EMMÉNAGEMENT

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L'emménagement des nouveaux voisins est arrivé du jour au lendemain. Je savais que la maison à côté de la mienne était à louer mais je ne pensais pas qu'une famille allait s'installer aussi rapidement. La précédente était très bruyante : des parents énergiques, un gamin de deux ans qui criait du matin au soir et une fillette de neuf ans à qui des baffes ne manqueraient pas. Elle était juste in-su-ppor-ta-ble. Ma mère s'entendait assez bien avec les parents et elle les avait invité un soir à dîner.

Ça remonte à trois mois.

La fillette, ayant peur du noir en sortant de chez elle, avait pris sa lampe torche et pour s'amuser, elle avait braqué la lumière dans mes yeux. Ça m'a d'abord ébloui puis mes yeux me brûlaient tellement que j'avais hurlé sur le coup tandis qu'une migraine me faisait titubait comme si j'avais trop bu. Ma mère s'était alors précipité vers moi, si effrayée qu'il se passe quelque chose de plus grave, et m'avait conduit dans la salle de bain pour m'enrouler une serviette mouillée autour des yeux. Comme la fillette avait fait une bêtise, son père l'avait sévèrement grondée et elle s'était mise à brailler si fort que ma migraine s'était amplifiée. Je ne voulais qu'une seule chose : que toute cette douleur s'arrête.

Le klaxon du camion me ramena à la réalité et je sus que je devais me dépêcher. Alors j'ai pris mes lunettes qui ressemblaient à celles de plongées mais anti-UV, je remontai bien mon col sur mon cou et enfilai un bonnet de montagne : c'est-à-dire qui protège la tête, entoure les yeux sur les côtés, recouvre le front et la bouche, descendant par-dessus mon col roulé. Même avec mes fenêtres réfrénant les UV du soleil, je devais faire très attention à ne pas avoir de lésions cutanées ou oculaires ; j'étais suffisamment fragile comme ça.

J'ai légèrement soulevé mon rideau opaque et regardé dehors. Il y avait encore le camion et des personnes qui faisaient des allers-retour dans leur nouvelle maison. Je repérais d'abord la mère, une charmante personne avec une crinière à la place des cheveux et des bras aussi musclés qu'un ours. Son mari paraissait tout fin à côté mais tout de même assez grand. Une petite fille (oh non, pas encore !) serrait son doudou dans ses bras et tirait les petits cartons dans la maison.

Et le fils.

Je mentirai si je ne disais pas que mon cœur avait fait un bond dès que je l'avais vu.

Il était sortit d'un bond du camion (et avait failli tomber d'abord). Il me paraissait tout petit, vraiment tout petit comme moi. Ses cheveux noirs cachaient un peu ses yeux.
Il portait sa salopette jaune en toile et un pull tacheté de couleurs vives ainsi qu'un genre de basket que je n'avais jamais vu.

Ce garçon était aussi bizarre au vu du style vestimentaire mais irrésistiblement attirant.

Mais je sais que si j'essayais de changer quelque chose à mon quotidien bien rangé en y ajoutant une étincelle, je me brûlerai les doigts.

𝗰𝗼𝘀𝗺𝗼𝗻𝗮𝘂𝘁 ₍ᐢ ̥ ̮ ̥ᐢ₎ ᵇⁱⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant