Monocle

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Janvier 1979

Depuis que Thomas avait été envoyé quelque part - ou plutôt "quand" - dans le passé, Lily n'était plus que l'ombre d'elle même. Pâle et amaigrie, elle errait comme une âme en peine, passant chaque minute de chaque journée plongée dans de vieux grimoires à chercher une solution pour délivrer leur famille de la malédiction.

Malheureusement, le père de James était mort soudainement, et il n'avait pas pu en dire plus que ce que la lettre jointe à son testament contenait. James avait espéré trouver plus d'informations dans les papiers de son père, ou dans sa voûte à Gringotts, mais il était revenu les mains vides...

Un matin, la Gazette en main, Lily avait fondu brusquement en larmes. Inquiet, James l'avait consolée du mieux qu'il avait pu, lui jurant qu'il ne prendrait pas de repos tant qu'il n'aurait pas trouvé une solution.

Et effectivement, si l'ancien Maraudeur avait été un petit plaisantin bien peu sérieux à Poudlard, il avait pleinement pris conscience de ses devoirs envers sa future épouse et sa famille. Il était devenu un homme sérieux que même les facéties de Sirius ne le détournaient plus de son devoir.

Une fois calmée, Lily, toujours agrippée à la Gazette, finit par souffler.

- James... Nous devrions demander de l'aide.

- De l'aide ? A quoi tu penses ma chérie ?

La jolie rousse soupira, et James nota avec inquiétude combien ses yeux émeraude avaient l'air terne.

- Amélia Bones.

- La femme au monocle ?

Lily laissa échapper un gloussement qui lui rappela la jeune femme pleine de joie qu'elle avait été. Elle secoua ses longues mèches de feu en le bousculant gentiment.

- Précisément. Miss Bones vient d'être nommée au Magenmagot. Tu n'ignores pas qu'en plus des plaisanteries sur son habitude à porter un monocle, elle est réputée comme une sorcière juste et incorruptible.

Doucement, Lily reposa le journal où une photo d'Amélia et son monocle siégeant au Magenmagot faisait la une. James hocha doucement la tête.

- Tu es certaine ma chérie ? Les Bones ne font pas partie des alliés historiques des Potter...

- Oh James par pitié... Cesse un peu avec ces fichues traditions Sang-pur de garder les anciennes alliances ! Cette femme n'est certainement pas celle qui a lancé une malédiction à ta famille et je la pense suffisamment honnête pour réagir avec impartialité !

Cependant, James grimaça, pas vraiment convaincu. Bien qu'il ait épousé une née-moldue, il avait été élevé dans la plus pure tradition sang-pur, et il lui était difficile d'aller à l'encontre de son éducation. La plupart du temps, Lily se pliait à son avis, consciente qu'elle ne connaissait pas très bien le monde sorcier dans son ensemble.

Bien entendu, les Bones n'étaient pas une famille ennemie des Potter, et il pourrait faire confiance à la sorcière. Mais il répugnait à laisser sortir des secrets familiaux hors du cercle de ses alliés historiques.

Le jeune homme enlaça Lily et déposa un baiser sur son front.

- Et que penses-tu de Dumbledore ? Nous le connaissons bien après tout, puisqu'il a été notre Directeur à Poudlard, et il nous presse d'entrer dans son organisation pour combattre Voldemort...

Lily hésita.

- James... Je ne sais pas pourquoi mais... je n'ai pas envie de mêler Dumbledore à cette histoire.

- Pourquoi ? Nous sommes certains de son affiliation à la lumière après tout ? Il a prouvé qu'il était digne de confiance.

- Je le trouve bien trop manipulateur. Je n'aime pas sa façon de parler sans cesse du plus grand bien, comme s'il était prêt à tout pour arriver à ses fins.

James éclata de rire.

- Oh Lily ! Tu as regardé trop de films moldus toi !

Elle fronça les sourcils et le bouscula.

- Ne te moques pas de moi ! Je n'aime pas son insistance à vouloir nous faire entrer dans son ordre pour combattre à ses côtés ! Nous avions convenu à Poudlard de rester à l'écart de toute cette histoire, et voilà que tu es prêt à te lancer baguette en main derrière Dumbledore !

James eut l'air légèrement honteux.

- Ses convictions sont justes ma chérie. Et il m'a rappelé que tu étais en danger avec les idéaux de Voldemort. Je t'aime plus que tout, et je ne veux pas te perdre. Si je dois me battre pour ta sécurité, je le ferais sans la moindre hésitation.

Lily enlaça son fiancé et déposa un baiser sur ses lèvres, émue de sa déclaration. Finalement, elle abdiqua.

- J'ai confiance en toi mon chéri. Fais ce que tu penses pour le mieux.

Le soir même, Dumbledore arrivait chez eux, les yeux pétillants et un large sourire aux lèvres.

- Bonsoir mes enfants ! Qu'y a-t-il de si urgent pour que vous ayez besoin de mes services ?

James et Lily échangèrent un long regard, puis James soupira et tendit à Dumbledore la lettre qu'il avait reçu de son père et qui l'informait de la malédiction.

Le vieil homme en prit connaissance et les dévisagea l'un après l'autre d'un air grave.

- Je vois.

James réprima un mouvement d'humeur et lança un coup d'œil à sa fiancée.

- Vous pouvez comprendre que nos sommes inquiet quand à notre avenir, Professeur.

Le sorcier hocha lentement la tête en lissant sa barbe, semblant réfléchir. Puis il haussa les épaules.

- Vous avez encore le temps non ? Vous n'êtes pas sur le point d'avoir un enfant après tout !

Lily posa inconsciemment la main sur son ventre tandis que James se renfrognait.

- Nous ne voulons pas commencer notre vie de couple avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Vous savez que nous voulons nous marier, et il nous parait inconcevable de laisser juste cette situation en attente sans chercher à... défaire cette fichue malédiction.

Dumbledore eut un sourire qui se voulait rassurant.

- Je ne voulais rien insinuer de tel voyons. Je disais juste qu'il n'y avait pas lieu de s'affoler. Et les indications sont vagues, il me paraît hasardeux de s'inquiéter à ce point.

James attrapa la main de Lily et enlaça leurs doigts, espérant que sa volcanique fiancée n'explose pas de fureur. Il regrettait désormais d'avoir insisté pour parler à Dumbledore, se rendant compte qu'il ne prenait pas la situation au sérieux.

Face aux visages fermés et plein de colère des deux jeunes gens face à lui, Dumbledore eut un sourire qui se voulait plein de bonhomie.

- Allons, allons mes enfants. Je vais me renseigner et faire quelques recherches. Je vous tiendrais au courant, d'accord ?

Apparences trompeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant