Chapitre 10

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Noan Martys

Lundi 03 Septembre : 17h57

Plus tard dans la journée, Noan Martys sortit de ses quartiers. Probablement en direction des jardins, même lui n'en était pas sûr. Il avait juste besoin d'enfin respirer, d'être seul.

Son poing figé sur son projecteur d'hologrammes, pas plus gros qu'une pièce de monnaie. Il l'utiliserait pour écrire un message à sa femme s'il était assez courageux pour lui mentir ou alors... peut-être qu'il lui dirait la vérité.

Il stoppa brusquement son avancée en entendant des chuchotements provenant d'une des suites des porte-paroles. Il ne comprenait pas ce qui se disait mais la conversation semblait étouffée, une sorte de dispute qu'on tentait de rendre discrète, sans pour autant, y parvenir complètement.

En avançant un peu plus, il remarqua la porte entrouverte des appartements de Marianne. Sa vue était bouchée par le dos monstrueux du porte-parole de Lyon mais il parvint enfin à discerner quelques phrases lancées avec ce qu'il lui sembla un haut mépris :

« Tout le monde a remarqué que tu ne sais pas y faire en politique. Il n'y pas de honte à ça, après tout. Je pourrais t'aider si tu y mettais un peu du tien. »

Personne ne répondit.

Noan imaginait fort bien Marianne, face à cette bête : la tête levée, fébrile, les lèvres pincées, les mains tremblantes accrochées à chaque côté de l'encadrement de la porte comme pour lui barrer le passage.

« Avoue que tu n'attends que ça lui susurra Sohan en entrant dans sa suite. »

Un nouveau silence prit la place d'une réplique tranchante que Noan aurait trouvé parfaitement adaptée.

« Alors quoi ? Pourquoi tu ne veux pas m'embrasser puisqu'on n'a clairement pas envoyé tes lèvres ici pour parler ? »

Comme, évidemment, la pauvre créature n'osait répondre à un pareil affront, Noan s'extirpa de son immobilité pour intervenir. Mais en arrivant devant la porte, il découvrit, à sa plus grande stupeur, Marianne, sur la pointe des pieds, la bouche collée à celle l'immonde représentant lyonnais, une main sur sa nuque.

Le regard de la jeune fille se posa rapidement sur lui, et d'un geste habile, elle appuya sur le bouton d'ouverture et de fermeture de sa porte.

Noan se retrouva seul dans le boudoir, possédé par une vive colère, l'image des yeux suppliants de Marianne encore claire dans son esprit.

Nous sommes tous des traîtresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant