Chapitre 8

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Conseil Restreint

Lundi 03 Septembre : 10h07

« Vous ne nous aviez absolument pas prévenu de cette effervescence que vous alliez créer autour de nous ! Si je suis venu ici, c'est pour offrir à ma communauté une meilleure vie, en aucun cas pour être votre bête de foire ! »

Le conseil restreint écoutait d'une oreille distraite les protestations rageuses de Noan de Caen.

Louise Hoaro le coupa d'un geste de la main et demanda :

« Excusez-nous, mais aucun de nous ne comprend réellement ce que vous voulez. Si cette exposition publique ne vous va pas, rien ne vous empêche de partir. Si vous décidez de rester, en revanche, pourrions-nous aborder le sujet du jour, au lieu de déblatérer. »

Cette pique laissa Monsieur de Caen pantois. Il s'enfonça dans son dossier rembourré, ruminant.

« Bien, continua Alexandre Costes, le Premier Ministre, tout le monde ici sait que 80 % des terres cultivables de France appartiennent à Paris. Nous avons proposé d'en échanger certaines mais ce n'est certainement pas un acte de charité. Alors, si nous parlions un peu de ce que vous avez tous à offrir ? »

La stupéfaction de Noan le sortit de son silence.

« Il s'agit donc bien de cela ! Vendre sa femme et sa fille pour deux champs de blé. Pendant un instant, j'ai cru que nous allions étudier les superficies et le nombre d'habitants par communauté pour répartir les terres également.

- Nous nous sommes mal compris dans ce cas-là Monsieur. Vous pouvez, par contre, garder votre femme et votre fille. A priori elles apporteront peu de poids sur la balance. »

Ce coup bas eut l'effet escompté. La tasse de café qu'il tenait serré dans sa main gauche déborda sous ses tremblements et se déversa sur la table et sa veste.

Il mit un certain temps à se ressaisir. Il finit par se lever, rouge, et déclara :

« Je pense en avoir assez entendu pour aujourd'hui. Ce sera tout pour moi. »

Le Conseil le salua avec une politesse insolente qui faillit le faire hurler, et enfin, il se retira.

« Poursuivons ! s'exclama Tom Le Guen, qui, ici, a vraiment quelque chose à nous proposer ? Sinon, autant les exploiter nous-mêmes, ces terres comme depuis que nous avons gagné la guerre. »

Personne ne disait rien. Emma tournait sa bague nerveusement sans se préoccuper du gros diamant qui raclait contre la table. Marianne, légèrement alanguie dans sa robe rouge, mordillait distraitement ses lèvres d'un vermeil assorti à sa tenue.

Sohan fixait intensément les membres du Conseil restreint. Il lâcha finalement :

« Il paraît évident qu'aucun de nous ne dira rien si ce n'est au Président en personne. Il peut bien envoyer ses sous-fifres pour tenter de nous intimider, mais vous n'obtiendrez rien de moi, et je pense qu'il en est de même pour mes compagnes. »

Emma hocha vigoureusement la tête. Marianne resta sans réaction, tellement distante qu'ils se demandèrent si elle avait entendu.

Tom Le Guen demanda, avec une certaine perfidie :

« Et vous Mademoiselle ? On ne vous entend pas beaucoup, qu'en pensez-vous ? »

Marianne sembla enfin prêter une attention fébrile à l'assemblée. Elle plongea ses yeux dans ceux de son interlocuteur et répondit de sa voix cassée :

« Je... je suis d'accord avec Sohan. »

Cette réponse fit hausser quelques sourcils et esquisser certains sourires.

« Très bien, reprit Louise Hoaro, dans ce cas-là, je ne vois pas l'utilité de poursuivre cette réunion. Vous serez informés de la prochaine. »

Elle commençait déjà à rassembler ses affaires quand elle se stoppa net pour leur souffler :

« Et n'oubliez pas devous rendre aux événements et aux soirées mondaines, en ce moment, vous êtestrès en vues. »

Nous sommes tous des traîtresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant