Mademoiselle Joa (Terminé)

4. Situation cocasse 🌹

Deux semaines plus tard, je fis le plus beau et glorieux au revoir à mon cher époux allant me manquer puisque une nouvelle mission sur le terrain m'attendait, une mission non dangereuse, je faisais partie de la deuxième brigade d'astreinte c'est-à-dire que mon groupe ne serait appelé qu'en cas d'urgence extrême avec la première brigade envoyée sur le tas.

En arrivant à la base, en Tunisie précisemment à Bizerte un peu plus haut que la capitale, je descendis de l'avion, léger bagage à la main, je m'avançais d'un pas déterminé vers mon couché tandis que mes compatriotes masculins derrière moi détournaient de mes pas, n'ayant pas les mêmes lieux de sommeil, heureusement ! Ils sont tous dévoués et très gentils mais nous sommes trois femmes pour vingt-sept hommes, je vous laisse imaginer la pression flatteuse bien que très lourde dont nous font offrande ces hommes.

Une fois au dortoir, nous remarquions avec mes deux collègues féminines, qu'il se trouve beaucoup plus de lits que prévu, exactement dix lits au lieu de seulement trois, nous comprenions donc qu'une ou plusieurs autres brigades s'apprêtaient à nous rejoindre incessamment sous peu.

Après quatre jours, travail habituel, collègues identiques, tout était des plus basiques puis le cinquième soir on voyait enfin une autre brigade d'environ une vingtaine de soldats nous rejoindre, voilà donc les sept femmes qui allaient partager notre
dortoir pour les quatre semaines de mission restantes. Je les regardais à peine, cela ne changeait pas vraiment le cours de ma vie, enfin de ce que je pensais..

Lorsque je parlais avec quelques hommes de cette brigade voisine, ils me firent part que leur brigade était celle partie de Lyon, exactement le même lieu du départ de la mienne, ce fut rigolo de le savoir car c'était rare que deux brigades partent de la même ville et se retrouvent dans la même base et le même pays, cela pour un hasard..

Deux femmes rejoignaient la discussion forte intéressante, une petite femme aux cheveux longs blonds et bouclés avec de belles formes et très pâle de peau dénommée Irna ainsi que son amie et collègue, Lina..Je pensais directement à l'origine latine de ce prénom qui signifiait "beauté précieuse", je disais donc à haute voix la beauté de ce prénom et en lui serrant la main puis je levais les yeux..

Aucun besoin de la décrire, je la reconnue immédiatement, son prénom m'était nouveau mais son regard et ses yeux, eux, étaient loin de l'être. C'était elle, cette magnifique femme brune aux sublimes yeux bleux m'ayant fait perdre tous mes moyens lors de
ma dernière mission sur le terrain, aucune erreur n'était possible, c'était bien elle, cette beauté me faisait voyager à travers les plus beaux paysages de ce monde, sa poignée de main était douce et ferme à la fois annonçant une femme pleine de caractère mais tout de même tendre, un peu comme un petit chocolat au lait avec du caramel au beurre salé à l'intérieur.

Elle interrompit mes pensées si belles lorsqu'elle m'adressa la parole et m'annonça "Ah..Vous.." et demanda à son amie de s'en aller, je ne comprenais pas sur le moment, je restais étourdie de l'avoir revue mais surprise de sa réaction. C'est à ce moment que me revient l'objectif du pari fixé avec Alizée quelques semaines auparavant, il fallait que j'obtienne un rendez-vous privé avec elle mais comment faire sachant qu'elle semblait déjà avoir une dent contre moi et évidemment comment savoir si mon attirance était mutuelle.

Je ne la revis plus pendant deux jours, m'évitait-elle ? Malheureusement fort probable mais je ne me démontais pas, ma détermination dépasse toujours l'entendement. Le surlendemain au soir, je vis Irna et Lina débarquer au self pour le dîner, j'étais déjà attablée, la tête appuyée sur ma main je la regardais marcher d'un majestueux pas jusqu'à son plateau repas, je me rendis compte que rien que sa démarche me plaisait, je me trouvais moi-même insistante et étrange, jamais je ne m'étais vue dans cet état pour quelqu'un auparavant, même pas avec mon propre conjoint !

Je vis Irna s'approcher de ma table tandis que Lina changea de trajectoire, je me disais qu'elle devait vraiment me détester pour ne même pas vouloir partager son moment de repas en ma compagnie.

Je pris donc l'excuse d'une pause pipiroom pour m'éclipser et suivre Lina qui sortait du réfectoire, je voulais lui demander d'où provenait cette haine qu'elle avait à mon égard..Je la suivais dans les couloirs (approche pouvant infliger un ressentiment de psychopathie je vous l'accorde), elle fit plusieurs couloirs, traversait plusiseurs portes jusqu'au moment où je pris la même porte qu'elle mais elle avait soudain disparu de mon angle de vue..Je ne comprenais pas où elle avait pu s'échapper si rapidement, avait-elle des super pouvoirs ? Mon esprit s'emballait quand la peur m'emportait.

Aussitôt, une main m'atttrapa la bouche par derrière moi, un bras me tenait le ventre, on m'attira en arrière, j'essayais bien de me défendre mais la personne qui m'aggripait connaissait comment maîtriser sa victime, il m'était impossible de bouger ou
d'hurler à l'aide. On entra dans une toute petite pièce, toujours en marche arrière, je me fis propulser contre le mur violement, et vis que c'était Lina.

Elle me lâcha la bouche, je m'empressais de lui demander enfin plutôt de lui crier ce
qu'elle me voulait, elle me retourna la question en m'expliquant qu'elle m'avait
remarquée à notre dernière mission la regarder avec insistance, recommencer il y a quelques minutes ainsi que de la suivre, je l'avouais, n'importe qui aurait réagit de la sorte vu mon comportement. Je décidais d'être honnête et de tout lui expliquer en détails, le soir où je l'ai remarquée, ce que j'ai ressenti, le flash que j'ai eu sur elle, comment je la trouvais physiquement ainsi que le pari mis en place avec ma meilleure amie en France.

Elle fit les cent pas dans le petit cagibis où nous étions, elle me hurla que je n'étais pas une
personne saine d'esprit, ce que je pouvais comprendre mais je lui expliquais bien que je n'avais rien d'une tueuse en série, je ne voulais aucunement lui faire du mal, j'étais juste une femme perdue par ses sentiments.

Elle voulu quitter la pièce par peur de me frapper sûrement, mais en actionnant la poignée de la porte, elle resta fermée, elle réessayait, aucun changement, je la poussais légèrement et essayais à mon tour, sans effet.

Nous étions enfermées dans une pièce d'à peine trois ou quatre mètres carrés pour je ne sais combien de temps. Je vis les yeux de Lina se diriger vers moi et me fusillier du regard, je m'asseyais au sol, je n'osais plus faire la maline et m'excusais pour toute cette situation.
Elle s'asseya en face de moi, cela devait être un des plus gros moment gênant de ma vie.
On se serait cru dans une scène loufoque d'un épisode d'une de mes séries préférées.

Qu'allait-il pouvoir se passer..