, je suis heureuse de retrouver l'ambiance électrique des étudiants. Nous nous installons au milieu de l'amphi et le cours démarre quelques minutes plus tard. Les cours s'enchaînent à une vitesse fulgurante et nous voici à la fin de la journée, ça fait tellement de bien d'avoir une journée remplie, sans avoir le temps de cogiter. Je salue Anaëlle et lui souhaite une bonne soirée, tout en lui disant de ne pas m'attendre car je risque de rentrer tard. J'arrive à la voiture et démarre, direction le cabaret. 

Lorsque je franchis les portes du cabaret, Lou me saute littéralement dessus. Je suis heureuse également de pouvoir revenir après cette si longue absence. 

- Oh mon Dieu, mon Azélie, tu m'as tellement manqué.

Je ris et lui réponds:

- N'exagères pas, je te donnais des nouvelles presque tous les jours.

- Oui mais ici c'est pas pareil sans toi.

Je me sens flattée, ça fait tellement plaisir de savoir qu'il y a des personnes qui m'aiment.

- Allez viens, tout le monde t'attends en coulisse, même Nina. 

Je suis Lou jusque dans les coulisses où mes collègues m'accueillent avec sourires. Je suis vraiment très contente de reprendre mon travail, j'espère simplement ne pas être trop rouillée.

On démarre par de simples échauffements, comme ça fait longtemps que je ne me suis pas exercée, Lenny me demande de ne pas forcer pour risquer une blessure et de faire de mon mieux. Je suis le rythme tout le long de la première chorégraphie, j'ai le souffle court à la fin et demande une pause avant d'enchaîner, je bois à grandes gorgées avant de reprendre avec le sourire. Ça m'avait manqué. Les chorégraphies se poursuivent et je tiens malgré le début de douleur qui apparaît. Deux bonnes heures plus tard, je suis à bout, Lenny m'autorise à m'arrêter pour ce soir et me félicite, je le remercie et file me doucher. Je suis satisfaite de ma reprise. Lorsque je suis prête, j'attrape mon sac, souhaite une bonne soirée à mes collègues et sors du cabaret, mais je m'arrête net lorsque je vois prêt de ma voiture Chris qui patiente. Comment a t'il su que je reprenais aujourd'hui? J'espère que Lou ne m'a pas vendu. Oh et puis après tout, peu importe, je fais ce que je veux. Je m'avance vers lui, prête à l'affronter, pour de bon, cette fois-ci.