Je cherchais Rose dans tout le campus, elle n'avait pas dit au revoir au gardien Belikov ce qui était étonnant puisqu'elle avait l'air de l'apprécier... Je n'avais pas besoin de lien magique pour savoir qu'elle n'allait pas bien, enfin... J'espérais. J'étais avec Christian à la bibliothèque lorsqu'un drôle de pressentiment m'a saisi. Je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus et pourtant ça me travaillait. Et puis j'ai commencé à penser à Rose, elle m'a ignoré toute la journée de la veille et n'est venu à aucun des repas. Alors je me suis levé et je suis allé à sa recherche. Sous la lune, je traversais l'école en laissant mon regard se balader de partout. Je n'avais pas été très présente pour elle et maintenant, elle était introuvable.
Rose mais où es-tu ?
J'approchais du centre de détention et une pensée insensée m'est venu à l'esprit : Et si elle était là-dedans ? Ce serait bien le genre de Rose d'essayer de démolir une personne qui nous avait fait du mal et maintenant que le Gardien Belikov était parti, je craignais qu'elle n'ait décidé de venir confronter Victor. Mon cœur rata un battement, mes mains tremblaient... Je sentais la peur me gagner. Étrangement, je sentais également ma magie frémir au bout de mes doigts. Je n'étais pas encore sous traitement mais j'allais bientôt l'être et j'avais cessé d'utiliser ma magie. Depuis que j'avais guérit Christian, j'avais l'impression que ma magie était en sommeil. Mais maintenant, la voilà réveillée et ma peur s'intensifia. En m'approchant, mon cœur s'arrêta un fragment de seconde lorsque je vis des gardiens au sol, inconscients. Mais alors que je tendis la main presque instinctivement pour les soulager, j'entendis un cri. Un cri de terreur, d'effroi, comme une petite fille qui voit un monstre sous son lit... Rose !
Je n'ai pas hésité, je suis entré... Pour me retrouver face à Victor. Il m'a souri et je me suis figée. Il me regardait fixement et j'ai entendu un bruit juste au-dessus de moi. J'ai reculée, effrayé, esquivant la brique qu'il avait fait tomber du plafond. Il s'est encore avancé. Un autre cri de Rose me fit cependant l'effet d'un seau d'eau glacé. Je ne pouvais pas laisser la peur me paralyser et la laisser souffrir ! Pas alors qu'elle était ma meilleure amie, ma lumière dans l'obscurité, pas alors qu'elle était tout pour moi ! J'avais la magie et je l'ai utilisé. Je ne sais pas vraiment comment, mais j'ai agi à l'instinct. Le sol s'est craquelé sous ses pieds et il est tombé. Visiblement, il ne s'attendait pas à ce que je réussisse à faire cela. J'ai couru dans les escaliers, le laissant là dans la brèche. En voyant ce qui se passait, j'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque. Rose était acculée, contre un mur, mal en point... Je pouvais sentir d'ici qu'elle souffrait plus que tout. Et devant elle, se tenant fièrement dans son uniforme d'école, ses longs cheveux noirs tombant doucement comme de la soie dans son dos : Nathalie. La douce et gentille Nathalie avec qui j'avais grandit et qui avait maintenant les traits déformés de Malice.
Elle me regardait comme un chien affamé observe sa proie. J'ai entendu Rose gémir, me crier de m'enfuir. Elle a tenté de se relever mais n'a pas vraiment réussi. J'ai entendu des pas derrière moi et la voix de Victor a résonné entre ces murs :
-Nathalie, je te laisse Rose mais tu ne dois pas toucher à Vasilissa !
Elle l'observait, tiraillée entre sa nouvelle nature et l'idée que c'était son père... Mais les Strigoïs ne ressentent pas d'amour. Et pourtant, elle luttait. Je n'ai rien compris, mais encore poussée par mon instinct, je me suis retourné et j'ai propulsé Victor en haut des marches, contre le mur de pierre. Rose se traînait au sol, j'ai voulu courir vers elle mais Nathalie a fondu vers moi. Elle était si rapide que j'en avais le tournis, je n'arrivais pas à la suivre !
