Dimitri

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J'ouvris les yeux. J'étais sur le sol de la cuisine, enveloppé dans mon manteau en cuir et j'entendais petit à petit les voix des femmes de ma vie. Chacune demandait ce qui se passait. Je me relevais péniblement, le dos endoloris à cause de ma sieste sur le carrelage. Mais qu'est-ce qui s'était passé ? Pourquoi étais-je allongé ici ?

J'ai rejoint ma famille dans le salon et j'ai vu que tout le monde avait l'air aussi sonné que moi. Ivan m'adressa un regard interrogateur mais je n'avais aucune réponse à apporter. Oksana semblait être la seule à comprendre la situation et elle était aussi choquée que furieuse, ce qui était rare chez elle. Nous étions alors doublement sous le choc...

-Je n'arrive pas à y croire !

Mark arborait désormais la même expression que la Moroï et j'étais encore plus perdu. Qu'avait-elle révélé à travers le lien qu'elle ne nous disait pas ?

-Que se passe-t-il ?

-C'est exactement ce que j'aimerai savoir !

Nous nous figeâmes en entendant la voix débordante de colère de Zmey. Oksana avait peut-être l'air furieuse mais cet homme en était l'incarnation. Il était vraisemblablement hors de lui et moi-même je déglutis. Je n'étais pas assez fou pour ne pas avoir un temps sois peu peur de lui.

-Je ne pensais pas qu'elle en serait capable... Lissa a utilisé une grande puissance de suggestion pour endormir toute la ville de Baia... J'y ai résisté car je suis également une utilisatrice de l'esprit. Je suis sorti dès que j'ai pu mais je ne les ai pas trouvés.

-Comment a-t-elle pu réussir ça ?

-Elle s'est servi de l'autel de l'église. Le centre énergétique de Baia. Il y a de l'argent dessus et elle s'en est servi pour amplifier son pouvoir de suggestion...

-Mais pourquoi ? Où sont-elles maintenant ?

Je fis un pas pour m'interposer entre Zmey et Oksana mais Mark me fit un signe pour me rassurer. Je ne bougeais pas mais continuer à observer la scène, tendu. Je ne comprenais pas plus que lui pourquoi elles avaient fait cela mais je me doutais que ce n'était pas sans raison. Elles avaient fui une fois l'académie pour se sauver des dangers qui les entouraient et je me doutais que cette fois-ci n'était pas différente mais je ne comprenais pas pourquoi lui, un Moroï qui n'avait aucun lien avec ces filles à ma connaissance, se mettait dans cet état !

-Je vous les avait confiés !

-Nous n'avions pas prévu qu'elles s'enfuiraient !

-Et bien vous auriez dû ! Ces deux filles ont plus de fuites à leur actif que n'importe quel prisonnier Moroï, Dhampir ou humain !

-Rose a dû sentir un danger. C'est elle qui a emmené Lissa à la chapelle...

-Mais je ne lui ai jamais dit pour l'autel. Seule Lissa le savait.

-Alors c'est Lissa qui en a eu l'idée.

-Peu importe ! Nous devons les rattraper !

-Vous n'avez pas entendu ce que nous venons de dire ?! Elles ont senti une menace ! Les ramener ici serait causer leur perte ! Et puis, de quoi vous mêlez-vous ? Peut-être est-ce-vous qu'elles fuient !

Je n'aurais pas dû dire ça. Je ne savais pas ce qui me prenait mais il me mettait hors de moi ! J'étais fou d'inquiétude pour Rose et Lissa mais lui semblait seulement furieux, comme s'il avait perdu un trésor inestimable et je refusais que quiconque considère Rose comme un objet ! Elle était merveilleuse et...

Je m'attendais à des représailles pour mon insolence et pourtant, je fus profondément surpris, comme tout le monde, lorsqu'il fondit sur moi et m'attrapa par le col. Cet homme n'était pas du genre à faire usage lui-même de la force brute, il préférait les complots, les coups dans le dos d'où son surnom : serpent. Et pourtant, en cet instant, il me tenait, prêt à me mettre son poing dans la figure ! Il me dit, la rage transperçant dans sa voix et dans ses traits :

-Tu n'a aucune idée de l'importance que Rose a pour moi alors je te conseille fortement de baisser d'un ton, petit !

Ce mot me fit froid dans le dos. Je revoyais l'homme à qui j'avais demandé de l'aide pour faire en sorte que mon père ne revienne pas une fois que je serai parti... Il se calma puis me libéra et dit en plissant son costume criard :

-Donc, comme je le disais : il nous faut les retrouver pour mieux les cacher.

Ma sœur Sonya demanda :

-Pourquoi ?

-Longue histoire jeune fille, trop longue pour être raconter en des heures aussi sombres.

-C'est pas la garde royale ?

Je me figeais en entendant Paul dire cela. Il était jeune mais semblait comprendre la gravité de la situation car il nous regardait d'un air inquiet. Zmey demeurait désormais calme mais comme nous, il était tendu. Il n'était pas difficile de comprendre maintenant pourquoi elles en étaient arrivées à de telles extrémités... Mais ce que je me demandais c'était : Pourquoi ? En quoi la garde Royale était-elle une menace pour elles ? Je sentis mon cœur devenir lourd... Encore une fois, je n'avais rien fait pour elle... Pardon Roza.

Rapidement, Zmey demanda poliment à ma famille de monter à l'étage pour éviter d'être impliqué dans des affaires désagréables. Elles voulurent rester mais je leur fis un signe de tête pour leur assurer que tout irait bien. Dès qu'elles furent partis, le Moroï nous dit :

-Bon... Je suis sérieux quand je dis qu'il faut les retrouver. Les gardes ne les lâcheront pas.

-Mais qu'ont-elles fait ?

-Tu n'es pas au courant Belikov ?

-... Non.

-Eh bien il se trouve que le conseil a décidé que Lissa était instable et devait être enfermée et que Rosemarie était une infamie qui ne méritait pas d'être gardienne.

-Parce qu'elle a nourrit Lissa ?

-Quoi ? Non... Car elle aurait couché avec toi, compromettant ainsi la sécurité de sa meilleure amie.

-QUOI ?

J'étais littéralement choqué. J'avais pourtant expliqué que c'était un sort qui nous avait poussé à nous combattre et non pas à nous jeter l'un sur l'autre ! Mais peut-être qu'il n'était pas question de cela, mais je ne voyais aucun autre moment où nous avions été aussi proches l'un de l'autre !

-Ce n'est jamais arrivé ! A quel moment cela aurait-il eu lieu ?

-Lorsque la princesse s'est faite enlevée. Ils ont monté tout un dossier prouvant qu'elle était consciente du danger et t'a sauté dessus.

-Donc... Ils la considèrent comme complice de Victor Dashkov ?

-Oui.

Cette fois c'était sûr, j'allais vomir. Comment pouvait-on vouloir détruire l'avenir de Lissa et de Rose ? Pourquoi tant de cruauté ? Pourquoi était-elle punie à ma place ? C'était moi qui avais laissé en grande partie les choses déraper ! Bordel ! Je m'étais éloigné d'elle pour que ce genre de situation n'arrive pas !

Furieux, dégoûté, je partis dans la cuisine pour me calmer. Je serrais les bords de la table et je fermais les yeux comme si cela allait chassait l'horreur que je découvrais. Pourquoi ? Si dieu existe, pourquoi s'acharne-t-il sur elles ? N'ont-elles pas assez souffert ? N'a-t-elle pas suffisamment connu la douleur ? 

Pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant