Les clandestins

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Tishido restait assis sur une chaise, près du lit de Seîto qui se tenait droit et fixait le vide. Kerta s'en était allée avec Mason, désormais le dédié se retrouvait seul avec son ami triste. Tentant d'éviter sa pitié, l'aveugle parlait de tout et de rien. Il répliqua avec un faux sourire :

" - Il n'y a pas que du négatif au fond... Je ne verrais plus le visage des crétins.
- Dis pas ça, renchérit le garçon.
- Oui tu as raison, ça peut me manquer aussi. "

Tishido baissa alors la tête et renifla afin de déboucher son nez.

" - Mais je ne vais pas me plaindre, c'était mon choix. Je l'ai fait et je dois l'assumer et vivre avec, c'est tout.
- Tu crois que tu te souviendras de nos têtes ?
- J'essaierai de ne pas les oublier et puis je n'aurais qu'à tracer les contours avec mes mains tu sais. "

L'ami hocha la tête mais se rappelait que son camarade ne le voyait pas, il répondit d'un faible : " ouais ". Un silence passa entre les deux jeunes hommes puis Seîto se racla la gorge avant de continuer la conversation :

" - Je suis content d'avoir pu te revoir une dernière fois. Toi, Kerta, Mason, Nancy, Nolan et même Cayen.
- Je comprends.
- Dis moi, j'aurais toujours le droit à tes cours de combat ? "

Tishido soupira :

" - Évidemment, surtout maintenant que tu ne vois plus rien. Je serais aussi sévère qu'avant.
- C'est ce que je veux justement. "

Il leva la main puis le dédié la frappa de la sienne en souriant.
Une question perdurait dans son esprit. Quel pouvoir Seîto avait failli perdre en retrouvant la vue ? Il ne pouvait plus voyager dans le temps, alors y avait-il autre chose qui s'était réveillée en lui ? Il l'espérait.

Cayen passa dans plusieurs ruelles, jonglant entre être lent, et être rapide. Cette guilde ne voulait visiblement pas de lui mais il comptait bien rester ! Il songea que s'il obtenait son tatouage, plus personne ne viendrait l'embêter. Il ferait officiellement partie de Dream House. Mais se faisant, il serait voué à obéir à Clèfe... et le garçon n'était pas encore en confiance avec lui. Il fronça les sourcils en repensant à Stellin et à ses paroles : " Il voyait grand, comme moi. " Que voulait-il dire par là ? Décidément, rien n'était comme il l'imaginait.
À force de réfléchir, l'élémentaliste finit par se retrouver dans un parc plutôt grand, coupé par un muret qui faisait la délimitation entre le village et le quartier du conseil. Une petite fille siégeait là, mais en le remarquant, elle retourna rapidement de l'autre côté. Il ne la connaissait pas pourtant. Après un soupir, il s'assit sur un banc et observa les maisons colorées qui lui rappelaient son village d'enfance. Le jeune mâge se remémora un instant sa mère mais fut déstabilisé par une enfant qui courait en face de lui.
Elle tourna afin de rentrer dans une ruelle mais glissa et tomba en tentant d'amortir sa chute avec ses mains. Une fois au sol, elle ferma les yeux sévèrement et se mit à perdre quelques larmes. Cayen resta à la regarder mais constata bien assez vite que personne n'allait la voir. Allait-elle pleurer encore longtemps ou se lever ?
Il se mordit la gencive en se disant que ce visage lui rappelait quelqu'un mais ne réussi pas à s'en souvenir. En voyant la fille ramper avec ses mains jusqu'à un mur pour s'assoir contre, il eut de la pitié. Le mâge se leva alors pour la rejoindre et s'agenouiller près d'elle. Celle-ci était brune avec une couette, des yeux marrons et plutôt petit. La petite semblait très jeune, elle tenta d'arrêter de pleurer et voulut se reculer mais se figea en regardant la casquette de celui qui lui faisait face. L'élémentaliste fronça les sourcils mais passa outre. Il prit une voix douce et ses yeux s'attendrirent légèrement :

" - Tu as mal ? "

Elle acquiesça timidement en le regardant dans les yeux.

" - Allez, montre-moi ça. "

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