Non mais c'est la meilleure ! Mika boude ? Et j'ai rien fait de pire que d'habitude pourtant... Il libère ses épaules de mon emprise et sort du réfectoire. Je retourne chercher mon plateau pour le débarrasser, rouge de honte, sous les regards de la masse d'élèves.
Je tire la porte, sors et regarde des deux côtés du couloir. Personne. Je passe bien quinze minutes à le chercher en faisant le tour du lycée, mais rien.
Je finis par abandonner, en me disant qu'au final, c'est toujours pareil avec les gens. Ils t'abandonnent sans raison. C'est pour ça que je les haït.
Je me rends sur le toit, le seul lieu où je suis bien. Je m'appuie sur le garde-fou et regarde les élèves en contrebas. J'aimerais bien être comme eux. Leur vie doit être tellement plus simple. Pas de violence permanente, pas de privation de sommeil, pas de privation de nourriture. Je suis fatigué de tout ça.
La seule choses qui me rend heureux est un souvenir. Il y a huit ans, à l'orphelinat, j'ai réussi à sauver quelqu'un. Je ne me souviens plus ni de son nom ni de son apparence, mais je m'en fiche. Je l'ai sauvé.
Alors que la directrice l'emmenait dans son bureau, sûrement pour le frapper, je me suis interposé et j'ai fais un marché avec elle. Elle devait arrêter de le sanctionner, mais c'est moi qui prenait pour lui. Je me souviens que celui que j'ai sauvé se sentait mal pour moi. Heureusement pour lui, il s'est fait adopter trois jours après les faits.
Depuis, je n'ai eu de cesse de le chercher pour m'assurer que ce que j'avais fait n'avait pas été vain. Et ça fait huit ans que je ne l'ai toujours pas trouvé. Je sors de mes pensées et regarde ma montre. Merde ! Je vais être en retard si je me dépêche pas ! Il reste deux minutes avant la sonnerie !
Je me retourne dans la précipitation et vois quelqu'un emprunter la double porte pour descendre du toit. Je me dépêche de rejoindre la porte pour voir qui c'est. Je place ma tête dans l'ouverture et je distingue une tête blonde. Mikaëla !
Je passe l'ouverture et surgit de l'autre côté. Je me rue dans les escaliers et le saisit par l'épaule
- Mikaëla ! Dis-moi pourquoi tu t'isoles !
- Pour quelque chose. Maintenant arrête avec tes questions idiotes.
- Je... Mikaëla... Pourquoi tu veux plus me parler, sérieusement ?
- Tu me parles jamais de toi, de tes raisons, de tes problèmes... pourquoi je le ferais ?
Il a raison. Depuis le début, il n'a aucune raison de vouloir me parler. J'avoue qu'au départ, il me dérangeait plus qu'autre chose. Il y a peu, il me dérangeait plus tant que ça et je ressentais même un peu de déception quand je le voyais avec ses autres amis. Là, j'aimerais carrément ouvrir le dialogue. Je pense que c'est grâce au fait qu'il me suit beaucoup que je me sens plus en confiance avec lui.
- Je comprends. Il faudrait que je fasse quoi pour que tu reviennes ?
Il semble surpris de ce que je viens de dire.
- Yuu... Tu veux avoir un ami ?
Putain ! Il croit quoi ? Moi je voudrais un ami ? Et puis quoi encore ? En même temps, pourquoi je voudrais qu'il reste ? Et pendant que je réfléchis, je vois que son sourire s'élargit de plus en plus.
- Yuu... Tu veux que je sois ton ami ?
Mais il se prends pour qui avec son ton moqueur et son air satisfait ?
- Non. Laisse tomber. T'as pas répondu à ma question. Donc si je peux rien faire, je me tire. Salut.
Je le lâche et commence à partir. Mais au fond, est-ce que je veux vraiment un ami ?
- Yuu. Pour que j'arrête de m'isoler, faudrait que tu me parles de tes raisons.
- Même pas en rêve, dis-je par-dessus mon épaule
Je regagne la classe et croise les bras sur mon bureau. J'y enfouis ma tête, prêt à rattraper le sommeil dont on m'a privé cette nuit, quand quelqu'un m'ébouriffe les cheveux doucement.
Je me redresse d'un coup pour engueuler le coupable quand je tombe nez-à-nez avec Mika.
- Arrête ça ! Tu vois bien que je veux dormir !
- Et moi je te réveille ! Les cours sont finis, tu as dormi toute l'après-midi et personne n'est venu te déranger. Bref, bonne soirée et à demain Yuu.
- Oh, je vois. Merci alors. Et du coup tu me fais plus la gueule ?
- Non. Ça rime à rien.
Je suis content qu'il me parle de nouveau. Mais est-ce que je veux vraiment un ami ? Est-ce que j'en ai besoin ? Est-ce qu'il voudra bien au vu de mon comportement. En pensant à tout ça, un sourire se dessine inconsciemment sur mon visage.
- Ça te fait plaisir à ce que je vois ! Je suis content que tu m'apprécies enfin. Tu voudrais que je te raccompagne ?
- Non, c'est bon. Merci Mika.
Je quitte la salle et me renfrogne à l'idée de ce qui m'attends à l'orphelinat.
Les semaines passent rapidement grâce à Mika. Si vite que nous sommes déjà en période d'examen. Ils sont étalés sur une semaine, la dernière de Juillet. Il y a une matière par jour entre les maths, les sciences, les sciences sociales, l'anglais, le japonais, le sport et les arts.
Au bout de ladite semaine, c'est enfin les vacances ! Je reste sur le toit pour contempler le coucher de soleil, seul. Ce qui est plutôt bien avec ce lycée, c'est qu'il y a un trou dans la clôture à l'arrière du bâtiment et que l'escalier central n'est jamais fermé, donc on a accès au toit quelque soit l'heure. Et ce sans aucune raison.
J'en profite donc pour rester sur le toit regarder le coucher de soleil, accoudé au garde-fou. Puis le lever de lune et le ciel étoilé. Je peux bien prendre un peu mon temps et savourer l'instant avant de retourner en enfer.
Je m'apprête à partir en passant la porte quand je constate que quelqu'un veut sortir sur le toit. Je m'écarte pour le laisser passer et constate que c'est Mika.
- Ah ! Tu as eu la même idée que moi, Yuu ?
- À vrai dire, je partais.
- Allez, reste un peu avec moi !
- Je dois vraiment y aller, désolé.
- Je te raccompagne !
Je me met à paniquer. Certainement pas ! Sinon il va comprendre que je suis orphelin et maltraité, à voir lequel est le pire des deux.
- Non merci. Passe une bonne soirée.
- Mais Yuu...
Je me tire avant qu'il ait terminé sa phrase, marchant en direction de l'enfer.
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In Extremis
FanfictionLorsque Yuichiro Hyakuya fait sa rentrée dans son nouveau lycée, il fait tout pour être seul. À cause des maltraitances subies dans son orphelinat quand il était petit, il est devenu misanthrope. Il prend donc pour habitude de s'isoler sur le toit à...