Trois mois plus tard, Jack, qui avait perdu son travail, s'était retrouvé au chômage. Mais heureusement, il fut soutenu par l'État et quelques personnes de bonne volonté qui avaient entendu parler de son histoire.
La somme d'argent qui lui avait été dédommagé, avait servi aux frais médicaux de Calvin. Ce dernier qu'il n'eût pas revu depuis son placement. Les médecins avaient formellement refusé qu'il le voie parce qu'ils disaient que ça le stresserait et en rajouterait à son traumatisme.
Avec le reste de l'argent, il put entreprendre et devint employé dans une entreprise réputée. Il voulait faire plaisir à son fils et avait totalement réaménagé leur maison. Il avait repeint les murs avec une couleur plus vive qui éclairait la demeure et qui lui donnait un air plus frais, et avait déplacé la chambre de Calvin dans une grande pièce qu'il décora soigneusement avec de nouveaux meubles.
Il était 17 heures quand il rentra ce soir-là du boulot, fatigué, mais ménagé. Il aimait vraiment son nouveau travail comme superviseur en chef dans une société de livraison international. Il reprenait goût à la vie peu à peu, mais il lui manquait toujours un morceau de lui qui se trouvait avec son fils.
« Et ses fichus médecins qui m'empêchent de le voir. C'est tellement énervant » pensait-il.
Il enleva ses chaussures et partit en cuisine. Il fouilla dans les placards et se prépara un petit quelque chose vite fait. Il mangea, se doucha et se mit au lit. Il lut d'abord un livre avant de s'endormir. Peu après vers 22 heures, il fut réveillé par la sonnerie de son téléphone.
— Ah, celui qui m'appelle a intérêt à avoir une bonne raison.
Il répondit toujours couché et à moitié endormi. C'était l'assistant du médecin général de l'hôpital psychiatrique où était placé Calvin. Il lui convoqua, pour lui parler du cas de son fils.
⁂
Le lendemain, il n'arrivait plus à attendre. La veille, il n'avait presque pas dormi. Le médecin lui avait annoncé que Calvin allait pouvoir sortir du centre psychiatrique plus tôt. Il cita : « Il fait beaucoup de progrès, et est vraiment intelligent. C'est un jeune garçon très fort. »
Jack, restant assit dans la salle d'attente, ne faisait que scruter la porte où était inscrit le nom du médecin. Il avait pris sa journée. Il ne souhaitais que rien ne le distrait de son but.
Après quelques minutes qui lui semblèrent interminables, le médecin vint enfin l'appeler. Ils marchèrent dans un couloir et entrèrent dans une pièce où il y avait une vitre teintée par laquelle ils pouvaient voir comment agissaient les malades. Le médecin lui montra la pièce où était son fils. Quand Jack le vit, il avança plus près pour vraiment se rendre compte qu'il était là, le Calvin qu'il connaissait, son Calvin.
Il était tellement beau, avec ses yeux émeraude et sa peau mate. Il s'était coupé les cheveux et s'était fait une coupe courte qui encadrait à la perfection son visage. Ses traits étaient détendus.
Il faisait des tests avec une dame. Jack mit sa main sur la vitre comme s'il voulait le toucher. Il le regardait. Il voyait son fils sourire, rire. Son regard était à tomber. Tout de lui, lui avait manqué. Il aurait voulu s'effondrer de soulagement. Calvin ne pouvait pas le voir parce que la vitre de leur côté se reflétait comme un miroir.
Le médecin lui sortit de ses pensées et l'emmena dans son cabinet médical. Il était très gentil et savait comment s'y prendre avec les enfants. Il avait un peu la tête du père Noël – mais avec la peau noire –, c'était peut-être pour ça que les enfants lui faisaient facilement confiance.
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AMAZÔNIA
Mystery / ThrillerJack Hamilton, un quadragénaire brisé et solitaire, devenu l'ombre de lui-même, essaie de joindre les deux bouts depuis la mort prématurée de sa femme, tout en élevant seul son fils de quatorze ans prénommé Calvin. Ce jeune adolescent insouciant, im...