En me réveillant, les souvenirs de la veille m'assaillent. Je me souviens du festival, magnifique, et des deux personnes qui m'accompagnaient. Il y avait Mika et un ami à lui, Yoichi il me semble. Le dernier souvenir que j'ai, c'est lorsque que je chutai en arrière, ma vue s'obscurcissant, et le choc de mon dos contre le sol.
Lorsque je me souviens ce détail, je sens un lit moelleux et doux ainsi qu'une main dans la mienne. Je n'étais donc pas à l'orphelinat où il n'y a pas de lits. Où pouvais-je être ? J'ouvre les yeux pour observer mon environnement et j'eus l'impression de me noyer. Deux magnifiques yeux bleus, comme deux océans, me fixaient avec inquiétude et soulagement. Et pris dans cette immensité restreinte à deux cercles, piqués de noir au centre, je ne pus cessé de les fixer.
- Yuu ? Yuu, tu m'entends ? Tu peux arrêter de me fixer ? ça devient gênant...
C'est ainsi qu'il me rappella à l'ordre, et je rougis de honte.
- Excuse-moi Mika, j'étais en pleine réflexion... on est où là ?
- Eh bien, chez moi ! D'ailleurs, bienvenue !
- Vous m'avez traîné jusqu'ici avec Yoichi ? C'est loin du festival ?
- Alors, oui à la première et non à la seconde.
- Ah... en tout cas, je te remercie pour hier et désolé de t'avoir causé autant de soucis...
En disant ça, je cherchais le contact de mon t-shirt mais ne le trouva pas. Idem pour mon pantalon. Je commençai à paniquer, de peur qu'il me fasse une remarque sur les cicatrices qui recouvraient mon corps.
- Où sont mes vêtements ?! Dis-je paniqué
- Ne t'inquiètes pas, ils sont juste là, dit-il en me pointant la chaise d'à-côté. Par contre, hier ? Le festival, c'était il y a deux jours.
Je panique de nouveau. Deux jours que je ne suis pas rentré ! La directrice va me tuer, au sens propre du terme. Au moment où je sors du lit, une femme rentre. Je présume que c'est la mère de Mika.
- Oh ! Tu es debout ! Ça tombe bien, j'apportais le déjeuner !
Je m'arrête dans un élan de surprise, me rappelle que je suis en caleçon, et me saisit de mes affaires pour me cacher du mieux que je peux, tout en rougissant et en me confondant en excuses.
- Ne t'inquiètes pas pour ça ! D'ailleurs comme je le disais, voilà votre déjeuner les garçons.
Elle me regarde, me fait un clin d'oeil et rajoute
- Je ne sais pas ce qui vous lie, mais Mika a refusé de quitter ton chevet pendant tout le temps où tu dormais. Il ne dormait que lorsque son corps ne pouvait plus tenir, d'ailleurs...
Il a fait ça ?! Pourquoi ?! Il est taré ! Pensais-je. En même temps, un doux sentiment de joie s'installa dans mon coeur.
La mère de Mika pose le plateau et quitte la chambre, tandis que je m'habille et que Mika semble gêné, gigotant sur sa chaise.
- Eh bah alors Mika, ta mère a dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? À propos d'une potentielle relation par exemple.
Mais qu'est-ce que je raconte, moi ?!
- Oh, je... euh... non, pas du tout...
Lorsqu'il me répond, je le vois rougir. Je décide de ne rien dire et fini de m'habiller.
- Au faites, Mika...
Je le vois me regarder d'un air interrogatif sans pour autant parler.
- Je voulais te remercier...
- Oh pas besoin, c'est normal
- Pas que pour avoir pris soin de moi, Mika. Je voulais te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi depuis le début. Merci d'être resté avec moi au départ et de m'avoir parlé, même si j'étais pas le plus sympathique. Merci de m'avoir fait sortir pour ce festival. Merci de m'avoir offert ton amitié sans rien demander en retour. Et enfin, merci d'être mon ami, Mika. Merci, car tu es plus que mon ami. Tu es mon confident, ton amitié est tout ce que je possède et que personne ne pourra jamais m'arracher. Alors pour tout ça, merci Mika. Merci mon ami.
À peine eus-je fini ma phrase que je sentis un poids à mon cou et que je chutai en arrière. C'était Mika qui avait sauté à mon cou et qui pleurais, de joie je suppose.
- Yuu... tu peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir...
Il pleurait sans s'arrêter.
- Mika, je peux te poser une question ?
- Oui ?
- Pourquoi tu dormais pas lorsque tu étais à mon chevet, espèce de crétin ! Je vaux clairement pas le coup de faire ça !
- Mais... euh... je.... pardon...
- Pour te faire pardonner, reste comme tu es avec moi, s'il te plaît.
- Avec plaisir ! Dit-il en sanglotant de plus belle
Et nous finissons la journée ensemble, comme de vieux amis, à nous promener. Le soir venu, je mange avec Mika et sa mère avant de les remercier et de leur dire au revoir. C'était le dernier moment de paradis avant l'enfer.
Je reprends le chemin de l'orphelinat, mon sac sur le dos et mes angoisses me serrant la poitrine. Qu'allait me faire la directrice ? Avait-elle touché aux autres orphelins ?
Et tout en me rapprochant du jugement de Satan, l'angoisse augmentait. Au moment de toquer à la porte, je me fige, la peur de souffrir m'arrêtant. Je n'en pouvais plus. Mais je devait continuer à supporter.
Trois coup sourds frappés à la porte, la directrice ouvre dans la foulée.
- Ah, un revenant... dit-elle d'un ton grinçant, j'ai failli choisir un autre jouet... entre et dépêche-toi d'aller dans mon bureau. La punition habituelle t'y attends. Enfin, la punition cumulée de trois jours...
Je vais mourir, ça y est. J'ai bien fait d'ouvrir mon coeur à Mika. Et le reste des vacances, jusqu'à Août, se passa dans la torture et la douleur continue. Jamais ça ne s'arrêtait, jamais je ne soufflais. Au vu de la situation, je serais un déchet lors de la rentrée...
Lorsque fin Août arriva, la punition cumulée n'avait toujours pas été écoulée. La veille de la rentrée, je ne pouvais plus rien faire, j'étais obligé de faire de l'apnée pour moins souffrir lorsque je respirais. J'étais obligé de me mettre dans des positions impossibles pour ne pas souffrir. J'espère que Mika ne verra rien...
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In Extremis
FanfictionLorsque Yuichiro Hyakuya fait sa rentrée dans son nouveau lycée, il fait tout pour être seul. À cause des maltraitances subies dans son orphelinat quand il était petit, il est devenu misanthrope. Il prend donc pour habitude de s'isoler sur le toit à...