Elle m'a plaqué au sol, je me débattais et criais, j'essayais d'échapper à ses canines. Elle souriait, elle était terrifiante et mon cœur battait à tout rompre, j'espérais que Rose réussirait à s'enfuir, j'espérais qu'elle me sauverait, que Christian... Je pensais à Christian, à combien je l'aimais. Soudain, j'ai vu le visage de Nathalie changer d'expression. Je vis alors apparaître un trou dans son bras, elle ne ressentait aucune douleur mais elle était furieuse. Elle me délaissa pour se jeter sur sa nouvelle proie : Rose qui tenait une arme à feu munie d'un silencieux. Elle était à terre, près d'un gardien inconscient, presque allongée et elle s'accrochait à la réalité comme elle le pouvait. Elle n'avait plus de force mais je savais que c'était l'adrénaline qui lui permettait de faire tout ça. Un bras me saisit et je me mis à hurler. Victor essayait de m'entraîner vers la sortie et il avait une sacrée poigne pourtant je me débattais comme un diable. Il luttait pour me maintenir près de lui et soudain, je fis une chose insensée : je lui mordis le bras. Il se figea, surpris, peut-être tétanisé par le flux d'endorphines mais toujours est-il que j'en ai profité pour le repousser de toutes mes forces et après avoir bu son sang, ce ne fut pas très difficile. Je sentais sa magie affluer dans mon organisme et me redonner des forces. Cela n'a duré que quelques secondes et pourtant, je me sentais capable de combattre le monde entier. Il était complètement sonné sur les marches et je me suis précipité pour aider Rose. Nathalie me tournait le dos et avançait alors que Rose reculait, effrayée. Cette fois en revanche, j'ai réfléchi. Il fallait que je sauve Rose mais je n'avais pas de pieu, je ne savais pas comment en utiliser un et je ne savais pas si j'étais capable d'invoquer le Feu. J'avais réussi avec la terre et l'air mais c'était des éléments communs à ma famille contrairement aux deux autres !
Rose m'a regardé et j'ai su qu'elle connaissait mes craintes. Ses yeux semblaient me dire : « Tu peux le faire ! Tu es forte ! »Alors j'ai essayé. Je me suis concentré sur Nathalie, sur le mal qu'elle avait fait. J'ai éloigné de mes pensées la gentille fille qu'elle était autrefois, j'ai pensé au mal qu'elle ferait à Rose si je n'intervenais pas... Et la première étincelle a jaillit. Doucement, elle hurla, le feu était minuscule mais je l'ai fait devenir plus grand en puisant dans toutes les nouvelles forces que le sang de Victor m'avait donné et petit à petit, Nathalie la Strigoï est devenu un brasier ambulant. Elle hurlait à plein poumon, courrait sous la douleur et se consumait lentement. J'entendais ses cris mais je leur interdisais l'accès à mon cerveau. Je me suis précipité vers Rose qui luttait contre l'inconscience maintenant que Natalie ne la menaçait plus. J'ai tenté de lui parler puis voyant que ça ne marchait pas, j'ai fait la chose qui m'a semblé la plus naturelle : j'ai tendu la main vers elle et j'ai pensé à elle, à quel point j'avais besoin d'elle, à tous nos bons moments ensemble. Je sentais le bonheur affluer, passer de mon esprit au sien. Comme ce soir-là, ses plaies se sont refermées, elle a ouvert pleinement les yeux et ses iris sombres furent la dernière chose que j'ai vu avant de m'évanouir.
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Pour toi
FanfictionPar amitié on peut faire beaucoup de choses... Parfois même les choses les plus atroces ! Mais rien n'est jamais sans conséquence... Sous le soleil brûlant, deux jeunes filles fuient encore, laissant le feu de la destruction emporter les derniers m...