Sohan Launay
Vendredi 14 Septembre : 11h22
Le Président parlait sur l'estrade dressée à la hâte.
Tapi dans le renfoncement d'un mur, uniquement isolés de l'assistance par un rideau fin, Sohan serrait Marianne dans ses bras. Ils s'étaient échappés du premier rang discrètement.
« Sohan ? »
Elle ne releva pas la tête de son épaule.
« J'ai peur. »
Les échos du discours présidentiel se perdaient sans qu'il ait besoin de les écouter pour savoir ce qu'il disait.
« De quoi ? Murmura-t-il.
- De moi... Comment tu fais toi ? »
Il aurait voulu qu'elle se redresse pour voir ses beaux yeux mais elle restait obstinément figée.
« Comment je fais quoi ?
- Comment tu fais pour ne pas avoir peur de moi ? »
Il caressa sa nuque de ses doigts étonnamment délicats, sa main se perdit sur les courbes de son cou, dans son dos et là, ses phalanges se glissèrent sur ses deux cicatrices sans qu'elle frissonne.
« Et toi ? Comment tu fais pour ne pas avoir peur de moi ? »
Elle ne le regardait toujours pas mais son souffle chaud frôla son cou et enveloppa tout son être.
Au loin, on entendait le Président tenter de retourner l'opinion publique en sacrifiant quelques terres précieuses au nom de la paix inter-communautés tout en citant, d'un air faussement inspiré, le précédent discours de Marianne ; son seul moyen d'obtenir un tant soit peu d'attention.
Marianne posa sa bouche sur la sienne. Ses yeux étaient fermés.
« Je t'aime Marianne. »
Une esquisse de son magnifique sourire se dessina sur son visage. Il l'embrassa de nouveau en espérant fixer ce sourire à son visage pour l'éternité.
Là-bas, l'élocution se terminait sous quelques applaudissements mous.
Marianne se détacha de lui et ouvrit ses beaux yeux.
Alors qu'elle allait disparaître derrière le pan de tissu, sa bouteille d'eau à la main, Sohan cria :
« Marianne ! »
Et Marianne se retourna vers lui.
« Va au bout de ce que tu as prévu. »
Même longtemps après qu'elle fut partie, il voyait encore son œil doré, gravé à jamais sur la toile de sa rétine.
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Nous sommes tous des traîtres
Science FictionElle est toujours là, au centre de tout. Mais qui peut prétendre la connaître ? Ou même la comprendre ? Certains la trouvent intimidante, d'autres pitoyable, manipulatrice, dérangée, triste... Peut-être n'est-elle rien de tout ça. Ou alors tout à la...
