Dimitri

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Le jour de mon départ de l'académie, je me souviens que beaucoup de gens étaient venu me dire au revoir. La gardienne Petrov m'avait remercié pour tout ce que j'avais fait pour Rose et Lissa. Même la Proviseure Kirova en personne vint me faire ses adieux et m'a souhaité le meilleur. J'avoue avoir été assez surpris car n'étant qu'un simple Dhampir je ne pensais pas qu'une Moroï, autre que Lissa, serait aussi chaleureuse avec moi. Je scrutais la foule en sentant mon cœur se serrer... Je savais très bien qu'elle ne viendrait pas, pas après que je lui ai brisé le cœur comme je l'avais fait ce matin. Mais j'avais espéré, un tout petit peu...

Je revoyais distinctement ses yeux tristes, malheureux, au bord du gouffre et pourtant, elle était tellement forte, suffisamment pour encaisser les coups que je lui ai porté... Finalement, il semblerait que je ne vaille pas mieux que mon père. Je n'ai pas fait à Rose ce que lui faisait à ma mère mais le résultat était le même, je l'aimais et je lui avais fait du mal consciemment et volontairement en plus !

-Gardien Belikov.

Je quittais mes pensées pour me concentrer sur mon interlocutrice qui se révéla être Lissa. Elle me souriait tristement et me tendit sa main. Je la regardais, ne comprenant pas vraiment si je devais serrer sa main ou lui faire un baisemain. J'optais finalement pour la première option et dans son regard je vis que j'avais pris la bonne décision. Elle me remercia pour l'aide que j'avais été et je suis ensuite monté dans l'avion. Je n'étais pas le seul à partir en Russie et puisque j'étais resté un an au service de l'académie, la proviseure avait accepté de me laisser utiliser le jet privé pour retrouver mon ancienne charge, mon meilleur ami. En pensant de nouveau à lui, mon cœur se gonfla de joie, je n'y croyais presque pas... Mais j'aurai tout le temps de me poser certaines questions plus tard.

Ayant pris place sur mon siège, je me mis à observer une dernière fois l'académie par le hublot. Et mon regard se posa sur le bâtiment des dortoirs. Mes pensées retournèrent vers Rose et mon cœur se brisa un peu plus. Ma belle, ma courageuse Roza. Je lui avais mentis... Bien sûr que je lui avais mentit ! Quel homme sur terre pourrait résister à son charme ?! Elle était si intrépide, courageuse, illogique, magnifiquement parfaite ! Et le pire, c'est qu'elle ne savait pas à quel point elle était merveilleuse. Oh bien sûr elle savait qu'elle était attirante, mais elle ne savait pas quel pouvoir elle avait sur les hommes, sur moi ! Lorsque j'ai vu son regard quand je lui ai dit que je ne m'intéressais pas à elle, j'ai eu envie de revenir en arrière, de la prendre dans mes bras, de l'embrasser, de lui dire à quel point j'étais un menteur complètement fou d'elle ! Mais je n'ai rien dit, pour la protéger. Parce que je ne voulais pas l'enchaîner à une vie avec un homme plus vieux alors qu'elle n'a pas tout découvert, de plus je devais partir de toute façon et une relation à distance... Ce n'était vraiment pas une bonne idée !

Je soupirais, abattu par le poids des souvenirs que j'avais ici, sachant que j'avais partagé les plus beaux avec Rose. L'avion a décollé et j'ai laissé derrière moi une superbe jeune fille au cœur détruit par ma faute !

***

Lorsque je suis descendu, je ne m'attendais pas du tout à ça : toute ma famille était là et me faisait de grands signes en souriant. Une vague de bonheur m'a traversé et j'ai couru vers eux, saisissant ma sœur Karolina qui avait eu la même idée que moi. Je l'ai faite tourner dans mes bras et elle riait... Voilà si longtemps que je n'avais pas entendu son rire ! Mes deux autres sœurs nous ont rejoint dans une étreinte et m'ont couvert de baiser et de mots tendres en russe. Puis j'ai enlacé ma mère qui passait sa main dans mon dos, m'apaisant, chassant toutes mes pensées obscures pour l'instant... Ce fut ensuite le tour de ma grand-mère mais je sentais dans sa posture qu'elle était tendue. Finalement, j'ai vu une autre personne et mon cœur a cessé de battre. J'aurai dû mettre mon masque de gardien, être professionnel, m'incliner respectueusement mais au lieu de ça, j'ai marché vers lui et j'ai senti les larmes me monter aux yeux. Il avait maintenant les cheveux aussi longs que moi, lui qui les avait toujours coiffés en brosse avant et ses yeux bleus me regardait avec une joie immense. Arrivé face à lui, j'hésitais, je ne savais pas quoi faire, je tremblais presque. Il était ce fantôme du passé que j'espérais revoir, qui hantait mes cauchemars...

