Verset7.

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=>  Attention, la partie précédente vient d'être publiée.

   Il fait noir. Dehors, en moi, il fait noir. J'ouvre les yeux sur ma propre misère. Tout ne parait que coton. Je me redresse, dérape, me blesse. Je ris en regardant le sang couler abondamment de mon bras. Je veux l'essuyer sur mon pantalon mais je n'en ai pas ; je n'ai que mon caleçon et mon tee-shirt. Je m'essuie sur ma cuisse qui rougit. Je ris. Je me rattrape à tout ce que je peux pour me lever. J'ai froid. Un haut-le-cœur me prend mais je ne vomis pas. J'ai mal.

Je parviens à ouvrir la porte du bureau. Le couloir est vide alors que je m'y glisse.

« Kurt ? »

Je me retourne avec lenteur, chaque geste est compliqué. Ce n'est qu'une forme sombre qui m'interpelle. Je ris avant de me détourner. La porte d'entrée est juste là. Ma main ne parvient pas à saisir la poignée selon moi mais la porte s'ouvre pourtant. Le vent glacé siffle à mes oreilles, l'humidité du sol sous mes pieds. La rugosité du béton, la pluie fine qui s'imprègne dans mon tee-shirt, le souffle qui soulève mon seul vêtement.

« Kurt ! »

Cette voix encore qui m'appelle. Mais je cours. Je cours comme dans un rêve, sans réussir à aller vite, je cours comme dans du sable. J'ai l'impression que mon esprit court plus vite quand mon corps. Dans ma tête je suis déjà arrivé. Je cours sans pouvoir avoir une pensée cohérente. Je cours sans que mes jambes ne sachent où elles vont mais ma tête elle a trouvé sa destination.

Ma tête tourne. Je cours pieds nus. Mon bras saigne, mon estomac menace de se soulever. Mon cœur bat de façon anarchique. Je vais m'écrouler. Mes jambes flanchent. Mon genou cogne le sol, je hoquette sous la douleur qui disparait tout aussi vite. Le vent cingle mon visage, la pluie trempe ma peau et mes cheveux. Je m'allonge. Il fait si noir, si froid.

Je ferme les yeux sur la lumière vive qui m'accueille enfin. 

L'évangile selon Kurt. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant