L'évangile selon Kurt. [BxB]

Verset 11.

Partie 2/3 publiée aujourd'hui. Suite ce soir...

  Les paroles de Karl tournent en une douce mélodie dans ma tête. Je voudrais qu'il ait raison. Je voudrais pouvoir en être sûr. La journée est l'une de plus longues que j'ai connu. Je tourne en rond, il faut avouer que la drogue fait paraître le temps moins long.

Sous mes vêtements que je choisis avec soin, je passe un ensemble que j'aime beaucoup mais que je n'ai jamais mis. Je ne veux que du neuf pour et avec lui. De l'inédit. Je me sens comme sur un nuage et je me demande si c'est pareil pour tous les autres adolescents sur terre. Rien ne peut éteindre le brasier qui crépite au creux de mon ventre et me réchauffe. Rien ne peut me faire descendre de mon nuage. Même quand je me rends compte que le lit de Karole est vide depuis plusieurs jours. Même quand la voiture est en retard pur venir me chercher. Je ne veux croiser personne alors j'attends dans ma chambre vide. Il fait plus que nuit quand Pierre arrive pour moi. J'ai peur que ce ne soit Rustï quand je vois l'ombre arriver à ma porte, mais c'est bien Pierre qui me fait signe de le suivre rapidement.

Il dénote dans le paysage de la maison. On nous regarde partir, on nous dévisage. On croise Azel qui s'écarte en nous lançant un regard mauvais. Pierre dans son costume bleu nuit et sa chemise blanche, et moi, trop heureux de le suivre.

Le moteur ronronne quand il démarre la voiture, je me coule dans le siège confortable.

« Je te pris de m'excuser pour le retard, c'est ma faute. Nous avions des affaires à régler. »

Je le regarde conduire. Les phares balaient la route. Cette voiture semble être la sienne. Elle est belle et propre. Je regarde ses mains qui glissent sur le volant en cuir, ses ongles bien coupés, sa peau lisse et pâle. Ses cheveux bien coiffés qui encadrent un visage bien rasé. Je réalise comme il parle bien, ses mots bien choisis et ses phrases joliment tournées. Je n'ai le temps de vraiment y réfléchir, il se gare devant l'usine et ce n'est pas la seule voiture.

Il y a du bruit quand nous entrons dans le couloir, de la lumière et du monde quand nous arrivons dans le bureau de Ash. Je comprends que les « affaires à régler » ne le sont pas encore. Beaucoup de monde se tourne vers nous, les conversations se taisent à notre arrivée. Je me rapproche de Pierre face aux trop nombreuses paires d'yeux qui me fixent, Pierre lui semble prendre mon réflexe d'animal apeuré comme un compliment pour lui.

« Viens mon Ange. »

Au milieu du silence qui a prit place dans la pièce, sa voix s'élève dans mon cœur. Aussitôt chacun se détourne et baisse les yeux. Ash est assis sur le rebord de son bureau, une jambe pliée pendant dans le vide. Habillé tout de noir, il a cette expression dure et sérieuse, ses yeux plissés de concentration. C'est un chaos de document autour de lui, mais ce ne sont plus les mêmes que ce matin.

Je m'approche de lui avec une certaine appréhension quand il me regarde comme ça, de haut, au travers du rideau de cils sombres qui rendent son regard inquiétant. Mais il m'attrape, me rapproche de lui. Personne ne parle, personne ne réagit autour de nous quand il vient caresser ma joue de sa grande main, ma pommette, l'arrête de mon nez, mes lèvres.

« Tout va bien ? murmure-t-il. »

Je ne peux qu'hocher la tête, incapable de prononcer le moindre un mot. Le feu brûle plus fort quand il plonge ses yeux dans les miens, fouille mon regard pour être sûr. Il se rapproche un peu plus, se penche vers moi. Son nez effleure le mien.

« Tu vas rester un peu avec Pierre. J'arrive aussi vite que possible. »

A nouveau, je hoche la tête. Je crois que personne n'a entendu ce qu'il m'a dit car quand je recule, je percute la personne derrière moi. Il faut une seconde pour que les autres ne s'écartent pour me laisser passer. Pierre ne pose pas de questions, il me suit. Lui à l'air au courant de ce qu'il doit faire.