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Et dans la mort, la lumière. La lumière qui m'accueille et réconforte. La lumière qui me serre dans ses bras et qui "c'est fini".

Je flotte dans le chaos, un néant pourtant douloureux. Je ne pourrais pas dire où je suis. J'ai mal, puis je ne sens plus rien. Mon corps est de pierre, d'un marbre qui ne bouge pas, j'entends mon coeur qui résonne. J'ai peur. Peut du silence dans ma tête. Peur du noir qui m'a englouti après la lumière. Encore une fois, la fin n'est pas venue. Elle n'a pas voulu de moi.

Dans mon silence perpétuel, il y a des voix. Des voix qui percent le voile brumeux de mon esprit. Je les entends plus ou moins et je ne comprends pas ce qu'elles disent. Ces voix sont lointaines, mais elles m'entourent, me tournent autour. Je reste aveugle de tout. Je n'ai jamais eu si peur du noir ; mon corps ne répond plus. Je sombre.

Les voix sont de plus en plus claires. Des voix de femmes souvent, une voix d'homme parfois. C'est à elle que je réagis le plus. Mon esprit voudrait faire quelque chose quand je l'entends, mais je ne peux pas. Je suis immobile. Je comprends que je suis inconscient. Derrière mes paupières closes disparaissent les ténèbres, c'est une lumière nouvelle qui prend place. Je flotte.

 

Est-ce le soleil que je distingue ? Quel Est-ce bruit incessant près de moi ? Quelle est cette chose dans ma main, cette chaleur qui me gagne et me quitte ? A qui est cette respiration tout près ? Pourquoi je ne sens rien ? Qui suis-je ?

Mon corps me démange. Je voudrais bouger mais je ne peux pas. Il y a toujours ce poids, cette lourdeur qui me cloue. Il y a ces tâches de couleurs qui dansent devant moi. Il y a tous ces bruits, comme une mélodie qui se répète. Est-ce que les jours passent ? Est-ce que je dors ? A qui est cette main qui serre la mienne ? Qui est cet homme qui vient me murmurer qu'il est désolé ? Quelqu'un m'a t-il fait du mal ? Je me demande.

Les couleurs deviennent plus claires, les voix plus nettes. On parle de moi. On me pose des questions mais je ne réponds pas. Je m'habitue à cette voix qui me demande si ça va, qui me dit qu'il ne fait pas beau dehors, qu'il faudrait me réveiller maintenant. On n'attend plus que moi. Il faut que je me réveille.

J'ai peur. La lumière est vive. Mon corps ne bouge pas. Je ne respire pas. Je ne peux pas respirer ! Je suffoque. Mes doigts bougent, à peine, je griffe le tissu sans force. Il y a du bruit autour de moi, trop de bruit. J'ai peur.

"Docteur !"

Il y a un bourdonnement permanent. Du blanc. Je ne vois que du blanc percé de tâches rouges qui dansent devant mes yeux. Mes mains bougent si peu, je ne peux pas le slever. Je voudrais toucher mon visage. Je ne peux pas. Mes bras sont si lourds, inertes, je peux agiter mes doigts seulement.

Il y a un martèlement sur le sol, plus de bruit encore. Plus de monde autour de moi. Je ne vois rien.

Je vois flou, je ne distingue pas toutes ces personnes qui ne sont que des ombres. Des ombres blanches qui passent rapidement sans s'arrêter dans mon champ de vision. Des mains qui me touchent, mon visage dont on s'approche.

"Pas de panique, tu es intubé."

La voix est douce, elle surpasse les autres sans doute parce qu'elle est tout près de moi. Elle s'adresse à moi directement.

"Ne bouge pas. On va enlever le tube, et tu pourras respirer."

C'est elle. C'est cette voix qui me parlait. Je la reconnais, celle qui me demandais de me réveiller. Les contours se précisent sans que je ne vois mieux. Je ne peux voir que de vagues traits d'un visage féminin qui se penche vers moi. Je la vois qui tire un tube, long morceau de plastique. Je le sens qui remonte à l'intérieur de moi, le long de mon œsophage. Je le sens à peine, ça ne me fait pas mal.

L'évangile selon Kurt. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant