Psaume 17.

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  Il respire calmement. Sa peau est douce. J'ai passé ma main sous le pull qu'il porte. Je sens sa respiration. Ses yeux sont clos, sa bouche entrouverte. Je le regarde dormir sans m'en lasser. J'ai caressé son visage en ayant peur de le réveiller mais il s'est simplement tendu un peu plus vers moi. Je goûte la douceur de l'épiderme aussi blanc que la neige, la finesse du trait de son visage. Je souris. Je le trouve beau. Je caresse son ventre.

Il a tenu promesse, je me suis réveillé avec lui.

La porte d'entrée claque au loin. Je me redresse mais pas aussi vite que lui. Sa main se serre sur ma hanche, il me plaque contre le matelas, à genoux sur celui-ci. Sa main se pose sur ma poitrine nue pour me maintenir immobile. Mon cœur cogne contre sa paume brûlante.

Deux coups sont frappés à la porte qui nous séparent du couloir. La mort frappe-t-elle avant d'entrer ?

« Patron ! »

C'est une voix rauque qui nous parvient. Ash souffle en retombant sur le matelas. La porte s'ouvre sur deux hommes habillés en noir qui dégoulinent de pluie sur le sol.

« Patron on vous cherchait et ... »

Il y a ce moment de temps suspendu où ils nous voient, nous découvrent à moitié nus dans le lit et où ils esquissent un mouvement de recul. Ash retombe sur le dos, m'entraîne avec lui dans son mouvement. Je retrouve la douceur et la chaleur de ses bras.

« Bonjour toi, murmure-t-il juste pour moi.

- Bonjour, je lui souris.

- Es-tu satisfait ? Je suis resté.

- Euh patron on vous attend ou ...

- Tu poses ton cul et tu fermes ta gueule. »

Je rigole en les entendant sagement s'asseoir à priori sur les tabourets de la cuisine. Lui rabat la couette sur moi en dévorant du regard mon torse couvert de chair de poule.

« Alors ? Es-tu satisfait ?

- Je le suis. »

Je me penche un peu plus vers lui. Alors il sourit et mon cœur loupe un battement. Il sourit juste pour moi, ses jambes croisées dans les miennes, un morceau de couette à moitié rabattu sur sa joue. Je crois ne m'être jamais réveillé.

« Je dois aller travailler mon Ange. Pierre va arriver pour te ramener. »

Je fais la moue, penché au-dessus de lui. Je voudrais l'embrasser mais j'aime cette tension qui apparait dans ton mon corps quand mon cerveau me crie que je ne peux pas. J'aime cette tempête en moi. Je ne veux pas être celui qui craque le premier. Je hoche la tête en voyant qu'il attend une quelconque réponse de ma part.

« Ash, je geins. Je ne veux pas te voir disparaitre après.

- Patron on vous attend toujours ou on revient après ? »

Ce n'est pas la même voix qui a parlé. Alors Ash se redresse sans me répondre. Je me retrouve seul dans le lit, étendu sur le dos, les yeux au plafond. Il enfile son masque de neutralité, de celui qui se fait appeler « patron ». En caleçon, je l'entends marcher droit vers les deux autres.

« Putain on peut pas être tranquille ici ! »

J'entends le bruit de la gifle. Puis le silence.

J'ai renfilé mes vêtements après qu'ils soient tous sortis de a pièce. Je ne suis pas triste, je ne suis pas déçu. Je comprends, même si mon cœur se serre quand j'ère en silence dans l'appartement désormais vide. Je crois qu'ils ne sont pas sortis de l'usine, ils sont surement simplement dans le bureau.

Quand Pierre arrive, dans un autre costume que la veille, les cheveux perlés de gouttes de pluie, je l'attends sagement sur le lit. Je pleure. Je ne suis pas triste, je ne suis pas déçu ; je comprends. Mais si mon esprit assimile l'information mon cœur lui la refuse. Alors Pierre me soulève du lit, me plaque contre son torse dur. Je voudrais ravaler mes larmes douloureuses mais ses grandes mains qui frottent vigoureusement mon dos me font éclater en sanglots.

« Pourquoi tu pleures bébé ?

- Pourquoi je ne veux pas juste rester avec lui ? »

Mon visage se tord en une grimace peu flatteuse mais je ne peux contrôler le flot d'émotions.

« Je me pose la question depuis le premier jour. Je sais qu'un jour, j'arriverai ici et tout aura disparu. Ash c'est ça. Pour le meilleur comme pour le pire dans les vies, il ne fait que passer. »

L'évangile selon Kurt. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant