Chapitre 8 : Aucune échappatoire

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Plusieurs minutes étaient à présent passées. Mahalia sortit de sa torpeur. Elle n'osait pas bouger mais elle avait entendu le cri de Robert s'éloigner dans le couloir. Elle regarda autour d'elle, mais la pénombre fût telle qu'elle distinguait à peine son environnement immédiat. Le bras de Justin était encore à ses pieds. Elle ralluma le briquet qu'elle avait en main – Dieu merci il restait du combustible – et, prenant son courage à deux mains, décida d'avancer un peu plus loin, brandissant le briquet. Son cœur battait la chamade. Elle ressentait réellement la peur pour la première fois de sa vie. Elle ne savait pas quoi faire. Elle devait aider Robert et elle n'avait plus une seconde à perdre. Mais comment ? Elle devait ramener cette chose ici. Son pied buta sur quelque chose. Elle regarda au sol. Justin était là, un trou béant dans le torse et une expression de douleur figée sur le visage. Elle eût un haut-le-cœur et détourna un instant le regard. Malgré l'aversion qu'elle lui portait, le voir gire à ses pieds était loin d'être un spectacle réjouissant. Dégoutée, elle le dépouilla de ses vêtements pour les utiliser comme combustible de fortune. Soudainement un gargouillement se fit entendre autour d'elle. Elle sursauta et regarda les murs. Ceux-ci se contractaient et se décontractait à répétition. Mahalia eût à peine le temps de se demander ce qu'il se passait qu'elle remarquait le cadavre de Justin s'engouffrer dans le sol. Elle écarquilla les yeux en contemplant ce spectacle macabre. On dirait que la planète elle-même avait décidé de s'en nourrir. Robert avait raison, pensa Mahalia, La planète est vivante... pensa-t'elle.

Elle repensa à sa rencontre avec la Chose. Mahalia était immobile face à elle, mais celle-ci ne pouvait pas la voir. Elle n'avait ni yeux, ni oreille, ou autre moyen de percevoir une présence. Alors comment avait-elle repéré Robert ? La seule idée qui lui vint fut : le sol. Robert avait bougé. Cette créature repérait toutes choses se déplaçant sur le sol de la planète, telle une araignée qui ressentait les proies touchant sa toile. Elle regarda droit devant elle, dans la direction dans laquelle le monstre s'est enfui, angoissant de tout son être mais mue d'une détermination nouvelle, celle d'aider Robert a tous prix. Elle eût alors une idée qu'elle commença à mettre en application

***

Robert courait toujours frénétiquement. Le sol glissant ne facilitait pas sa progression. Il respirait rapidement en regardant derrière lui de temps à autres. Il était terrifié et cette créature ne lui laissait aucun répit. La Chose prenait son temps, elle marchait presque, gagnée par le plaisir de la chasse. Mais ça, Robert ne le remarquait pas. Il n'avait qu'une envie : fuir. Il tournait à gauche, à droite, cherchait désespérément une issue, regardant par moments la chose derrière lui. La chose était toujours là. Il commençait à fatiguer. Depuis combien de temps courrait il ainsi ? Il finit par glisser sur le sol trempé et s'étala de tout son long au sol. Il jeta un regard angoissé dans la pénombre. Il ne pouvait percevoir que les mouvements tremblotants et agressifs du monstre qui avançait vers lui. Un pas. Deux pas. Trois pas. Il distinguait à présent le trou béant que formait le visage de l'affreuse créature. Quatre pas. Cinq pas. Six pas. Ses énormes griffes se déployaient, tel des épées meurtrières, s'apprêtant à fondre sur sa proie sans défense. Robert tremblait à présent de tout son être, défaitiste. Son esprit ne put s'empêcher de vagabonder. Il pensait à ses parents, à ses amis sur Terre, à Mahalia qui subirait le même sort. Il ne pouvait pas laisser tomber ainsi. Mais que pouvait-il faire ? Il était faible, chétif et gauche. Une proie parfaite. Il devait être celui qui meurt le premier, pas Justin. Justin aurait été plus utile s'il avait eu le temps de se défendre. Robert détourna le regard de la créature, espérant une mort rapide, et remarqua un os planté à la verticale dans le sol. Plus gros, épais, solide et pointu qu'un os humain, il ressemblait à une lance. Il écarquilla les yeux. Qu...Qu'est-ce que... ? pensa le jeune homme.

Pensant à un signe divin lui invitant à se battre, Robert prit son courage à deux mains. Il saisit l'ossement, l'extirpa avec peine du sol et s'élança vers le monstre. Il frappa la créature de toutes ses forces. Celle-ci ne bougea qu'à peine et l'ossement se brisa dans l'action. Robert tomba au sol emporté par son élan. Et voilà, c'était sa seule chance. Il ne pouvait plus se battre. Il regarda la créature qui se dressait devant lui. Il ferma les yeux et attendit sa fin. La créature, cependant, poussa un cri strident. Robert rouvrit les yeux et vit la créature se tordre de douleur et trembler d'un geste désarticulé. Que se passait-il ? La créature semblait souffrir. Cela était-il dû à son coup à lui ? Non. Il se passait autre chose. La créature tituba en arrière et fit volte-face. Elle rebroussa chemin rapidement, toutes griffes dehors. Robert ne comprit pas ce qu'il se passait, puis cela le frappa. Il n'y avait qu'une explication possible. Mahalia. Il reprit sa course, essoufflé, pour la rejoindre, ignorant tout de ce qu'elle avait derrière la tête mais n'ayant qu'une idée en tête, la retrouver et l'aider quoiqu'il arrive.

NECROPHAGIS-235 (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant