Les aveux

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Comme dans un rêve Aida vit du sang couler de son bras. Elle avait cassé la table en atterrissant dessus et un bout de bois l'avait entaillé. La douleur était tellement vive qu'elle ne parvenait même pas à émettre un son. Sa cheville, sa tête, son dos, tout n'était que souffrance. Mais pourquoi s'inquiéter pour ces details de rien du tout si elle allait mourir dans quelques secondes?

« La chose »  marchait vers elle d'un pas lourd. Elle vint s'accroupir à cote de Aida.

- Pourquoi me fait tu subir ça? tu étais avec ce Hakim encore une fois. Je t'avais dit de ne plus me faire ça Aida pourquoi?

Même si elle avait pu le faire, elle n'aurait pas répondu. Il n'avait qu'à l'achever.

Il tendit le bras vers elle et elle ferma les yeux en répétant la shahada. Ira t'elle en enfer ou au paradis? Rien n'était sûr, elle regretta de ne pas avoir été plus pieuse et bienveillante. Maintenant elle doutait fort que la balance penche du bon coté.

Finalement elle n'aura jamais eu d'enfant. Elle n'aura laissé aucune marque dans ce monde. Elle va mourir aussi misérablement qu'elle aura vécu, étranglée par son mari, ou quoi que soit ce qu'il était devenu, dans son salon.

Elle sentit une caresse sur sa joue, au lieu de lui faire encore du mal comme elle s'y attendait, il était entrain d'essuyer ses larmes. Elle ouvrit les yeux et vit qu'il l'a regardait presque tendrement. Elle crut reconnaître Djibril derrière le rictus de ce visage qui lui était étranger. Avec cette proximité, elle pouvais voir les veines saillants qui dessinaient des sillons sous la peau rougie de son mari. Son regard s'était adoucit mais il y avait toujours cette chose.... Aida compris tout à coup ce que c'était: de la démense. Son mari était fou et elle ne s'en était jamais rendu compte. Ses yeux bougeaient d'une manière désordonnée, on aurait dit qu'il luttait pour redevenir lui même mais n'y arrivait pas ! Son salut résidait peu être dans ce dernier detail. Elle devait essayer de le raisonner, peut être lui laissera t'il la vie sauve?

- Ecoute, je vais tout t'expliquer je peux même te prouver que... Ce n'est pas ce que tu croit.

Toujours accroupi à coté d'elle, Djibril commença à relâcher ses muscles. Ce qui l'encouragea à continuer.

- Tu sais que je t'aime mon amour, je ne ferai jamais rien qui puisse te blesser, fait moi confiance Djibril!

Des qu'elle prononça son prénom il leva la tête brusquement et lui cria aux oreilles:

- NE M'APPELLE PAS COMME ÇA!!!!

Il s'empara  de sa gorge et l'a serra de plus en plus fort. L'instinct de survie pris soudain le dessus sur Aida. Elle réussit à récupérer un bout de bois de sa main blessée et d'une force dont elle ne se croyait pas capable l'enfonça sur l'épaule de son assaillant qui poussa un cri de douleur et recula. Elle en profita pour aspirer un gros bol d'air et reprendre son souffle. Mais la trêve fut de courte durée. Il revenait déjà à la charge et cette fois ci elle ne pourra pas l'eviter. Elle n'avait plus ni la force ni la volonté de se battre. Il allait atterrir sur elle de tout son long quand elle entendit Bamba s'écrier:

-Djibril arrêtez.

Il stopa son elan et tourna sa tête vers la porte.

- Ne m'appelle pas Djibril!!

Il fonçait deja sur lui quand d'autres voix s'élevèrent

- Djibril! Djibril! Djibril!!

Criaient t'ils tous en même temps. Aida se rendit compte que tous les domestiques de la maison étaient présents et tous prononçaient son prénom à repetition.

Choix d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant