Chapitre IV│Fugue.

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Point de vue général

La nuit à 23 heures, Jack passait dans le couloir pour aller se chercher un verre d'eau. En rentrant, il vit la porte entrouverte de la chambre de Calvin. Il fit passer un œil et vit qu'il dormait comme un bébé. Il n'avait pas pu s'empêcher d'entrer.

À pas de souris, il entra et vint s'asseoir par terre directement devant lui. Il le trouva si mignon avec ses joues rebondies, l'une appuyée sur l'oreiller qui lui donnait une petite bouille de bébé. Ses lèvres entrouvertes et ses cheveux en désordres ne faisaient qu'en rajouter à son innocence. Ses cils magnifiques venaient s'étaler sous ses yeux clos délicatement. Il était parfait, mais tellement malheureux et Jack ne savait pas quoi faire pour l'aider.

Il se retenait de pleurer. Ça lui manquait tellement de le prendre dans ses bras, de revoir son sourire tellement magique. Il avait envie de lui montrer à quel point il aimait. Il n'y avait plus rien depuis qu'ils avaient déménagé. Il était sûr que Calvin lui avait toujours en voulu. Ne pouvant plus supporter, il sortit.

Dès qu'il fut dans sa chambre, il décida d'appeler cette fameuse Leslie pour mettre fin à son aventure avec cette prostituée. Elle ne le prit pas bien et lui dit qu'il le regretterait, mais il lui raccrocha au nez.

Une semaine plus tard, Calvin n'adressait plus la parole à son père, mais ce dernier ne se décourageait pas. Il voulait retrouver la confiance de son fils et il y arrivait peu à peu, ça devenait un petit jeu assez mignon. Calvin à chaque fois voulait lui parler ou rire à ses blagues, mais se retenait et son père voyait bien ses yeux pétiller. Ils s'aimaient vraiment.

Un dimanche soir alors que Calvin débarrassait la table, son père vint derrière lui à son oreille et lui chuchota :

— Je sais que tu ne veux plus me parler, mais écoute ce que j'ai à te dire, d'accord ?

Calvin hésita, mais finit par se retourner pour faire face à son père, droit dans les yeux.

— Je n'ai pas été cool avec toi et avec moi non plus, mais je ne supporte pas de ne plus te parler. Je sais que ça prendra du temps, mais j'espère qu'un jour, tu voudras me pard...

— Je t'ai déjà pardonné, lui coupa son fils.

Jack sourit et lui regarda dans les yeux, il ne voulait plus décoller son regard. Il lui manquait tellement. Pendant un instant, père et fils se regardaient avec plein de tendresse, jusqu'à ce qu'on sonne à la porte.

— Va te coucher, je vais ouvrir, dit Jack.

— Demain... si tu veux, on peut passer du temps ensemble ? demanda Calvin avec hésitation.

— Bien-sûr, répondit l'homme avec bienveillance.

Jack lui sourit et alla ouvrir la porte. Il tomba sur cette "Leslie" habillée d'un manteau où à l'intérieur, il n'y avait qu'une petite lingerie qui laissait voir ses seins.

— Mais putain ! Qu'est-ce que tu fous là ?! Ça ne va pas ?!

— Tu n'es pas content de me voir ? J'avais envie de sucer tes bonbons, dit la femme de sa voix la plus perverse.

— Je te l'ai déjà dit, je ne veux plus continuer, alors retourne d'où tu viens.

— Ah non, ça ne se passera pas comme ça.

Elle rentra de force. Jack voulut lui en empêcher, mais il ne voulait pas lui faire mal.

— Leslie, je suis avec mon fils, alors s'il te plaît, va t'en.

— J'adore quand tu me supplies, rit-elle en tripotant une statuette posée sur le meuble.

Elle repoussa ses cheveux blond décolorés, prit soudain la main de l'homme et la posa sur son sein droit.

— Tu sens comme c'est chaud ? Aller... laisse-toi faire, vas-y.

Bien sûr Jack n'était qu'un homme, un homme envoûté par une femme. Elle s'approcha de lui et l'embrassa. Il ne put résister et agrippa ses fesses en l'embrassant avec la langue.

— Papa ?

Il s'interrompit en sursaut en entendant la voix qui se sentait ahurie.

— Calvin ? Je pensais que tu dormais.

Le garçon déplaçait son regard alternativement de son père à cette inconnue dénudée.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? souffla l'adolescent.

— Monte, je vais tout t'expliquer.

Les larmes aux yeux, Calvin devint fou. Un flot de rage monta en lui en un clin d'œil.

— Tu n'es qu'un connard ! Comment peux-tu faire ça ?! cria-t-il.

— Calvin, je t'en supplie monte, je viendrais tout t'expliquer.

La situation dégénéra subitement.

— J'en ai marre de toi... ! Je te déteste ! Va te faire foutre !

Le garçon en pyjamas ouvrit la porte et courut en trombe dehors dans le froid de novembre, un dimanche à 22 heures.

— Calvin ! Attends ! s'écria son père déjà loin derrière lui.

Il essaya de le suivre, mais arrivé au coin de la rue, il ne savait plus quel chemin prendre, alors il retourna chez lui. Quand il vit Leslie qui se retenait de rire, il devint rouge de colère et voulut la frapper, mais il la prit par le bras et la jeta dehors comme la pute qu'elle était.

— Si tu remets un jour les pieds ici, je te jure que je vais te casser en deux et ce jour-là, tu ne l'oublieras jamais... Dégage de ma vue ! gronda-t-il en la regardant avec dégoût.

Elle ne se fit pas prier et partit tout de suite et à jamais. Jack rentra et prit deux manteaux pour Calvin et lui. Il monta dans sa voiture et partit à sa recherche.

Pendant ce temps, Calvin, épuisé par sa course, ralentit. Il avait froid et il pleurait sans s'arrêter, pas seulement pour ce qu'il avait vu, mais parce qu'il s'en voulait d'avoir mal parlé à son père, parce qu'il avait froid, parce que sa mère lui manquait énormément.

Cette situation le fatiguait et l'attristait. Il avait la rage contre son père. Il avait l'impression qu'il trahissait sa mère avec une prostituée de basse classe. Il marcha jusqu'à ce qu'il se retrouve dans un parc. Il se mit sur un banc et continua de pleurer. Il avoua tout bas :

— Papa viens m'chercher.

Après, il entendit un bruit derrière lui et c'est à ce moment qu'il se rendit compte qu'il faisait noir et qu'il était tout seul – ou pas –.

— Il y a quelqu'un ? lança-t-il peu convaincu, mais c'est le silence qui lui répondit.

Puis dix minutes plus tard, il n'entendit plus rien. Juste au moment où il se leva pour partir, il vit un homme balafré et barbu devant lui. Il voulut crier, mais quelqu'un lui mit à la bouche, un mouchoir imbibé d'un liquide qui lui piqua les narines. Il se débattit du mieux qu'il pouvait, mais il fut rapidement emporter dans l'inconscience.

On le mit au coffre d'une petite voiture noire et ces hommes partirent avec lui. Et quand son père circulait dans les rues pour le retrouver, il se croisa avec la même petite voiture noire, mais passa son chemin sans savoir que son fils était à l'intérieur.

AMAZÔNIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant