𝟎𝟖. DE MAUVAIS AUGURE

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« So far from who I was
From who I love
From who I want to be

So far from all our dreams
From what love means
From you here next to me

So far from seeing hope
I stand out here alone
Am I asking for too much?

So far from being free
Of the past that's haunting me
The future I just can't touch »



Ce soir-là, il lui sembla que tout était paisible. Une bourrasque de vent glacé fit irruption à l'intérieur du Faucon, Ben sentit le goût de la neige dans l'air, l'odeur de la terre froide. Il se laissa transpercer par la nostalgie et la tristesse que le vaisseau de son père lui procurait.

Alors qu'il entrait dans le cockpit, le givre recouvrant l'entièreté de la vitre, il récupéra les trois dés dorés accrochés au-dessus du tableau de commandes. Il s'affaissa ensuite dans le siège de bord confortable, jouant avec les dés, les faisant passer entre ses doigts habiles. Il souriait tel un enfant. Ces petits dés qui renfermaient l'histoire de la famille Solo avaient été son jouet préféré autrefois avant que... Avant que tout ne parte en vrille.

Ben serra la mâchoire, ne souhaitant pas laisser ses émotions prendre le dessus, puis emprisonna le précieux porte-clés dans sa paume avant de se lever. Celui-ci saisit les couvertures qu'il avait trouvées dans ce tas de ferraille, qu'il affectionnait tant, avant de sortir.

Il se dirigea par la suite vers une sorte d'abri enclavé dans une montagne gigantesque. La porte et le refuge en lui-même n'étaient pas si aisément distinguables. De plus, la neige cachait tout sur son passage. Les pas du jeune homme étaient immédiatement couvert par la tempête rageuse qui demeurait reine sur cette planète désertique depuis des générations.

La douce chaleur l'emplit rapidement lorsqu'il mit enfin pieds à l'intérieur. Tout était calme, la maison avait beau être quelque peu précaire et exigu mais elle était chaleureuse et permettait d'abriter les trois habitants qui y résidaient. Il se secoua au pas de la porte, laissant les quelques flocons agrippés sur ses longues boucles charbonneuses retombaient prestement sur le sol. Il retira ensuite son épais manteau doublé de fourrure pour rejoindre la pièce principale.

Là, dans l'harmonie ambiante de l'apaisant foyer, Ben avança avec le plus délicatesse pour ne pas faire de bruit. Bien que sa grande et sombre carrure faisait tâche dans le décor selon lui, il ne se lassait pas d'observer le visage endormi de Rey tenant dans ses bras une minuscule petite fille. Celle-ci babilla joyeusement face au nouvel arrivant. Un sourire d'adoration s'étira sur les lèvres vermillons de Ben, ses pupilles ébènes pétillèrent tandis qu'il s'agenouillait pour effleurer du bout des doigts le visage du nourrisson.

Il caressait ses joues rebondies, il la contemplait avec admiration alors que celle-ci essayait de prononcer quelques syllabes maladroitement. Ce dernier rit légèrement mais bientôt ce sourire se transforma en un terrible frisson qui se propagea le long de son corps. Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine à l'idée qu'on puisse lui enlever ce petit être si chétif et impuissant qu'il chérissait et aimait du plus profond de son âme.

- Tu es en sécurité ici..., chuchota le jeune homme calmement, personne ne te fera du mal tant que je serai là.

La petite fille semblait absorber ses paroles, sa bouche grande ouverte, parfaitement attentive. Elle leva ses bras vers le visage de son père qui ferma doucement les yeux lorsque ses paumes de bébé vinrent rencontrer ses joues parsemées de grains de beauté. Le temps sembla s'étirer invraisemblablement. Il sentit son cœur se fracasser contre sa cage thoracique tant il battait fort face au contact qu'ils venaient d'établir. Dans ses yeux sombres, une bataille se livrait. Inexplicable, indéchiffrable.

UNE DYADE DANS LA FORCE  [ EN RÉÉCRITURE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant