Talent merveilleux

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1981 - 1990

D'aussi loin qu'il se souvienne, Harry Potter n'avait connu que le placard poussiéreux et minuscule qu'il occupait chez son oncle et sa tante.

Le jeune garçon savait qu'il avait été trouvé sur le pas de la porte le soir d'Halloween, alors qu'il était encore un bébé. Ses parents étaient morts, et il n'avait pas d'autre famille.

En grandissant, le petit garçon était devenu l'esclave des Dursley. Il devait faire toutes les tâches de la maison, se mettre au service de son cousin, de son oncle et de sa tante. Pourtant, il n'avait jamais cherché à protester, parce qu'il n'avait rien connu d'autre et il pensait que c'était normal.

A force d'entendre qu'il était anormal, qu'il était un monstre, il pensait sincèrement qu'il y avait un problème avec lui et qu'il méritait réellement tout ça.

Lorsqu'il avait commencé à aller à l'école - les Dursley avaient renâclé, mais les services sociaux ne leur avaient pas vraiment laissé le choix - il s'était vite rendu compte qu'il n'était pas si stupide que son oncle le prétendait, puisqu'il obtenait de meilleurs résultats que Dudley. Bien entendu, il avait été corrigé pour ça et il devait faire semblant d'être un cancre.

Il n'avait jamais connu de tendresse, de câlin. Il n'avait jamais eu de cadeau, ni d'anniversaire, ni de Noël. Il n'avait su sa date de naissance qu'en lisant le dossier d'inscription de l'école élémentaire. A Privet Drive, le 31 juillet était un jour tout ce qu'il y avait de plus normal.

De temps à autres, des choses étranges se produisaient dans son entourage. Harry faisait attention à ne jamais en parler, de peur de mettre en colère son oncle. Il ne tenait pas à passer plusieurs jours d'affilés enfermé dans son placard. Ces moments là, il avait toujours peur d'être oublié et de rester enfermé à jamais dans cet espace si réduit.

Malgré sa vie malheureuse, Harry ne perdait jamais espoir. Il n'arrivait pas à se résigner. Lorsqu'il était enfermé dans son placard, après avoir été malmené par son oncle pour une raison souvent fallacieuse, lorsque les larmes lui brûlaient les yeux, il regardait le misérable dessin qu'il avait fait quand il était encore petit, celui où il avait représenté grossièrement ses parents. Et il se disait qu'il avait été aimé, à un moment. Il sentait que ses parents l'avaient aimé plus que tout, et qu'ils n'avaient pas voulu l'abandonner.

Puis, il se disait qu'un jour quelqu'un viendrait le chercher. Quelqu'un se rendrait compte qu'il était dans cette maison, quelqu'un verrait les cicatrices, les blessures et bleus, son corps trop maigre, ses vêtements déchirés et déjà portés par Dudley.

Quoi que puisse dire ou faire son oncle, il ne perdait jamais cet espoir. Il n'en parlait jamais, il gardait cet espoir enfoui au plus profond de son cœur, se permettant d'y rêver de temps à autre. Pas trop souvent bien sûr. Juste quand il pensait qu'il ne pourrait pas en subir plus.

A la fin de l'école élémentaire, il avait pensé qu'il entrerait dans un collège quelconque. Il n'y avait jamais réfléchi, parce qu'il savait qu'il n'aurait pas vraiment le choix. Lorsque son oncle lui annonça qu'il serait envoyé à Saint-Brutus, une école pour délinquants, Harry eut l'impression que son fragile espoir était en train de se fracasser. Il ne survivrait jamais dans cette école de brutes. Et à voir le sourire satisfait de son oncle, ce dernier le savait aussi.

Le jour de ses onze ans, Harry fit comme à son habitude : il se souhaita silencieusement un joyeux anniversaire, dessinant une forme de gâteau dans la poussière de son placard surmonté d'une bougie grossière. Pris d'une inspiration subite, il souffla sur la bougie, tout doucement, les yeux fermés, et souhaita de toutes ses forces connaître un peu de bonheur. Juste un peu.

Épuisé, il se laissa aller au sommeil, sachant déjà que sa tante le réveillerait à l'aube pour préparer le petit déjeuner.

Le lendemain matin, aucun membre de sa famille ne lui prêta la moindre attention. Ils savaient tous que c'était le jour de son anniversaire, mais aucun d'entre eux ne fit le moindre geste envers lui. Lorsque son oncle le bouscula pour qu'il aille chercher le courrier, Harry ne protesta pas. Il se dépêcha d'obéir.

En ramassant le tas de lettres, il se souvint de la bougie poussiéreuse qu'il avait soufflé et de son vœu. Sur le dessus de la pile, il y avait une lettre à son nom, épaisse et magnifique. Rien que le papier utilisé devait coûter une fortune. Il ne recevait jamais de courrier, et pour la toute première fois de sa vie, quelqu'un se souciait soudain suffisamment de lui pour lui envoyer cette lettre.

Il remit d'un air rêveur le courrier à son oncle, mais son cousin remarqua rapidement qu'il avait gardé une enveloppe. Jaloux, il attira aussitôt l'attention sur Harry.

Sa lettre lui fut arrachée des mains, mais Harry ne put l'accepter. L'étincelle d'espoir qui s'était allumée dans son cœur brûlait suffisamment pour lui permettre de se dresser face à sa famille, et il tendit la main, prêt à se battre s'il le fallait. Avant qu'il ne fasse le moindre geste, l'enveloppe épaisse avait jailli de la main de son oncle pour arriver dans la sienne. Il avait juste pensé à la récupérer, et comme par magie... il la récupérait.

Sa famille étant trop choquée pour faire le moindre mouvement, il courut de toutes ses forces pour s'enfermer dans son placard et il ouvrit la fameuse lettre.

Il apprit qu'il avait été inscrit à Poudlard, un collège écossais où il apprendrait tout ce dont il aurait besoin. Mais plus important encore, il découvrit qu'il était un sorcier.

Incrédule, il ricana en secouant la tête.

- Si j'étais un sorcier et que j'avais un de ces talents merveilleux, je ne serais pas coincé ici et traité comme un domestique !

Cependant, en prononçant ces mots, il comprit qu'il se voilait la face. Il ne savait peut être pas précisément ce que c'était que d'être un sorcier, mais il était certain qu'il y avait des choses mystérieuses et inexplicables qui se produisaient quand il était dans les parages. Comme la fois où il s'était retrouvé sur le toit de l'école pour échapper à une correction de Dudley. Ou encore quelques instants plus tôt, quand sa lettre avait échappé à son oncle pour arriver dans sa main.

Harry soupira et décida que c'était une excellente nouvelle. Avec un petit sourire hésitant, il comprit qu'une nouvelle vie commençait pour lui.

Apparences trompeusesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant