5. Libération 🌹

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Après environ une heure et quarante cinq minutes d'attente dans ce fichu placard à jouer avec mes pieds, fixer le plafond, regarder Lina, craquer pour elle en silence puis aussi tentant que ce soit, je me rappelais la réaction qu'elle avait eu quand je lui avais annoncé mon ressenti vis-à-vis d'elle donc je changeais de direction de regard. Quant à elle, elle était assise au sol, la tête à moitié en l'air et appuyée sur le mur, il me semblait qu'elle s'était assoupie, comment était-ce possible vu la situation je ne savais pas vraiment mais je ne la dérangeais pas.
Elle stoppa enfin ce silence insoutenable et en se réveillant de sa mirco-sieste et me dit :

- Pourquoi vous ne m'avez pas dit ce que vous ressentiez ?

Je ne sus que répondre à part la simple vérité qui me tourmentait tant.

- Je n'osais pas, je ne voulais pas vous effrayer, avoir la honte de ma vie ou même les deux..

- Tutoies-moi. Me dit-elle d'un ton très ferme.

Je ne voulais pas lui paraître une nouvelle fois insistante mais je ne pus réfléchir et répondis immédiatment :

- Tout ce que tu voudras Lina.

Nous commencions tout doucement à discuter, nous faisions connaissance, elle me posa plusieurs questions sur ma carrière, comment j'en étais arrivée à ce niveau et dans cette section.

Au fur et à mesure de la discussion, son regard sur moi changeait, il devenait bien plus doux et moins haineux, cela me procurait un bien qui me mettait plus à l'aise que ces dernières heures passées enfermées dans ce petit espace. Un regard long et langoureux se fut échangé entre nous, nos quatre yeux bleus connectés, je m'attendais à me restreindre de ses yeux, cependant je ne m'attendais certainement pas à ce qu'elle tienne également celui-ci.
Elle interrompit ce long moment et me dit :

- J'ai une idée.. Me regardant d'un air malicieux et interrogateur.

- Je t'écoute ! Lui répondis-je du même regard et ajoutant un léger sourire provocateur.

Elle se leva de sa position "tailleur" tenue bien trop longtemps, elle retira la pince retenant ses cheveux, elle déploya sa chevelure foncée en remuant sa tête de gauche
à droite pour les relâcher convenablement. Cet instant fut tel un ralenti de série télévisée, pour moi, ce déploiement de cheveux fut magnifique, j'en restais bouche-bée devant la beauté de son être tout entier.

Elle mit le bout de la pince dans la serrure et commença à crocheter celle-ci, décidement cette journée me donnait l'impression de jouer dans un film d'action tel que James Bond
version "cagibi".

Elle me donna l'ordre de me lever et de lui tenir ses cheveux qui lui gênaient la vue, j'appliquais évidement son instruction, ce qui donnait une position encore plus cocasse que la situation en elle-même (oui cela était possible), elle était penchée en avant, le fessier en arrière et bien évidement, je me retrouvais dernière elle à lui tenir les cheveux, cela me semblait étrangement familier à des situations que j'avais pu vivre avec quelques amies lors de fêtes arrosées durant ma jeunesse.
Elle essaya tant bien que mal d'ouvrir cette fichue porte nous retenant prisonnières
depuis plusieurs heures maintenant.

J'entendis quelques bruits de pas, innocente comme j'étais, je demandais à Lina :

- C'est toi qui marche sur place ? Tu tappes du pied ? Lui demandais-je, étonnée.

Elle se retourna d'un air stupéfait, une lèvre légèrement élevée ainsi qu'un sourcil et me répondit :

- Pardon ??

Me voyant derrière son postérieur et lui poser cette question cela pouvait effectivement lui paraître étrange mais que pouvais-je faire ou dire, elle me rendait des plus nerveuses
et son très fort caractère se faisait ressentir à chaque parole.

Après quelques minutes dans cette position gênante, elle se releva, je lui lâchais ses magnifiques cheveux bruns, elle me regarda je recouvrais ce regard désespéré du début de la soirée, me prenait-elle pour une idiote ? Voire une psychopate ? Ou que sais-je d'autres..

Lina me fixa droit dans les yeux, me fit un léger sourire en même temps que de trifouiller la poignée, je ne sus faire autre qu'un clin d'oeil, à ma grande déception, elle le vit donc leva les yeux au ciel. J'entendis enfin un "clic" et vis son visage s'illuminer.

- Enfin ! Me hurla-t-elle.

Je lui fis donc remarquer que nous devions restées dans la plus grande discrétion, bien qu'il ne s'était rien passé dans ce placard étroit, certains ou certaines collègues pourraient trouver un malin plaisir à colporter ce genre de rumeur. Elle s'excusa
pour son petit cri de joie provoqué par notre libération. J'étais heureuse de pouvoir enfin sortir de cet endroit mais une partie de moi n'était finalement pas des plus mal à
cette place et surtout en cette compagnie. Je me dis tout de même que je ne voulais
jamais revenir dans ce cagibi.

Très heureuse, Lina me regarda d'une manière fatiguée mais intriguante, elle s'approcha de moi, de plus en plus de proximité entre nous, je pouvais sentir mes jambes commencer à faiblir et mes mains devenir moites. Elle continuait délicatement de se diriger vers moi, je n'arrivais pas à me décider sur son but, dans le doute certain,
je ne bougeais pas, j'étais figée avec certainement une tête d'ahurie, je la regardais
juste se rendre très proche, son corps du mien.

J'eus des frissons lorsqu'elle m'aggripa le bras droit avec sa main droite, je mis légèrement ma tête en avant pour me rapprocher de son visage, mais qu'allait-elle faire ?!

Elle m'approcha d'elle lentement puis me décala contre le mur afin d'atteindre sa veste laissée à terre et de pouvoir se sortir de ce pétrin. La déception de ce faux espoir pouvait se lire sur mon visage dépité mais elle n'y fit pas attention, elle devait ne penser qu'à s'enfuir le plus loin possible.

Une fois sa veste en main, elle me fit un petit sourire de politesse, prit la
poignée en main, l'enclencha, je l'interromppis dans son action :

- Encore navrée pour cette fin de journée médiocre.. Lui adressais-je.

Aucune réaction n'était présente, elle ne bougeait juste plus d'un poil, je la vis baisser la tête en avant et l'entendis souffler je m'attendis à une giffle de ras le bol.

Elle se retourna, m'attrapa par le col de mon uniforme et je pus entendre "Et merde"
de chochutement. Je n'eus le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait, je me retrouvais avec ses lèvres si douces et tendres contre les miennes, je ne comprenais aucunement
son geste mais je me laissais faire en glissant ma main le long de sa joue et poursuivit
dans le creux de sa nuque.

Elle me repoussa, ouvrit la porte et me disant d'une voix peu audible :

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Elle me repoussa, ouvrit la porte et me disant d'une voix peu audible :

- Attends quelques minutes avant de sortir.

Elle regarda autour de la porte que personne ne la verrait sortir et s'enfuit tel un coup de vent de début d'hiver..

Mademoiselle Joa (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant