Choix d'une vie

Mal entendu

ll allait l'embrasser.

Aida était en retard et les bouchons particulièrement monstrueux de ce matin n'arrangeaient pas les choses.

Il allait l'embrasser avant que son imbécile de frère ne vienne tout gâcher. Elle avait oublié que son frère devait rentrer la veille. Mais cela n'était pas une excuse. Omar aurait bien pu monter directement dans sa chambre quand il a remarqué qu'elle avait de la visite.

Il avait beau nier mais elle savait qu'il l'avait fait exprèss. Peut-être même qu'il les avait observés derrière la porte avant de débarquer au moment décisif. Maintenant elle ne savait même pas si Cherif allait retenter le coup.

Les voitures avaient recommencé à avancer mais très lentement. Le trajet qu'elle aurait dû faire en trente minutes allait lui prendre plus d'une heure.
La veille, après le départ de Cherif, elle s'était contentée de ranger le salon tandis que son frère la suivait en s'excusant.

Enfin devrait-elle considérer que c'est des excuses quand il lui disait d'aller dans la chambre la prochaine fois. Elle l'avait planté là et était montée dans sa chambre quand elle l'entendit crier depuis les escaliers : Petite sœur ça fait 4 mois quand même que je suis absent c'est comme ça que tu m'accueille. Elle n'avait pas répondu.

Ce n'est que ce matin qu'ils ont pu discuter, d'où son retard. Elle a eu droit à un interrogatoire complet. C'est qui ? Depuis quand êtes-vous ensemble ? Elle lui avait expliqué qu'il n'y avait rien entre eux mais il ne la croyait pas. Malgré tout elle était contente de le revoir. Son frère dégageait des ondes positives et elle en avait besoin en ce moment.

Elle était enfin arrivée devant son lieu de travail. Elle réussit difficilement à trouver une place où se garer et pu enfin sortir de sa voiture. Quand elle franchit la porte de l'agence elle sentit par le regard que lui lança Marianne qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas :

-Vous avez de la visite dans votre bureau c'est monsieur Dione. Puis parlant plus doucement elle ajouta « il n'a pas l'air très content »

-Merci Marianne dit-elle avant de se diriger vers son bureau

Une fois â l'intérieur son supérieur ne lui donna même pas le temps de le saluer.

-Il y a un client que vous avez envoyé bouler apparemment mademoiselle Aida. Vous savez à quel point monsieur Ndiaye est important pour notre banque alors pourquoi avez-vous fait ça.
Aida garda son sang-froid et se dirigea vers son bureau. Elle se débarrassa de son sac et s'assit avant de répondre :

-Il m'a demandé de falsifier des documents ! Ce que je ne pouvais pas faire. Et en regardant ses comptes je me suis rendu compte que mon prédécesseur monsieur Sarr avait l'habitude de lui accorder ce genre de services. A lui et à d'autres également. Ce qui est extrêmement grave. Si jamais une enquête est ouverte.

-Ce qui est extrêmement grave c'est de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas mademoiselle. Je fais partie des gens qui ont voté pour vous afin que vous remplaciez monsieur Sarr vu votre sérieux et votre rigueur. Et effectivement vous avez fait un travail remarquable. Tellement remarquable qu'on pensait à vous faire évoluer encore plus haut. Si vous ne faites pas de bêtises vous serez peut-être bientôt notre représentent au sein de tout Dakar.

A ces mots Aida était sans voie. C'était au-dessus de tout ce qu'elle avait espéré passer simple directrice d'agence à ça !!! Vu son silence, son interlocuteur repris

-Ce n'est pas encore effectif mais vous devriez commencer à y réfléchir. Quant à l'histoire avec monsieur Ndiaye, oubliez là. On va transférer ses comptes dans une autre agence. Il se dirigeait vers la porte. Arrêtez de fouiller dans le compte de nos clients et tout ira pour le mieux pour vous. Je sais que vous êtes intelligente. Passez une bonne journée.