Il a lâché sa pancarte où il était écrit : « Dimka » et il m'a serré dans ses bras. Je lui ai rendu son étreinte et nous sommes resté ainsi un petit moment. J'étais trop heureux de l'avoir près de moi pour le lâcher.

Puis nous sommes allés chez moi pour fêter mon retour. Dans la voiture, Ivan et moi gardions le silence, nous avions été séparés pendant si longtemps et aucun de nous deux ne savait quoi dire.

Une fois arrivés chez moi, les choses se sont un peu détendues et nous nous sommes enfin mis à parler. Seuls dans ma chambre, je lui ai posé cette question :

-Que s'est-il passé ?

Il prit une grande inspiration et me dit :

-Tu me croirai si je te racontais tout ?

Je m'asseyais sur mon lit, près de lui et je lui dis :

-Crois moi, je viens de passer les mois les plus fous de mon existence...

-J'en doute.

-Crois moi... J'ai fait partit des gens qui ont assisté à la renaissance d'un élément dont on avait oublié l'existence alors...

-L'Esprit ?

-Tu connais ?

-Oui... C'est le point crucial de l'histoire que je vais te raconter... *Il a pris une grande inspiration puis s'est mis à parler et je l'ai écouté attentivement* Ce fameux soir, les Strigoïs nous ont attaqués. Greg a essayé de nous défendre mais ils étaient une dizaine et il était seul... Je me sentais tellement impuissant... ! Et ils... Ils m'ont transformé. Quand je me suis réveillé, je n'avais plus aucun sentiment. J'avais seulement soif, je voulais boire, devenir plus fort, tout détruire. Et... C'est moi qui ai bu le sang de Greg. Si tu savais comme je regrette ! Je ne voulais pas mais mon esprit m'avait quitté, je ne pensais plus qu'au pouvoir, à la soif déchirante...

En disant cela, il s'éloigna de moi et je le regardais tristement. Il pleurait presque et le dégoût perçait dans sa voix. Je voulais le retenir mais je le connaissais, il avait besoin de continuer et après il aurait besoin de réconfort. Mais j'étais également effaré, il était on ne peut plus vivant, il était entièrement un Moroï, il n'avait rien d'un mort-vivant maléfique alors comment... ? Puis j'ai pensé à l'Esprit et l'évidence m'a frappé. Je ne savais pas comment c'était possible mais j'en était certain, l'Esprit l'avait guéri. Lissa avait ramener Rose de la mort et il ne serait pas si étonnant que ça que l'Esprit puisse sauver les Strigoïs... Si ? C'était complètement dingue ! Il certifia ma théorie lorsqu'il me raconta qu'un Moroï l'avait sauvé il y a seulement quelques mois, plus précisément pendant la période où j'entraînais Rose.

-Mais pourquoi n'ai-je pas été prévenu plus tôt ?

-J'étais en rééducation, ils voulaient vérifier si j'étais vraiment un Moroï...

Il eut un rictus amer et je passais mon bras autour de ses épaules. Il sursauta et me jeta un regard interrogateur. Je lui souris et lui dit :

-Bon retour parmi nous mon ami.

-Tu me crois ?

Il semblait vraiment surpris et mon sourire s'accentua tandis que mes pensées me ramenaient loin d'ici, près de deux jeunes filles extraordinaires...

-J'ai vu ce que l'Esprit pouvait faire alors oui. Mais sais-tu qui est le Moroï qui t'a sauvé ?

-Non. Il est parti presque aussitôt mais il était plus vieux que moi ça c'est sûr.

Pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant